POUR/Linceul





Ulysse Chevalier - ULYSSE CHEVALIER pris en flagrant délit...

http://www.suaire-turin.com/ulysseyl.htm

ULYSSE CHEVALIER pris en flagrant délit...
Article paru dans la revue MNTV n° 37 janvier 2008
Outre le résultat du test au C14 (1988), le plaisir est toujours très grand, pour les détracteurs de l'ancienneté du Linceul(1) , de pouvoir s'appuyer aussi sur le chanoine Ulysse Chevalier, un homme d'Eglise de grande notoriété, qui avait " historiquement démontré ", au début du XX° s., que le Linceul de Turin était un faux datant du Moyen Age : selon Ulysse Chevalier, le mémoire de l'évêque de Troyes, Pierre d'Arcis, " montrait " comment son prédécesseur, l'évêque Henri de Poitiers, avait identifié le peintre et reçu ses aveux lors de l'arrivée du Linceul à Lirey au milieu du XIV°s : " Il découvrit la fraude et comment ce linge avait été peint avec art, et cela fut reconnu par l'artisan qui l'avait peint "(2) .
Par d'autres sources(3) , nous savions déjà que ce mémoire n'est pas crédible : il n'est en effet ni daté ni signé ; et les archives, n'ont conservé aucune trace de l'enquête supposée menée par Henri de Poitiers plus de trente ans avant l'établissement du mémoire de Pierre d'Arcis.
Dans un article très documenté, paru fin 2006(4) , le Professeur Emmanuel Poulle, historien et membre de l'Institut, a mis en évidence (hélas pour les détracteurs !) comment Ulysse Chevalier a triché dans son interprétation des documents concernant les années 1389 - 1390. Avec l'accord du Professeur E. Poulle, qui a par ailleurs étudié de près le " Codex Pray " (5) , nous avons établi ci-dessous une synthèse de cet article.
Les notes en italiques sont propres à la rédaction de MNTV.
1- Le personnage d' Ulysse Chevalier
Bien que né en région parisienne (en 1841), le chanoine Ulysse Chevalier a fait toute sa carrière dans le sud-est de la France, notamment à Romans où il fut professeur d'archéologie au grand séminaire (1881-1887), et à Lyon où il eut la chaire d'histoire ecclésiastique de la Faculté catholique (1887-1906). Grand érudit, il fut membre de plusieurs sociétés savantes (telles que la Société de l'histoire de France), et de plusieurs instances scientifiques internationales (telles que les académies royales de Belgique, de Turin, de Madrid, de Séville, ainsi que l'Académie pontificale d'archéologie). Docteur honoris causa de plusieurs universités européennes, ses compétences scientifiques furent également reconnues en France, où le ministère de l'Instruction Publique le nomma au Comité des travaux scientifiques et historiques. Consécration suprême, il fut élu à l'Académie des inscriptions et belles lettres (Institut de France), d'abord comme correspondant (en 1887), puis comme membre libre (en 1912).
Son œuvre importante est connue de tous les médiévistes et fait encore autorité, notamment son " Répertoire des sources historiques du Moyen Age ".
2- Les travaux d'Ulysse Chevalier sur le Linceul
Les recherches menées par Ulysse Chevalier ont fait essentiellement l'objet de deux grands articles (6) :
- " Etude critique sur l'origine du Saint Suaire de Lirey - Chambéry - Turin ", édité en 1900(7) où sont publiés 33 documents, désignés de A à Z puis de AA à GG ;
- " Autour des origines du Suaire de Lirey ", édité en 1903(8) , où sont publiés 17 documents désignés eux aussi de A à Q, ce qui peut entraîner des confusions ; pour les distinguer des précédents, un astérisque leur est ajouté ici. Quatre des documents déjà publiés en 1900 ont été republiés en 1903 (désignés par une lettre différente), en s'appuyant sur de nouveaux témoins manuscrits.
Ces deux articles (ou brochures (9) ) ne sont cependant pas absents de quelques erreurs, ce qui relativise la force démonstrative des documents reproduits.
Le deuxième article/brochure du chanoine Ulysse Chevalier, paru en 1903 (" Autour des origines du suaire de Lirey "), est accompagné cependant (comme d'ailleurs le premier), de persiflages, de diatribes et de notes perfides, les deux ouvrages ayant ainsi plus un aspect pamphlétaire qu'un aspect scientifique.
3- Les appuis d'Ulysse Chevalier
L'autorité reconnue de cet érudit, au surplus chanoine, donnait nécessairement une caution décisive à sa contestation d'une relique aussi prestigieuse que le Linceul de Turin(10) . Or, dans ses amis de l'Académie des inscriptions et belles lettres, Ulysse Chevalier comptait Léopold Delisle, avec lequel il entretint des relations de grande confiance pendant quarante ans (jusqu'à la mort de celui-ci, en 1910). La correspondance régulière échangée entre eux montre que Léopold Delisle s'est constamment attaché à obtenir des prix pour celui qu'il avait fait nommer correspondant de l'Académie ; et c'est naturellement sur sa recommandation que l'Académie rendit hommage à Ulysse Chevalier dés la sortie de son premier ouvrage contre l'authenticité du Linceul, en 1900. Soulignant " les vicissitudes de cette relique, depuis le jour où un doyen de la collégiale de Lirey la fit fabriquer frauduleusement dans un atelier champenois ", la campagne efficace menée par L. Delisle entraîna, pour l'" Etude critique ", l'attribution de la deuxième médaille du concours des Antiquités de la France pour l'année 1901.
Vint ensuite la fameuse séance de l'Académie des Sciences du 21 avril 1902, où Paul Vignon avait présenté, à la demande de l'académicien Yves Delage (biologiste et professeur à la Sorbonne), son étude de l'image du Linceul (11). Le secrétaire perpétuel, Marcellin Berthelot, refusa de faire figurer, au procès verbal, les commentaires qu'Yves Delage (pourtant agnostique notoire) fit à cette occasion(12) ; et, dans le compte-rendu de séance, il ne fut conservé, de la prestation de Paul Vignon, qu'une quinzaine de lignes anodines " Sur la formation d'images négatives par l'action de certaines vapeurs ", le mot même de Linceul étant volontairement occulté. Dans cette affaire, L. Delisle, qui avait déjà vanté, en 1900, l'apport d'Ulysse Chevalier sur " la critique avec laquelle doit être traitée l'histoire des reliques, et notamment celles de la Passion ", manifesta en permanence son hostilité à l'authenticité du Saint Suaire et entraîna toute l'Académie dans ce rejet. Quant à Ulysse Chevalier, il étala alors complaisamment les appuis qu'il avait reçus et fit usage d'un ton polémique d'une extrême violence vis-à-vis de ceux qui ne partageaient pas son avis, notamment le chartiste Arthur Loth(13) qui avait publié, dés 1900, " Le portrait de N.S. Jésus-Christ d'après le Saint Suaire de Turin ".
