NEUTRE/Linceul



Controverse/Perrier/Blanrue - Interwiew

 

http://www.enquete-debat.fr/archives/brice-perrier-le-suaire-est-lobjet-le-plus-mal-etudie-au-monde


Brice Perrier : “Le Suaire est l’objet le plus mal étudié au monde”

26 juin 2011, 0:20 Auteur : Jean 50 commentaires
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Brice Perrier est journaliste indépendant, il a travaillé pour le magazine Technikart, aujourd’hui pour le magazine GQ, il a été réalisateur pour l’émission de France 3 Strip Tease, et il est également le créateur d’un journal en Savoie, La voix des Allobroges. Il publie un livre intitulé « Qui a peur du Saint Suaire ? », aux éditions Florent Massot, à propos du fameux linceul qui aurait selon certains hébergé le corps du Christ avant sa résurrection.
Il s’agit du premier livre sur le sujet écrit par un journaliste, alors qu’environ 1200 ouvrages ont déjà été publiés ! Ce livre, d’une qualité rare, factuel, éclectique, permet de se faire réellement son opinion, à partir de toutes les thèses existantes, et brosse l’histoire du Suaire sous les angles scientifiques, idéologiques, religieux et historiques. Passionnant, tout simplement.
Voici un premier extrait, sur l’historien Paul-Eric Blanrue, spécialiste du Suaire et auteur de 2 livres sur le sujet :






Brice Perrier sur le Saint Suaire et Paul-Eric... par enquete-debat

hibou ecrit Cette petite Emma est autiste mais a une voix merveilleuse

Zetetique - Miracle ou imposture ?



Miracle ou imposture ? L’histoire interdite du « suaire » de Turin

Paul-Eric Blanrue. Éditions Golias, 1999, 270 pages.

Note de lecture d’Igor Ziegler - SPS n° 241, mars 2000
Ou le monde magique des faussaires de faux suaires...
L’histoire commence il y a fort longtemps lorsqu’une petite église collégiale de la région de Troyes décida, dans le cadre d’un plan marketing savamment élaboré, d’attirer massivement les fidèles. Comme l’époque montrait un goût particulier pour les reliques, il fut décidé de faire créer, sur une pièce de lin, une image du corps du Christ telle qu’il aurait pu apparaître au sépulcre.
Cette étoffe fut dans un premier temps exposée en tant que « représentation » mais rapidement les chanoines laissèrent se répandre l’idée qu’il s’agissait du vrai linceul du Christ.
L’archevêque de Troyes intervint dans cette affaire pour que la supercherie ne perdure pas. Il fit appel au roi de France qui tenta, sans succès, de faire saisir l’étoffe. Puis un rapport fut envoyé au pape pour dénoncer ce qui devenait peu à peu une véritable escroquerie. Dans une bulle assez peu véhémente, Clément VII interdit tout de même que l’on introduise la moindre ambiguïté quant à l’origine artistique de l’œuvre.
Ce premier acte se déroulait dans la seconde moitié du XIVe siècle. La pièce de tissu aurait alors dû être rangée au rang de « peinture figurative gothique ». Mais l’épopée de ce qui allait devenir le « suaire » de Turin n’avait pas encore véritablement commencé. Elle devait durer, comme nous le savons, encore plus de 600 ans et nous est joliment comptée par Paul-Eric Blanrue dans son livre Miracle ou imposture ? L’histoire interdite du « suaire » de Turin.
Abondamment documenté, l’ouvrage reprend dans le détail et fait évidemment rarissime pour ce qui concerne les textes sur le sujet - sans concession à la vérité, tous les éléments d’analyse technique et historique relatifs au « saint suaire ».
Le lecteur non hostile à cette étude rationnelle du « linceul » ressortira incollable sur le sujet. Loin des salmigondis extravagants des sindonologues (appellation dont se parent ceux qui étudient le « suaire » pour en démontrer l’authenticité), il pourra expliquer (à ceux qui voudront bien l’écouter) à l’aide de quelles techniques il fut probablement réalisé, comment il fut volé, comment d’une simple icône il est devenu « le linceul original », quel a été son parcours, comment le XXe siècle (grâce, en particulier, aux photos de Secondo Pia) l’a en quelque sorte ressuscité, pourquoi il rappelle partiellement les négatifs photo, comment l’Église a contourné la datation au carbone 14 de 1988 (datation fatale) pour en faire désormais un « objet impossible » etc.
Paul-Eric Blanrue revient aussi sur quelques erreurs de proportions qui semblent grossières : l’avant-bras gauche de même que les phalanges de la main gauche sont beaucoup trop longs ; de même, l’un des pieds est peint « à plat » ce qui implique que la jambe devrait être pliée, or elle ne l’est pas. Ces fautes sont troublantes en regard du soin apporté par l’artiste à la réalisation picturale (soin reconnu par tous y compris par l’archevêque de Troyes en 1389).
Blanrue indique que, selon lui, le dessin du « linceul » est issu de l’empreinte d’un bas-relief (certains scientifiques qui ont étudié de près le tissu penchent pour une peinture très diluée qui expliquerait par ailleurs l’absence de trace de pinceau). Est-il possible que les erreurs de proportions ou de position de l’image aient été tout d’abord faites sur une sculpture (où elle auraient à mon sens été plus voyantes) avant d’être reportées sur la toile ?
Cette question relève évidemment de la « finition » car devant l’écrasante démonstration de Paul-Eric Blanrue on réalise à quel point la foi des sindonologues soulève des montagnes d’aberrations. Ici, nous rappellerons avec l’auteur qu’une approche critique de cet objet ne constitue en rien un dénigrement de l’Église catholique ; pour cause, ce sont dans un premier temps les autorités catholiques qui ont dénoncé l’imposture.
En paraphrasant le professeur Hall du laboratoire d’Oxford, nous dirons qu’après la lecture de l’ouvrage de Paul-Eric Blanrue, ceux qui veulent encore croire à l’authenticité du « Suaire » le peuvent - mais qu’ils débattent avec ceux qui sont convaincus qu’il n’y a jamais eu d’emplois fictifs à la mairie de Paris, à la MNEF ou au conseil général de l’Essonne.
Donc précipitez-vous tel linceul homme sur cet ouvrage sans vous demander à quoi ça suaire !