4- Les documents concernés
L'ensemble des 46 documents indiqués plus haut (33 de 1900 + 17 de 1903, moins les 4 édités deux fois) paraît important ; mais, pour ce qui nous concerne, il se réduit en fait à 15. En effet, 24 documents (17 de 1900 et 7 de 1903) concernent l'histoire de la relique après la fin du XIV° s, histoire qui n'est contestée par personne ; et 7 documents sont eux-mêmes des inventaires des autres documents.
Sur les 15 documents restants, on peut considérer trois groupes, dont le troisième seulement (8 documents) intéresse directement la polémique suscitée par l'évêque de Troyes, Pierre d'Arcis :
- le premier groupe comprend 5 documents datant du début de la deuxième moitié du XIV° s. (1349 à 1357) ; ces documents (édités par Ulysse Chevalier en 1903) portent sur la fondation de la collégiale de Lirey et sur les indulgences accordées aux visiteurs, sans qu'il soit fait aucune allusion à la présence du Linceul ;
- le deuxième groupe comporte seulement 2 bulles du pape d'Avignon, Clément VII : * la bulle du 28 juillet 1389 (pièce O de 1900 = H* de 1903)(14) , où il n'y a visiblement aucune hésitation quant à l'authenticité du Linceul : le pape Clément VII
entérine l'existence à Lirey d'une " figure ou représentation du Suaire du Seigneur " (figura seu representatio sudarii Domini), le génitif utilisé ici devant être compris comme désignant " l'image ou représentation que l'on voit sur le Suaire du Seigneur ". A cette première bulle, il faudrait rattacher l'indult(15) donné au début de 1389 par le légat du pape, Pierre de Thury, autorisant Geoffroy II de Charny (fils du fondateur de la collégiale) à poursuivre les ostensions du Linceul à Lirey, malgré les interdictions de l'évêque de Troyes : la bulle confirme en effet l'autorisation donnée par le légat pontifical, et impose un " perpetuum silentium " à l'évêque sur les interdictions qu'il avait prononcées précédemment (16) ;
* et la bulle du 1° juin 1390 (document L*) : elle concerne les indulgences accordées à ceux qui visiteront la collégiale et son Linceul, sans qu'il soit fait aucune allusion aux dispositions prises entre-temps pour tenir compte des contestations soulevées par l'évêque de Troyes ; elle met ainsi un terme définitif à la polémique intervenue entre ces deux dates ;
- le troisième groupe comprend les 8 documents liés directement aux vigoureuses actions de l'évêque de Troyes :
* le fameux mémoire de Pierre d'Arcis (document G). C'est dans ce document que le Linceul est dit " pannus…artificiose depictus " ("morceau de tissu ingénieusement peint "). La date de l'envoi en Avignon de l'original de ce mémoire n'est pas connue, mais pourrait se situer un peu avant décembre 1389 ; en effet, d'une part, Pierre d'Arcis y fait allusion à la bulle du 28 juillet 1389 ; et, d'autre part, les bulles du 6 janvier 1390 (ci-après) lui font manifestement suite, en reprenant (dans un premier temps seulement - cf. ci-dessous) des formulations typiques du mémoire ;
* 3 bulles du pape Clément VII, émises simultanément le 6 janvier 1390, complétant et corrigeant la bulle du 28 juillet 1389, pour tenir compte des observations du mémoire de l'évêque :
** la première interdit seulement à l'évêque Pierre d'Arcis de s'opposer (y compris par la force royale) aux ostensions du Linceul, du moment que les règles imposées en sont respectées ; mais elles n'y sont pas précisées ; ** la deuxième (17) (document K = J*) a une portée générale, en fixant notamment les fameuses règles à appliquer pour les ostensions (cf. ci-dessous) ;
** et la troisième est adressée aux officiaux (18) de Langres, Autun et Chalons ; elle leur précise également les règles à respecter dont ils doivent surveiller la bonne exécution pendant les ostensions ;
- et 4 textes sur les interventions des officiers du roi Charles VI, lesquelles se bornent à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin aux troubles à l'ordre public ; ces textes, dont le premier date d'août 1389, se réfèrent aux plaintes de l'évêque, en utilisant des termes que l'on retrouve dans le mémoire, tels que " pannus artificialiter depictus " (morceau de tissu peint de manière ingénieuse).
5- Les doutes sur la fiabilité du mémoire
Il est important de noter ici qu'avant 1389 aucun document ne parle du Linceul ni, par conséquent, de la polémique éventuellement engendrée à Lirey à partir de 1355 ; en particulier, aucun document n'a été émis sur ce sujet par l'évêque Henri de Poitiers jusqu'à sa mort, en 1370 (19) . L'éventuelle opposition initiale de ce dernier, trente quatre ans avant le mémoire de Pierre d'Arcis, ne repose donc que sur la confiance que l'on peut accorder à ce mémoire, qui n'est connu que par des copies, l'original faisant toujours défaut à ce jour (20). En outre, Pierre d'Arcis ne dit pas qu'il a lui-même retrouvé les témoins ou les actes officiels de la supposée enquête initiale, mais il rapporte seulement ce qu'aurait fait et dit Henri de Poitiers en 1355 ; quant au fameux faussaire, théoriquement identifié par son prédécesseur, Pierre d'Arcis n'en donne pas non plus le nom.
6- Les corrections apportées aux bulles de janvier 1390
Toute la crédibilité de la prise en compte, par le pape Clément VII, des contestations de Pierre d'Arcis, repose donc, finalement, sur les règles imposées lors des ostensions par le texte de la deuxième bulle papale du 6 janvier 1390 (document K = J*), règles rappelées dans la troisième bulle. Notons d'abord qu'aucun original des trois bulles n'a été conservé(21) . Or, le contenu des copies parvenues jusqu'à nous diverge très sensiblement. Ainsi, la copie de la troisième bulle (vers les juges ecclésiastiques), conservée à la Bibliothèque Nationale à Paris et utilisée par Ulysse Chevalier, ne reprend pas ces règles (paresse du copiste ?), tandis que la copie enregistrée dans les archives papales d'Avignon les rappelle.
Mais surtout, il existe deux versions de la deuxième bulle, pour ce qui concerne ces fameuses règles. Au début de cette bulle, le pape renouvelle encore le " perpetuum silentium " imposé à l'évêque et l'autorisation de poursuivre les ostensions, déjà donnée par son légat (ces deux dispositions figurant déjà dans la bulle du 28 juillet 1389).
Puis, selon la version utilisée en 1900 par Ulysse Chevalier (conservée à la Bibliothèque Nationale), le clergé doit s'abstenir de revêtir des habits de chœur et doit éviter les solennités habituelles dans les ostensions de reliques ; et toute ostension doit être accompagnée de l'annonce " que l'image ou représentation montrée n'est pas le vrai suaire du Christ et que ce n'en est qu'une peinture ou un tableau ".
Mais l'enregistrement de cette bulle dans les registres pontificaux, de même que celui de la troisième bulle (vers les officiaux), a subi de très importantes corrections qui en modifient profondément le sens (mots et phrases rayés, remplacés ou ajoutés), comme le montre explicitement la photo ci-jointe du feuillet concerné des registres d'Avignon (n° 261, folio 259). Ces corrections, contresignées par Jean de Naples, responsable de l'émission de la bulle, concernent justement les conditions à appliquer lors des ostensions ; elles ont été enregistrées le 28 mai 1390, et la date d'enregistrement de la version précédente (8 février 1390) a été rayée (la date d'émission du 6 janvier ayant été conservée dans les deux cas). Le texte de cette version définitive devient alors (à partir de " Nos igitur ") :
" Nous donc, sur les conditions dans lesquelles a lieu cette ostension, …voulons,.. . statuons et ordonnons…que, chaque fois que ladite figure ou représentation sera dorénavant montrée au peuple, le doyen et le chapitre susdits, ainsi que les autres personnes qui feront l'ostension de ladite figure ou représentation et celles qui y seront présentes ne fassent aucune des solennités qu'on a l'habitude de faire lors des ostensions de reliques, et qu'elles ne puissent à cet effet allumer ni torches ni cierges ni chandelles ni utiliser aucune sorte de luminaire ; et que celui qui fera l'ostension de la dite figure, au moment de la plus forte affluence, chaque fois du moins qu'on y fera un sermon, annonce publiquement au peuple et dise à haute et intelligible voix , toute fraude cessant, qu'on ne montre pas ladite figure ou représentation comme étant le vrai suaire de Notre Seigneur, mais en tant que figure ou représentation dudit suaire qu'on dit avoir été celui de Notre Seigneur ". En raison du balancement entre " ut " et " tanquam " (" quod figuram seu representationem predictam non ostendunt ut verum sudarium… sed tanquam figuram seu representationem dicti sudarii "), on pourrait même traduire : " qu'ils ne montrent pas ladite figure ou représentation parce qu'elle est le vrai linceul du Christ, mais à cause de la figure ou représentation que porte ce linceul qu'on dit avoir été celui du Christ ".
A noter que la troisième bulle du 6 janvier 1390 (vers les officiaux) a reçu exactement les mêmes corrections (visibles également sur la photo ci-jointe des registres d'Avignon - folio 259).
Comme on le voit, l'interdiction de revêtir des vêtements de chœur a disparu, et, surtout, la mention que c'est une peinture ou un tableau a également disparu, l'affirmation brutale " non est verum sudarium " étant elle-même supprimée. En outre, la mise en garde sur la nature ambiguë du Linceul n'est plus à faire qu'exceptionnellement, " les jours d'office avec un sermon ".
Dans le fond, sur un sujet aussi difficile, le pape a eu recours à la prudence habituelle de l'Eglise vis-à-vis des évènements exceptionnels, en vue " d'éviter tout risque d'erreur et d'idolâtrie " ; mais il a formellement récusé l'idée qu'il s'agisse d'une peinture, ne suivant donc pas du tout les conclusions de Pierre d'Arcis. Et, trois jours après l'enregistrement de cette version finale, il a mis un terme définitif à la polémique, par la bulle du 1° juin 1390 (cf. ci-dessus), en accordant de larges indulgences aux pèlerins de Lirey, et en soulignant la vénération dont la relique faisait l'objet (" figura seu representatio sudarii Domini …venerabiliter conservatur ") ; c'est donc un désaveu total de la position de Pierre d'Arcis.
7- La manipulation des textes
Ulysse Chevalier a eu entre les mains toutes les copies de la deuxième bulle du 6 janvier 1390 qui étaient conservées à la Bibliothèque Nationale ; parmi elles, une seule présentait la première version (ce n'est qu'une peinture ou un tableau)(22) ; c'est celle qu'il a privilégiée, dans son article de 1900 (document K), pour appuyer sa " démonstration " du faux moyenâgeux, malgré la teneur des autres copies.
Pour établir son article de 1903 (" Autour des origines …"), Ulysse Chevalier s'appuyait en principe sur l'enregistrement des bulles qu'il venait de découvrir dans les archives d'Avignon : en particulier le document J*, qui confirmait la modification profonde du sens de la première version de cette bulle ; mais aussi la bulle du 1° juin 1390 (document L*, dont il ne connaissait pas l'existence en 1900), qui renversait également son argumentation, en reprenant définitivement les termes de " figura seu representatio sudarii Domini " (image que l'on voit sur le suaire du Seigneur).