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Zetetique - Humour zététique

http://www.zetetique.ldh.org/humour/suaire.html

Humour zététique : Les inscriptions secrètes secrètes du "suaire" de Turin

par Augustin Vidovic, du Cercle Zététique d'Île-de-France
Toute cette histoire commença au 14ème siècle, lorsqu'un artiste facétieux se dit que ce serait une bonne blague pour les générations futures que de frotter un drap de lin sur un bas relief avec de l'ocre rouge. Il se dit que, six siècles plus tard, il se trouverait bien quelques illuminés pour y voir, au choix, le Père Noël, Mickey, Elvis Presley, ou même Jésus...
La tete a Toto

Le succès est phénoménal, au point qu'il arrive à sauver l'Eglise catholique de la banqueroute par le "suaire-business" (ostensions, conférences, émissions télévisées, produits dérivés, etc.) qu'il génère...
Mais ce n'est pas tout ! Emportés par l'enthousiasme d'une affaire aussi juteuse, certains "chercheurs éminents" vont même aller plus loin, et affirmeront voir, dans les détails les plus obscurs de l'oeuvre, des pièces de monnaie, voire des inscriptions qui, selon eux, dateraient de quatorze bons siècles avant le début de la blague !
Les fameuses inscriptions secretes

Mais indépendamment du fait qu'ils regardaient la photo à l'envers, ces éminents chercheurs sont passés à côté du vrai message secret, celui qui révèle tout sur cette affaire !
C'est pour cela que dans notre propre laboratoire, nous avons développé de nouveaux outils informatiques pour éliminer à coup sûr tout effet subjectif. Les dizaines d'heures de calcul effectuées par notre batterie d'ordinateurs ont donné le résultat suivant, stupéfiant de netteté :
Les vraies inscriptions secretes

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Zetetique - Arte et le Suaire