Mais, loin de faire amende honorable en publiant la version officielle et définitive de cette deuxième bulle (document J*), dûment authentifiée par son enregistrement avignonnais du 28 mai 1390 (Reg. Avign. 261, folio 259), il a volontairement trompé ses lecteurs : en effet, il a bien parlé de ce nouveau témoin, mais le texte qu'il a publié en 1903 (23) reste celui de sa version de 1900 (24), annoté seulement de ce qu'il a trouvé dans les archives d'Avignon pour cette même version (Reg. Avign. 261, folio 258), dont la date d'enregistrement du 8 février avait pourtant été officiellement rayée par le Pape ; il lui fut alors aisé de signaler discrètement qu'il s'agissait simplement de variantes (dont il ne précisait pas qu'elles intervenaient en remplacement de mots rayés), qui ne changeaient pas le sens du texte de sa première édition de 1900 ! Ce qui lui permettait de ne pas se déjuger et de maintenir la thèse de la peinture ! Par contre, pour la troisième bulle, il a signalé, mais discrètement aussi, que la version avignonnaise (document K*) comportait les " mêmes corrections " que pour la deuxième bulle, sans laisser entendre qu'il s'agissait en fait des corrections pourtant fondamentales mentionnées ci-dessus (document J*), qu'il s'est bien gardé de retranscrire.
Au total, Ulysse Chevalier n'a pas été du tout l'homme probe et critique qu'il disait être, son comportement malhonnêten'ayant pas été celui d'un historien digne de ce nom.
Texte établi pour MNTV par Pierre de Riedmatten
d'après un article d'Emmanuel Poulle, membre de l'Institut
1. cf. par exemple, l'article " Un acharné de la désinformation " - MNTV n° 36.
2 " Reperit fraudem et quomodo pannus ille artificialiter depictus fuerat et probatum fuit etiam per artificem qui illum depinxerat " - cf. Ulysse Chevalier : " Etude critique sur l'origine du Saint Suaire de Lirey-Chambéry-Turin ", p. 23.
3 cf. par exemple " Le Linceul et la recherche historique " - exposé de Yannick Essertel, professeur d'histoire à Lyon - MNTV n° 20. Lire également les articles de Don L. Fossati parus notamment en janvier 1985 dans " Studi cattolici ".
4 " Le Linceul de Turin victime d'Ulysse Chevalier " - E. Poulle - article paru dans la " Revue d'histoire de l'Eglise de France " - tome 92 - Ed. Brepols - décembre 2006.
5 Le Professeur E. Poulle a contribué à dater des environs de 1195 le codex Pray (examiné à Budapest par le Professeur Jérôme Lejeune) ; ce manuscrit permet d'affirmer désormais que le Linceul actuellement conservé à Turin était déjà vénéré à Constantinople à la fin du XII°s., donc bien avant la date la plus ancienne donnée par le C14 (1260-1390). Cette étude du Codex Pray a été notamment présentée par le Professeur E. Poulle, lors du IV° Symposium International sur le Linceul, organisé à Paris en avril 2002 par le CIELT (Centre International d'Etudes sur le Linceul de Turin) - cf. MNTV n° 26.
6 Ulysse Chevalier a écrit au total une vingtaine d'articles sur le Linceul, mais les autres n'apportent rien de plus au dossier.
7 dans le " Bulletin d'histoire et d'archéologie du diocèse de Valence ", t. 20 ; et chez Picard à Paris.
8 dans les " Mémoires de l'Académie des sciences, belles lettres et arts de Lyon ", 3° série, t. 7 ; et chez Picard à Paris.
9 Au début du XX° s., ces articles ont fait l'objet de " tirés à part " sous forme de petits livres ou brochures.
10 Rappelons en outre que le contexte du début du XX° s. était fortement anticlérical, voire anti-catholique.
11 Paul Vignon a alors émis l'hypothèse de la " vaporographie ", qui est restée en vigueur jusqu'à ce qu'on découvre (en 1978) qu'il n'y a pas d'image de l'autre coté du linge.
12 Quelques jours plus tard, Yves Delage écrivit à Charles Richet, directeur de " La Revue Scientifique ", lequel publia le texte intégral de sa communication (série 4 de 1902- vol. 17, pp. 683 à 687) ; cf. MNTV n°17.
13 Ulysse Chevalier n'était pas chartiste lui-même.
14 Ulysse Chevalier a commis une première erreur, dans sa brochure de 1900 (" Etude critique… "), en datant cette bulle du 6 janvier 1390, ce qui rend embrouillée et inexacte la chronologie des faits qu'il rapporte ; elle a été remise à la bonne date dans la brochure de 1903 (" Autour de l'origine… ").
15 Bien qu' on n'ait pas retrouvé le texte de cet indult, il est mentionné dans plusieurs documents postérieurs.
16 Certains auteurs ont imaginé qu'au-delà de la condamnation des interdictions de l'évêque, ce " silence perpétuel " pourrait avoir eu pour but de cacher le caractère " illégal " de la possession du Linceul par la famille de Charny, car, suite au siège de Constantinople en 1204, la constitution n° 65 du concile de Latran V (1214) avait interdit le trafic des reliques.
17 L'ordre suivi ici correspond à l'édition de 1903 : documents I* = N, puis J*= K, puis K*= P. Dans son livre " 101 questions sur le Saint Suaire " - Ed. St. Augustin - 2001, P.L. Baima Bollone les présente dans l'ordre de l'édition de 1900 : K, N, P - cf. MNTV n° 31.
18 juges ecclésiastiques délégués par l'évêque pour exercer son autorité dans les situations de contentieux.
19 Henri de Poitiers, évêque de Troyes au moment de l'arrivée du Linceul à Lirey ne semble avoir ordonné aucune enquête, alors que le mémoire précise qu'il aurait mené une enquête dès 1355 ; et Pierre d'Arcis lui-même, qui n'est que le troisième successeur d'Henri de Poitiers, ne semble pas non plus avoir ordonné d'enquête au début de son mandat, ayant été nommé en novembre 1378. Il est donc plutôt curieux que ce fameux mémoire n'ait été établi que onze ans après sa prise de fonctions, au moment où la nef de la cathédrale de Troyes venait justement de s'effondrer, faute de ressources pour effectuer les travaux nécessaires, comme l'a fait remarquer P.L. Baima Bolloné - cf. " 101 questions sur le Saint Suaire " - question 23 - Ed. St. Augustin - 2001.
20 La copie du mémoire utilisée par Ulysse Chevalier, qui n'est pas forcément identique à l'original, comprend elle-même des erreurs manifestes de retranscription.
21 Les originaux des deux autres bulles (juillet 1389 et juin 1390) n'ont pas non plus été conservés.
22 Il est probable que cette première version n'a jamais été expédiée par la chancellerie : le processus d'expédition a dû être bloqué au moment de l'envoi ( le " bullement "), mais le représentant de Pierre d'Arcis à la cour pontificale a pu avoir copie du projet et le lui transmettre.
23 cf. " Autour des origines du Suaire de Lirey " - p. 35.
24 cf. " Etude critique…. " - pp. 16-17.