Mis en ligne le 2 mai 2010
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Comment Arte s’est pris les pieds dans le « Suaire » de Turin…

par Vincent Laget
Le « Suaire » de Turin est à l’évidence un objet de passion et de débats vifs et animés. Il faut bien reconnaître qu’il y a de quoi : il contient curieusement l’image d’un homme qui présente toutes les caractéristiques de la Passion. Il a donc naturellement été considéré comme l’authentique linceul de Jésus-Christ. Pas moins.
Essentiellement, deux événements majeurs ont marqué les esprits et viennent à l’appui de l’authenticité du « Suaire ». Tout d’abord, une photographie réalisée par Secondo Pia en 1898. Le négatif révèlerait des détails que l’image ne montrerait pas ! Le « Suaire » serait donc un « négatif » et comme il est apparu bien avant l’invention de la photographie, cela « prouverait » son authenticité. Ensuite, à la fin des années 70, après une campagne d’étude sur ce linge, un groupe de scientifiques regroupés dans le Shroud of Turin Research Project (STURP) conclut que l’image ne peut pas avoir été faite de main d’homme.
Néanmoins, en 1988, l’Église finit par autoriser une datation au carbone 14. Le verdict est sans appel : le « Suaire » de Turin a été réalisé à partir d’un tissu datant du XIVe siècle. Ce n’est rien d’autre qu’une mystification !
On aurait pu penser que l’affaire en serait restée là, mais cela aurait été sans compter sur ceux qui restent persuadés, malgré le résultat de la radiodatation, de l’authenticité du « Suaire » … et sans compter sur Artequi a diffusé, sur le sujet, un reportage1 plus comparable à de la propagande obscurantiste qu’à un documentaire averti, tel qu’on l’attend de la part de cette chaîne publique dite culturelle.

Une affaire qui devrait être classée depuis 1988

Pour qui s’inscrit dans une recherche objective sur la question de l’authenticité du « Suaire » de Turin, la seule datation du linge représente un critère de vérité imparable, quoique partiel. En effet, deux cas de figure peuvent se présenter :
- le procédé de datation donne une date de fabrication du tissu antérieure à la vie de Jésus-Christ. Dans ce cas, la question de l’authenticité reste ouverte. Le « Suaire » pourrait être ou non authentique. Il faut poursuivre la recherche de vérité.
- le procédé de datation donne une date postérieure à la vie de Jésus-Christ. Après vérification que la date obtenue est bien située hors marges d’erreur du procédé de datation, la personne conclura que la question de l’authenticité est réglée. Ce « Suaire » est une mystification puisqu’il a été créé après le moment où il aurait dû commencer à exister.
Il est essentiel d’observer que, dans le cas d’une démarche objective de recherche de la vérité, c’est bien le résultat qui compte et permet de clore ou non la question de l’authenticité. Ce n’est en aucun cas ce que pense la personne a priori sur le sujet.
Le comportement d’une personne convaincue de l’authenticité du « Suaire » est totalement différent. En effet, à l’opposé de la démarche scientifique, et à l’image des campagnes créationnistes, il part de la conclusion à laquelle il souhaite parvenir, en retenant tout ce qui va dans ce sens et en écartant toute contradiction. Pour cette personne, il n’y a pas à douter : c’est bien le « Suaire de Jésus-Christ », et la datation ne peut que confirmer ce préjugé. Si le résultat le dément, cela signifie obligatoirement que le processus de datation est défaillant, et en aucun cas cela ne peut signifier pour cette personne qu’elle doit remettre en question sa croyance. Elle mettra en cause les conditions dans lesquelles s’est effectuée la datation, si ce n’est pas le procédé de datation lui-même.