hibou ecrit Cette petite Emma est autiste mais a une voix merveilleuse

Pour - *Mystification démasquée

http://www.crc-resurrection.org/880-la-datation-du-saint-suaire-au-carbone-14-la-fraude-demasquee.html

ENQUÊTE AU SUJET DE LA DATATION AU CARBONE 14 :
LA MYSTIFICATION DU BRITISH MUSEUM DÉMASQUÉE

En octobre 1981, les savants américains publiaient au symposium de New-London le résultat de leurs travaux : « Nous pouvons conclure pour l'heure que l'image du Suaire est celle de la forme humaine réelle d'un homme flagellé et crucifié. Elle n'est pas l'œuvre d'un artiste. Les taches de sang sont composées d'hémoglobine et donnent aussi un résultat positif au test de l'albumine. »
Or dès le lendemain de ce symposium, les administrateurs du British Museum autorisèrent le directeur de son laboratoire de recherche, le Docteur Tite, à agir comme superviseur d'un projet de datation du Saint Suaire par la méthode du carbone 14. À l'initiative de qui et dans quel but ? Mystère ! [...]

I. LES INDICES D'UNE FRAUDE PRÉMÉDITÉE

1. PROCÉDURE ET PROTOCOLE

Emplacement du prélèvement du 21 avril 1988 sur le Saint Suaire.
Emplacement du prélèvement du 21 avril 1988, laissant paraître la toile de Hollande sur laquelle le Saint Suaire fut « cousu à faux filet » en 1534 par les clarisses de Chambéry.
Une procédure fut d'abord soigneusement concertée entre les sept laboratoires désignés et l'Académie pontificale des sciences. [...]
Il faut toutefois remarquer que les Américains du STURP (Shroud of Turin Research Project), qui avaient mis, eux aussi, au point un projet de datation au carbone 14, étaient exclus, après bien des intrigues... [...]
Le “ Protocole de Turin  ne comptait pas moins de huit cents pages dactylographiées. Tout, absolument tout était prévu, depuis le prélèvement des échantillons sur le Saint Suaire, confié à Mme Mechtilde Flury-Lemberg, de l'Abegg-Stiftung (Berne), la personne au monde la plus qualifiée pour cette première opération délicate dont toute la suite dépendait ; jusqu'à la mise en œuvre des deux méthodes de datation (AMS et petits compteurs à gaz).
Or, ce protocole conclu sous l'égide du cardinal Ballestrero (29 sept. - 1er oct. 1986) n'a pas été respecté. [...]
1. Pourquoi Mechtilde Flury-Lemberg a été écartée au profit du signor Riggi, personnage sans qualification ?
2. Pourquoi trois laboratoires seulement (Oxford, Zürich et Tucson) ont finalement été retenus, employant une seule méthode, sous la coordination du seul British Museum, en la personne du seul Docteur Tite ?
3. Nul ne sait qui a évincé l'Académie pontificale des sciences, pas même le cardinal Ratzinger, à l'encontre des promesses qu'il affirme avoir reçues. Mais c'est de la main du cardinal Casaroli que l'ordre du Pape en parvint au cardinal Ballestrero, par une lettre datée du mois de mai 1987, transmise aux laboratoires le 10 octobre 1987.
Dès lors, il n'y a plus de protocole. Tite est libre de prendre toutes les initiatives, sans contrôle de qui que ce soit. Et c'est un adversaire idéologique de notre foi catholique, de ses dévotions et de ses “ reliques ”. [...]

2. UNE ORCHESTRATION MÉDIATIQUE

Selon la déontologie scientifique, le résultat de la datation aurait dû faire d'abord l'objet d'un compte rendu révisé par les pairs et publié dans une revue spécialisée, avant d'être annoncé au monde. Inverser cet ordre manifeste l'intention évidente d'abuser le public et tromper le monde entier. [...]
Dès le 27 juillet 1988, le britannique David Sox, ennemi juré de la Sainte Relique, avait programmé une émission à la BBC, qui avait pour titre Verdict on the Shroud, « Verdict sur le Suaire. » Mais il ne fut pas autorisé à divulguer ce qu'il savait déjà. Cependant, il prépara un livre au titre provocant : « Le suaire démasqué », annonçant en sous-titre la « découverte de la plus grande forgerie de tous les temps », achevé d'imprimer plus de deux semaines avant la publication officielle des résultats. La forgerie était encore à la forge !
Hall, le Dr Michael Tite au centre, Hedges
Hall, le Dr Michael Tite au centre, Hedges
Le vendredi 26 août, le quotidien londonien Evening Standardtitre : « Le Suaire de Turin est un faux. » La nouvelle se répand aussitôt comme une traînée de poudre. Gonella, le conseiller scientifique du cardinal Ballestrero, tente en vain de démentir. [...]
Vendredi 14 octobre 1988 : conférence de presse au British Museum. Tite trône, encadré par les physiciens du laboratoire d'Oxford, Edward Hall (directeur du Research laboratory for Archeology and History of Art de l'université d'Oxford) et Robert Hedges. Derrière eux, un tableau noir sur lequel sont écrites à la craie ces simples dates : 1260-1390, ponctuées d'un point d'exclamation, cri de victoire. Le soir de ce vendredi 14 octobre 1988, la datation « médiévale » du Saint Suaire était imposée à l'Église hors de toute justification théologique et pastorale, et au monde entier hors de tout contrôle par les « pairs » de la communauté scientifique, comme le résultat absolu et définitif de l'analyse par la méthode indiscutable et indiscutée du carbone 14. [...]

3. LA RÉCOMPENSE DES FAUSSAIRES

Hedges, Donahue, Hall, Damon, Wölfli
De gauche à droite : Hedges, Donahue, Hall, Damon, Wölfli dans des stalles de chanoines, à Turin, le 21 avril 1988.
Vendredi saint 24 mars 1989 : quarante-cinq hommes d'affaires et « riches amis » (sic) remettent au Pr Hall un million de livres pour prix de ses bons services, et notamment pour avoir « établi l'année dernière que le suaire de Turin est un faux médiéval ».
Le communiqué du Telegraph annonçait la nouvelle le lendemain, Samedi saint 25 mars, en précisant que cette somme assurerait la succession du « professeur de Turin » (sic) qui atteignait l'âge de la retraite. Ce dernier déclara que son intention était d'investir le “ prix du sang ” (Mt 27, 6) dans la création d'une nouvelle chaire de science archéologique à Oxford. En accord évident avec le groupe des généreux donateurs. Désintéressés, tous ! Au profit de quel savant digne d'un tel secours ? « La nouvelle chaire sera occupée par le Dr Tite, directeur du laboratoire de recherche du British Museum, qui a joué lui aussi un rôle prépondérant pour démasquer la fraude du suaire de Turin. » Tout commentaire serait superflu.

II. LA TRAQUE DES ENNEMIS DU SAINT-SUAIRE,
LEUR CRIME DÉCOUVERT

Dimanche 27 novembre 1988, à Paris, grande salle de la Mutualité : devant deux mille cinq cents auditeurs, l'abbé de Nantes ouvre l'enquête. Il écarte résolument les imaginaires « causes d'erreur » qui permettraient d'incriminer les machines : ni contamination du linge, ni prétendue modification de la composition isotopique de la cellulose n'expliqueront jamais que les résultats « tapent » pile dans le XIIIe-XIVesiècle trop attendu en lieu et place du Ier siècle de notre ère : le hasard a bon dos !
« Et donc, ce ne sont pas les appareils qui ont dicté leur loi aux hommes, ce sont les hommes, leurs “ maffias ” scientifiques et ecclésiastiques, qui ont manipulé et commandé les résultats des appareils de telle manière que leur “ challenge ” se termine à leur gloire et à la satisfaction générale. »
Et déjà, première preuve de ce complot ténébreux : l'intrusion frauduleuse d'un quatrième échantillon. Tite avait en effet demandé au physicien français Jacques Évin un échantillon de lin absolument semblable au Saint Suaire (cf. sa lettre du 12 février 1988). Celui-ci fut découpé sur la chape de saint Louis d'Anjou (mort en 1297), et apporté à Turin par l'expert en textiles Gabriel Vial. [...]
16 février 1989 : La revue Nature publie le seul compte rendu officiel, signé des vingt et un membres de la communauté scientifique internationale ayant participé à “ la datation au radiocarbone du Suaire de Turin ”, cinq mois après la publication des résultats urbi et orbi. Cet article n'a pas été soumis à la révision par les “ pairs ” ; Nature est d'ailleurs la seule revue de niveau scientifique produisant des articles sans ce contrôle. [...]