Des remises en cause amusantes…

Rappelons succinctement le principe de la datation au carbone 14. Le carbone, à l’état naturel, se présente sous la forme d’un mélange de 3 isotopes : le carbone 12, le carbone 13 et le carbone 14. Les carbones 12 et 13 sont stables dans le temps. Ce n’est pas le cas du C14, qui lui est radioactif : à terme, le C14 deviendra de l’azote. Or le rapport entre le C12 et le C14 est maintenu constant dans les organismes, tant qu’ils sont en vie : cela provient des divers échanges de carbone que font ces êtres avec l’environnement, où ce rapport est également constant. Lorsque les organismes meurent, les échanges cessent, et le carbone 14 va disparaître peu à peu. Ainsi, en mesurant le rapport C12/C14 d’un échantillon donné à un instant T, et connaissant la loi de désintégration du C14 dans le temps, il est possible de dater le moment de la mort de l’organisme en question. Pour le « Suaire », constitué de fibres de lin, il est donc possible de dater par ce procédé le moment où le lin a été coupé.
Les remises en causes de la datation vont s’attacher à montrer que la quantité de C14 mesurée ne correspond pas à la date réelle du « Suaire » : il a en effet été mesuré plus de C14 qu’attendu dans du lin datant de l’an zéro…
Parmi ces remises en cause que nous pouvons trouver à foison sur Internet, il en est une particulièrement savoureuse : le tissu aurait été rajeuni par… un rayonnement radioactif intense, créant artificiellement du C14 ! Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de discuter longuement du sérieux de cette hypothèse, nécessitant la présence d’une source radioactive inconnue et non identifiée à ce jour. L’analogie avec l’hypothèse de certains créationnistes, pour qui Dieu a fait un monde « vieux » en apparence, en y glissant des fossiles pour paraître vieux de plusieurs millions d’années est suffisamment flagrante. Un peu plus subtil : la thèse de la contamination. Le « Suaire » aurait été « contaminé » par du carbone plus récent, par exemple par des bactéries, faussant ainsi la datation. Le Pr Broch a cherché à vérifier cette hypothèse en calculant la quantité de carbone2 qui aurait été nécessaire pour fausser la datation de cette manière. Dans le meilleur des cas, autrement dit pour une contamination récente, à un atome de carbone originel du « Suaire », il aurait fallu ajouter 2 atomes de carbone dû à la contamination ! Comme il le fait remarquer, à ce niveau, c’est le « Suaire » qui a contaminé les bactéries…

Arte en pleine crise de foi

Le « documentaire », diffusé par Arte pour la première fois le 3 avril dernier, constitue certainement la version la plus aboutie de la remise en cause de la radio-datation. Il nous présente des éléments annoncés comme nouveaux et troublants, tels un contenu 3D dans l’image du « Suaire », ou encore la découverte de pollens. Mais, la pièce centrale du « documentaire » est en réalité la thèse du chimiste Ray Rogers : la datation serait correcte mais elle aurait été réalisée sur un rapiéçage médiéval du « Suaire », une pièce rapportée qui n’a rien à voir avec l’original.
Ray Rogers, du fait de sa participation au STURP, possède diverses fibres du « Suaire » :
- des fibres proches de l’endroit où le prélèvement pour la radio-datation a été réalisé (dit échantillon Raes) ;
- des fibres de la toile de Hollande ayant servie de renforcement au « Suaire » après l’incendie de 1532 ;
- des fibres prélevées sur la surface où se situe l’image.
R. Rogers a recherché la présence de vaniline. C’est un composé de la lignine qui est naturellement présent dans des fibres d’origine végétale, comme le lin. Le test utilisé sur les fibres prélevées sur l’image est négatif, mais, surprise, il est positif pour l’échantillon Raes et pour les fibres de la toile de Hollande : pour R. Rogers, c’est la preuve que les fibres de l’échantillon Raes, et donc celles ayant servi à la radio-datation sont différentes de celles du reste du « Suaire ». Il procède également à une analyse d’un revêtement jaune-brun, présent sur l’échantillon Raes mais absent sur les fibres « images » : il s’agit d’une gomme végétale contenant un colorant, l’alizarine, apparu en Italie en 1290. C’est sur ce dernier résultat que R. Rogers fonde sa thèse du rapiéçage médiéval : il y a eu un rapiéçage du « Suaire », réalisé dans les années 1200-1300, et on l’a coloré à l’alizarine pour rendre le tout inaperçu. Et, pas de chance, c’est sur la partie rapiécée que le prélèvement pour la radio-datation a été réalisé ! Enfin, R. Rogers, au moyen de la loi de dégradation de la vaniline dans le temps, donne une estimation de l’âge du « Suaire », à partir du prélèvement « image » : le « Suaire » serait vieux de 1300 à 3000 ans. Et dernier argument à l’attention des quelques sceptiques bornés qui subsisteraient : tous ces résultats ont été publiés par R. Rogers dans une revue scientifique à comité de lecture.

Zététique et vieille dentelle

Justement, le but de la publication scientifique, c’est de veiller à ne pas publier n’importe quoi ni une information déjà connue. Cela permet aussi de soumettre les travaux réalisés à la critique de la communauté scientifique, afin d’identifier d’éventuelles erreurs. C’est ce à quoi s’est attaché à faire Patrick Berger, du Cercle zététique. Il a donc repris la publication de R. Rogers et l’a analysée3. Le résultat mérite d’être porté à la connaissance d’un vaste public comprenant la direction des programmes documentaires d’Arte : la seule chose que nous apprennent les travaux de R. Rogers, c’est que les fibres de surface du « Suaire » ont été plus abîmées que celles du cœur du tissu !
En effet, P. Berger attire notre attention sur la nature des fibres analysées : aussi incroyable que cela puisse paraître, elles ne sont pas identiques ! Les fibres « images » proviennent de prélèvements par application de rubans adhésifs sur la surface « image » du « Suaire ». Les fibres de l’échantillon Raes, proviennent d’une découpe de fibres entières. Or, cette différence suffit à expliquer pourquoi R. Rogers ne trouve pas de vaniline ni d’alizarine sur les fibres « images », et en trouve dans l’échantillon Raes. Il faut se rappeler que, outre les ostentations, le « Suaire » a échappé de peu à un incendie où il a été soumis à une température de 1000° C et a été sauvé par aspersion d’eau. Or, à une température pareille, toute la vaniline à la surface du « Suaire » aura été dégradée de manière quasi-instantanée, ce qui n’est pas le cas du cœur du tissu, car le lin est mauvais conducteur de chaleur. L’alizarine est, quant à elle, soluble dans l’eau et va avoir tendance, par capillarité, à se loger au cœur des fils du tissu. Il n’y a donc rien d’extraordinaire à ne plus en trouver en surface, surtout après l’aspersion d’eau que le « Suaire » a subi pour le sauver des flammes en 1532…
P. Berger constate également que l’article de R. Rogers ne répond à aucune des exigences minimales caractéristiques d’une publication scientifique : indisponibilité des données sources ou encore l’absence de marge d’erreur et autres choix arbitraires non justifiés. Ce qui le conduit à penser que cet article n’a pas été relu avant publication.
Quant aux découvertes scientifiques comme l’image 3D contenue dans l’image ou encore la présence de pollens, nos lecteurs et la direction des programmes documentaires d’Artepourront en apprécier la nouveauté à la lecture de l’ouvrage du Professeur Henri Broch, Leparanormal paru en… 19854 ! Toutes ces prétendues nouveautés y sont en effet déjà présentées et… réfutées. Comment la chaîne culturelle a-t-elle pu passer à côté de cette référence immanquable pour qui s’intéresse un peu au sujet ?

Pas fait de main d’homme

Il peut être également utile de rappeler à la direction des programmes documentaires d’Arteque le Professeur Broch réalise depuis le début des années 1980 des « Suaires de Turin » présentant toutes les caractéristiques et propriétés de « l’originel », comme l’information 3D (d’un bas-relief) ou l’inversion photographique. Des chaînes de télévision avisées (dont une allemande…ZDF, qui travaille souvent de concert avec Arte) ont su le trouver pour lui demander de présenter sa technique. Les vidéos sont consultables en ligne sur le site5 du laboratoire de zététique de l’Université de Nice-Sophia Antipolis.

Pour conclure

Le choix de ce « documentaire » par Arte sur ce sujet est particulièrement regrettable, parce que son statut de chaîne culturelle lui confère, de fait, un crédit particulier, voire l’identifie comme une source de référence. Ainsi, bon nombre de téléspectateurs doivent-ils être maintenant persuadés que la question reste ouverte et que ce linge pourrait bien être authentique, alors qu’il a été scientifiquement prouvé qu’il n’en est rien. C’est vraisemblablement aussi ce processus de référencement qui est à l’origine des commentaires diffusés sur les ondes de France Inter et de France Culture pour annoncer l’ostentation de ce fameux « Suaire ». Malgré tout, nous espérons sincèrement qu’Arte, chaîne du service public, saura se reprendre et rectifier ce qui doit l’être, et à défaut, que les journalistes sauront transmettre une information plus conforme à la réalité scientifiquement établie lorsque Benoît XVI apportera à son tour son crédit à ce « Suaire » en allant s’incliner devant lui…
Références
Michael Epstein, Le Suaire de Turin, la nouvelle enquête, GB, 2008.
Pr Henri Broch, Carbone 14, contamination et rajeunissement du « Saint Suaire de Turin », avril 2005.
Raymond N. Rogers, Studies on the radiocarbon sample from the shroud of turin, Thermochimica Acta, Volume 425, Issues 1-2, 20 January 2005, Pages 189-194.
Patrick Berger, Comment Ray Rogers a trompé ses lecteurs, Cercle Zététique.
Henri Broch, Le Paranormal : Ses documents, ses hommes, ses méthodes, Collection Science ouverte, Le Seuil, 1985.
Caligari Film GmbH, Der Mann auf dem Grabtuch, Munich 2006.
Autre fabrication d’un « suaire » de Turin, Cirrus Prod, Canada 1999.
Banque d’images sur le « Suaire » de Turin du laboratoire de zététique de l’Université de Nice-Sophia Antipolis.