DEUX MALVERSATIONS DÉMASQUÉES

1. L'ANALYSE STATISTIQUE DES RÉSULTATS

Compte rendu publié par la revue Nature
Figure 1  du compte rendu publié par la revueNature, le 16 février 1989, récapitulant l'ensemble des résultats obtenus par les trois laboratoires (A, Arizona ; O, Oxford ; Z, Zurich) en âge radiocarbone, c'est-à-dire en nombre d'années avant l'époque présente (1950), âge conventionnel directement mesuré par le carbone 14, avant toute calibration et conversion en âge calendaire.
Chaque tiret figure la plage de résultats d'un laboratoire, identifié par son initiale.
L' " escadrille " numéro 1 est l'échantillon substitué au Saint Suaire : la bande de tissu de 1 × 7 cm.Elle seule présente curieusement un écartèlement certain entre les trois laboratoires. Discordance qui contraste avec les magnifiques concordances des trois autres résultats fournis par les échantillons 2, 3 et 4 ; le 4 étant la chape de saint Louis d'Anjou.
Nos traits rajoutés, à l'encre rouge, soulignent la (trop) exacte contemporanéité du prétendu suaire et de la chape de saint Louis d'Anjou, l'un et l'autre de l'âge exigé par Tite !
Il suffit d'examiner la “ figure 1 ” du rapport de Nature, illustration des résultats accessible à tous, et d'étudier l'analyse statistique consacrée à l'interprétation de ces résultats, qui occupe à elle seule près d'un tiers de l'article, pour constater que ce développement est sans valeur réelle. Le seul fait d'avoir substitué au test du X2, en raison de son résultat négatif, celui de Student, est une malhonnêteté. Le test du X2 (vérification nécessaire de l'homogénéité des résultats, tissu par tissu) posait problème au statisticien, à partir des données qui lui étaient fournies. Il appartenait donc au Dr Tite, coordinateur de l'ensemble de l'analyse, de soumettre ce problème aux physiciens, et de leur demander de faire des mesures complémentaires.
Au lieu de cela, que voyons-nous ? Non seulement le Dr Tite ne pose pas de question, mais il s'entend avec les statisticiennes du British Museum, Mesdames Leese et Bowman, pour appliquer un autre test qui, lui, ne soulèvera aucune difficulté et permettra toujours de définir un intervalle de dates, si large soit-il. Pourvu qu'on en oublie le X2 !
Car il est désormais établi que ce test du X2, incontournable, ne permet pas, dans l'état des données actuelles, d'homologuer les résultats fournis par les trois échantillons A 1, O 1 et Z 1 comme obéissant à une même et unique loi normale m1 ± σ1. Autrement dit, dans le cas présent, le test de Student n'a aucune signification et l'affirmation des auteurs du rapport de Nature, selon laquelle : « L'âge du suaire se situe entre 1260 et 1390 après Jésus-Christ, à 95 % de confiance au moins » est sans valeur scientifique. Ce prétendu degré de “ confiance ” est un faux... L'honnêteté scientifique eût dicté la déclaration suivante :
« Nous avons trouvé pour le Suaire un âge calendaire moyen de 1320 environ, mais les résultats obtenus ne nous permettent d'associer aucun degré de confiance à cette moyenne. » [...]
Différents tests statistiques prouvent que les mesures des tissus 2, 3, 4 sont homogènes.
Il est non moins prouvé que les mesures du tissu 1 sont hétérogènes, comme si les trois laboratoires avaient travaillé sur deux tissus différents, avec une probabilité de 97,5 %. Plusieurs explications sont possibles :
1. Les traitements chimiques différents ont altéré les mesures, mais seulement sur le tissu 1. Inacceptable.
2. Les appareils étaient calibrés de façon différente. Mais dans le seul traitement du tissu 1. Encore lui !
3. Sous l'appellation " tissu 1 ", les trois laboratoires ont en fait reçu et analysé des tissus différents.

2. LA TAILLE ET LE POIDS DES ÉCHANTILLONS : PREUVE ARITHMÉTIQUE
D'UNE SUBSTITUTION D'ÉCHANTILLONS

L'analyse statistique n'établit pas, à elle seule, la preuve de la fraude. Elle signale seulement une hétérogénéité des résultats que n'expliquent pas les aléas du comptage des particules ; elle invite donc à enquêter sur la provenance des échantillons. Le symposium de Paris en septembre 1989 allait mettre frère Bruno sur la piste d'une preuve arithmétique de substitution d'échantillons. La revue Nature affirmait, en effet, que chacun des trois laboratoires avait reçu un échantillon du Saint Suaire pesant environ 50 mg chacun, et qu'ils furent préparés à partir d'une bande d'environ 70 X 10 mm. Or les Italiens Testore et Riggi, qui ont effectué le prélèvement et la pesée des échantillons à Turin, affirmèrent au symposium de Paris que les trois échantillons remis aux laboratoires provenaient d'une bande de 81 x 16 mm partagée en deux ! [...]

SELON LA VERSION DES 21 SAVANTS QUI ONT SIGNÉ LE RAPPORT DE NATURE (FÉV. 1989) :

Échantillaux égaux - Saint-Suaire
Une bande de 70 X 10 mm, divisé en trois échantillons égaux pour chacun des laboratoires.
Pourquoi ce mensonge ? Tout simplement parce que les échantillons apportés par Tite pour être substitués à ceux du Saint Suaire avaient été préparés à partir d'une bande de 7 X 1 cm ! (Cette bande de tissu " sosie " du Saint Suaire du XIVe-XVe siècle a été prélevée dans la réserve du muséeVictoria and Albert, et faussement dénommée « Lin associé à une momie de Cléopâtre ».)

SELON LE RAPPORT DE FRANCO TESTORE (SYMPOSIUM DE PARIS, SEPT. 1989) :

Échantillons inégaux - Saint Suaire
Une bande de 81 X 16 mm pesant 300 mg, partagée en deux pièces de 144,9 mg et de 154,9 mg. Cette dernière fut partagée à son tour en 3 parties de 53,7 mg, 52,8 mg et 52 mg. (Pourquoi ne pas avoir partagé en trois la bande en entier ? Parce que les échantillons apportés par Tite pesaient environ 50 mg chacun. Il fallait absolument réduire la différence de quantité de tissu entre la bande de 81 X 16 mm et celle de 70 X 10 mm !)
Or, 52 + 52,8 + 53,7 font 158,5 mg, qui ne peuvent en aucun cas provenir d'une pièce de 154,9 mg ! Il y a là une anomalie inexplicable, sinon par une vérité tout simple : les poids annoncés par Testore ne sont compatibles qu'avec les dimensions de 70 X 10 mm, d'une bande toute entière employée à la confection de trois échantillons.
À force de pousser Testore et Riggi dans leurs retranchements, nous avons fini par découvrir que l'un des trois échantillons remis aux laboratoires était en deux morceaux !

RÉSUMONS LES FAITS :

Le 21 avril 1988, le signor Giovanni Riggi préleva sur le Saint Suaire un gros morceau de tissu de 500 mg, retrancha 200 mg sur les bords extérieurs, aboutit à une bande de tissu de 81 mm × 16 mm. En désespoir de cause, il la partagea en deux parties inégales ; l'une fournit trois échantillons qu'on dut égaliser avec un fragment d'appoint pris sur l'autre, créant ainsi un échantillon en deux morceaux (40 et 14 mg) !

APRÈS DEUX ANS D'ENQUÊTE,
L'AVEU D'UNE MYSTIFICATION SANS PRÉCÉDENT

Frère Bruno enquête aux États-Unis.
Dans le bureau de Douglas Donahue (au fond, genoux croisés). Jull montre, sur le cahier de laboratoire, la signature des « témoins » de l'ouverture des tubes, affirmant que les sceaux n'étaient pas brisés.
Fin octobre 1990, frère Bruno alla aux États-Unis pour interroger les chercheurs du laboratoire de Tucson sur la forme et le poids des échantillons du Saint-Suaire reçus par eux. L'entretien mit dans l'embarras les savants américains, car sous la pression des questions précises de frère Bruno, ils s'enferrèrent dans de si nombreuses contradictions et dénégations que finalement l'un d'entre eux, Douglas Donahue, fut contraint d'avouer au symposium international de New-York (2-3 mars 1991 à l'université de Columbia) que l'échantillon du Saint Suaire reçu par son laboratoire « était bien en deux morceaux : l'un pesait environ 14 mg, et l'autre 40 mg. Le poids total de l'échantillon du Suaire était d'environ 50 mg ».
Étrange addition ! Cette fois, il dit enfin la vérité mais elle est inconciliable avec les poids que nous avons relevés sur le cahier de laboratoire à Tucson le 26 octobre. Rien d'étonnant : car ces poids étaient ceux de l'échantillon n° 1 substitué, que l'on n'avait pas pensé à ramener à 40 mg. En effet, l'échantillon du Saint Suaire, lui, ne pèse plus que 40 mg, lorsqu'il est extrait du tube n° 3, étiqueté « momie de Cléopâtre ». Et le morceau de 14 mg ? Il est en réserve. [...]
Cette farce, sans équivalent dans l'histoire des sciences, sinon le fait de Piltdown, se trouve ainsi ramenée à son inconséquence aveuglante, si on la résume ainsi :
À Tucson, le tube du Saint Suaire présente l'échantillon sous scellés, à réception le dimanche 24 avril et... de nouveau sous scellés ! le lundi 25 avril ; mais alors le morceau de 14 mg a disparu... et le morceau de 40 mg, a pris du poids ! Il n'y a pas besoin d'aller plus loin pour accuser les gens de Tucson d'avoir substitué un tissu médiéval au lin du Saint Suaire. [...]
LA FRAUDE RECONSTITUÉE

A. LES ÉTAPES D'UN CRIME PARFAIT :

a) À Turin, lors des prélèvements, le 21 avril 1988, Tite introduisit :
Prélèvements_Saint-Suaire
  • dans le tube 1 : l'échantillon du Saint Suaire.
  • dans le tube 2 : un tissu médiéval (XIe-XIIe siècle).
  • dans le tube 3 : sous la fausse étiquette “ lin associé à la momie de Cléopâtre ”, un échantillon de tissu (XIVe siècle), “ sosie ” du Saint Suaire.
b) Dans chaque laboratoire, après interversion des échantillons 1 et 3 :
Prélèvements Saint-Suaire
  • le tube 1, étiqueté “ Suaire ”, contient le sosie du Saint Suaire, pseudo-momie.
  • le tube 2, sans changement.
  • le tube 3, étiqueté “ momie ”, contient le Saint Suaire.
c) Résultats à obtenir :
  • Échantillon 1 : XIVe siècle... c'est la pseudo-momie déclarée Saint Suaire !
  • Échantillon 2 : XIe-XIIe siècle... c'est le tissu médiéval.
  • Échantillon 3 : Ier siècle... c'est le Saint Suaire déclaré momie !

B. LA RÉALISATION, TROIS FOIS MODIFIÉE, A RENDU LE CRIME PATENT :

a) À Turin, le 21 avril 1988, le Dr Tite a introduit :
Prélèvements Saint-Suaire
  • dans le tube 1 : le Saint Suaire
  • dans le tube 2 : le tissu XIIe siècle
  • dans le tube 3 : un tissu de collection du XIVe-XVesiècle
  • dans une enveloppe 4 : les fils de la chape du XIIIe siècle
b) Dans les laboratoires, une datation trop tardive de l'échantillon 1, “ sosie ” du Saint Suaire, a nécessité la substitution de l'échantillon 4 à l'échantillon 1, à Zurich peut-être en partie, à Oxford certainement.
c) Résultats vulnérables : techniquement parfaits, statistiquement irrecevables :
Prélèvements Saint-Suaire
  • Échantillon 1 : l'analyse statistique accuse l'hétérogénéité de l'échantillonnage.
  • Échantillon 2 : comme prévu.
  • Échantillon 3 : le substitué n'est pas très cohérent avec les dates de la momie de Cléopâtre connues par l'histoire (IIe siècle), ni avec les dates obtenues en 1987 par la méthode classique du carbone 14, datation d'ailleurs non contrôlée : 110 av. - 75 ap. J.-C. En revanche, il tombe exactement dans les années attendues pour le Saint Suaire : 11- 64 ap. J.-C., soit 37 ± 27, achevant la preuve de l'ensevelissement du Saint Suaire sous l'étiquette d'une momie oubliée.
  • Échantillon 4 : admirablement daté par des machines performantes.
EXPLICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Chaque laboratoire reçut une portion du “ quatrième échantillon ” (la chape de saint Louis d'Anjou) apporté par Gabriel Vial et mis par lui de force dans les mains de Tite qui, n'ayant pu l'obtenir à temps et en secret, n'en voulait plus. Il lui fallut pourtant en faire trois parts, et les remettre à chacun dans de petites enveloppes brunes.
Il était convenu que les laboratoires travailleraient sans se concerter. Mais ils avaient un " coordinateur ", unique et souverain maître du jeu, Mr Tite ! Par son intermédiaire, la concertation serait assurée et suivie...
C'est Arizona qui joua le premier. De retour à Tucson, Douglas Donahue et Paul Damon se retrouvent, sans témoins, le dimanche 24 avril au laboratoire. Ils ouvrent les tubes 1 et 3, et procèdent à la substitution convenue : ils extraient le Saint Suaire, en deux morceaux, du tube 1, prennent une photo souvenir (ci-bas), introduisent, à la place du Saint Suaire, le tissu extrait du tube 3 dénommé " momie de Cléopâtre ". La substitution est facile ; c'est un simple échange. Le gros morceau du Saint Suaire, celui de 40 mg, prend place dans le tube 3, et le petit de 14 mg est gardé en réserve.
Ils remettent les scellés. À partir de ce moment, si tout s'était déroulé normalement, la fraude serait demeurée indécelable. Mais les chiffres ont parlé. Que dis-je ? Ils ont crié la vérité.
Et d'abord, ils ont publié haut et fort la date du Saint Suaire ! En effet, Tite avait fait dater en 1987, par la méthode classique du Carbone 14, un petit tas de chiffons appartenant à la momie d'une certaine Cléopâtre, morte à l'âge de onze ans sous Adrien (117-138 ap. J.-C.), exposée aux Antiquités égyptiennes du British Museum : 110 av. - 75 ap. J.-C. Or, les résultats de 1988 donnent 11- 64 après ! Une seule explication : sous l'étiquette " momie de Cléopâtre " se cache le Saint Suaire de Jésus-Christ, acheté neuf à Jérusalem le 3 avril 30.
Willy Wölfli, directeur du laboratoire de Zurich.
Willy Wölfli, directeur du laboratoire de Zurich, devant les trois tubes contenant les échantillons Z 1, Z 2 et Z 3. L'enveloppe, à gauche, contient le quatrième, clandestin.
Et le tissu n° 1 ? Du vendredi 6 mai au mercredi 8 juin 1988, le laboratoire d'Arizona fit ses analyses et envoya aussitôt les résultats à Tite. Ils aboutissaient, pour l'échantillon n° 1, à deux plages calendaires, dont l'une, 1359-1378, à 68 % de confiance, était vraiment trop moderne pour le " Saint Suaire " : il y avait de quoi prévenir le monde entier que cet échantillon n° 1, malgré son étiquette, n'était pas du Saint Suaire, puisque celui-ci fut exposé et vénéré à Lirey à partir de 1350 !
C'est dire dans quel embarras ces résultats plongèrent l'honorable Dr Tite. [...]
Pour vieillir le substitué mal daté par l'“ évidence historique ”, Teddy Hall (et peut-être Willy Wölfli en partie) s'est servi des fils de l'échantillon 4, cette précieuse, vraiment providentielle chape de saint Louis d'Anjou, dont les mesures effectuées à Tucson concordaient avec les dates historiques du saint, mort à vingt-trois ans (1296-1297). La chape a un âge coïncidant parfaitement avec celui qui a été attribué au Saint Suaire ! [...]

TRIPLE SUBSTITUTION !

1° Le « Lin associé à une momie de Cléopâtre » est remplacé par un tissu " sosie " du Saint Suaire prélevée dans la réserve du musée Victoria and Albert.
2° Ce tissu sosie du Saint Suaire est interchangé avec l'échantillon du Saint Suaire. Mais le tissu sosie du Saint Suaire est trop moderne, selon les premiers résultats ! 
3° Il sera donc remplacé par la chape de Saint Louis d'Anjou, à Zurich peut-être en partie, à Oxford certainement. D'où les résultats hétérogènes pour l'échantillon 1, en particulier celui d'Oxford qui correspond étrangement à celui de la chape de St Louis.
Détail d'une photo-souvenir (!) prise au laboratoire de Tucson
Détail d'une " photo-souvenir " (!) prise au laboratoire de Tucson (Arizona) le dimanche 24 avril 1988, que le Pr Donahue nous a envoyée le 3 janvier 1991. Notre explication :
• Le sceau de l'archevêque de Turin, à la cire rouge. Il n'a pas été brisé et sera remis en place après la substitution. De telle sorte que le lendemain lundi, pour l'ouverture officielle du tube, Damon et Donahue, Jull et Toolin attesteront qu'il est intact.
• Le tube d'acier marqué " A 1 ", de l'initiale du laboratoire (Arizona) et du numéro de l'échantillon que Tite y introduisit le 21 avril à Turin en présence du cardinal Ballestrero.
• Le papier d'aluminium qui enveloppait l'échantillon.
• L'échantillon du Saint Suaire. Il est en deux pièces. Le gros morceau pèse 40 mg. Le petit 14 mg.
Damon et Donahue vont mettre au secret le petit, et introduire le gros dans le tube marqué " A 3 ", après avoir préalablement extrait de ce tube n° 3 l'échantillon officiellement dénommé « Lin associé à une momie de Cléopâtre ». En réalité : Lin provenant de la collection Bock du musée Victoria and Albert (XIVe-XVe siècle), qui va prendre place dans le tube " A 1 ". Malheureusement pour les fraudeurs, ce passage nocturne d'un échantillon en deux pièces à un échantillon en une seule pièce est un fait avéré qui dénonce le crime, malgré tous les efforts déployés pour le dissimuler.
Cette implacable démonstration et les faits qui l'étayent ne seront jamais réfutés. Entre temps, les trois laboratoires, l'honorable Tite, l'Éminence Ballestrero et les Italiens ont poussé plus loin leur petite recherche personnelle, et tous savent que le Saint Suaire, à tous les coups, “ tape ” le 11-64 fatidique. Entre 11 et 64, l'année de la mort du Christ : 30 ou 33, sont des plus probables.

III. DERNIER ATTENTAT

Incendie criminiel à Turin
Alors, il ne restait plus aux ennemis du Saint-Suaire qu'une solution : le faire disparaître. Qu'on n'en parle plus, et puis qu'il flambe ! C'est la bonne solution, pour la paix du monde.
Cette solution finale sera mise en œuvre dans la nuit du 11 au 12 avril 1997 par l'incendie de la Sainte Chapelle où reposait la Relique. Ce nouveau crime échouera providentiellement grâce au courage des pompiers italiens. Vitorio Messori historiographe du Pape, n'a aucun doute : « Croyez-moi, quelqu'un voulait brûler le Saint-Suaire. Je n'exclus pas un complot international, et mes soupçons vont aux cercles maçonniques et aux intégristes islamistes. » Laissons de côté Ben Ladden et les islamistes, ils ont certainement d'autres chats à fouetter. Mais à qui profite le crime ? À ceux dont la fraude est désormais dévoilée... ces forces occultes, cette franc-maçonnerie, qui entravait à la fin du siècle dernier l'œuvre de saint Jean-Bosco, à Turin même, et qui est toujours acharnée contre tout ce qui est catholique...
Pompiers sauvant le Saint Suaire des flammes à Turin
L'abbé de Nantes concluait ainsi :
« La relique a été sauvé par son peuple fidèle. Miracle ! Du Suaire aujourd'hui, comme de l'Église demain, ressuscitant, comme Jésus au matin de Pâques. La divine relique a été sauvée pour faire resplendir en ces lieux même l'infinie miséricorde de notre Sauveur et de sa Divine Mère. Faisons connaître cette Bonne Nouvelle aux âmes de bonne volonté : Jésus est ressuscité ! Des cendres son linceul est sauvé ! Adorons-le, c'est le Seigneur ! »

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