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Neutres - Quelques éléments


Le linceul de Turin déchaîne régulièrement les passions. Est-il le suaire qui aurait accueilli le corps du Christ, aprés sa mort ? Ou d'un faux magistral, réalisé par un faussaire de génie aux environs du XIVème siècle ?
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Il ne s'agit pas de refaire toute la polémique, qui nécessiterait facilement un site entier, mais de rappeler brièvement quels sont les éléments qui plaident ou pas pour sa véracité. Le carbone 14 fait l'objet de toutes les attentions, pourtant, il ressort des multiples études réalisées sur le suaire que ce n'est pas le seul élément intéressant. Mais, comme à l'accoutumée avec nos médias favoris, seul cet élément fait la une.

Tout d'abord, on sait que le tissu de lin, composant le suaire, correspond aux techniques de tissage utilisées en Palestine aux environs du premier siècle. On remarquera notamment l'absence totale de de laine ou de coton, qui étaient les matières premières les plus utilisées en Europe, au Moyen Age.

On a trouvé sur le linceul des pollens de toutes provenances, qui correspondent à l'histoire connue des voyages du linceul. Mais il semblerait que la plus grande proportion des pollens prélevés proviennent du Moyen Orient et de la région de Jérusalem. Il s'agit des pollens de pistachier, dont le nom latin est "Pistacia palestina" et des pollens de tamarin. Or ces deux espèces ne se trouvent qu'en Palestine, et nulle part ailleurs.

L'image du suaire est formé par une légère brûlure du tissu sur 15 microns de profondeur. Image qui se comporte comme un négatif photographique. Pas mal pour une peinture médiévale. Les faussaires médiévistes ne se sont pas contentés de cela, puisque le suaire possède également des propriétés tri-dimensionnelles. Pour en connaitre davantage à ce sujet, reportez-vous à ce document.

Il n' y a pas de reproduction possible qui permettrait de réunir ces qualités sans des moyens modernes hautement sophistiqués. D'autant que l'impression semble avoir été réalisée à partir d'une projection perpendiculaire, puisque l'on ne décèle aucune trace d'un quelconque mouvement de pinceau, ou d'un produit biologique qui aurait pu former cette image. Une explication de ces particularité, serait que l'énergie qui aurait servi à l'impression vienne du modèle lui-même, c'est à dire du corps. Mais là, on commence à rentrer dans l'absurde idée d'une resurrection.

L'image est uniforme, c'est à dire qu'il s'agit même densité d'impression d'un côté comme de l'autre. Ce qui vient contredire l'idée qu'un cadavre aurait été allongé sur le tissu, puis retiré. En effet, on aurait constaté des traces de densité différente, suivant le côté sur lequel le corps aurait été posé.

Autre point, on relève des traces d'argile aux emplacements des pieds, mais aussi du nez et du front (ce qui correspond aux trois chutes que le Christ a fait lors de sa passion). Cet argile, l'aragonite, nous ramène là-encore à la région de Jérusalem (décidément les faits sont têtus). On peut évoquer également des pièces de monnaie: les leptons sur les yeux de la personne décédée. Ces pièces de monnaie correspondent à la période du premier siècle. Plus précisèment on sait qu'elles ont été frappées la 16ème année du règne de Tibère, c'est à dire, l'année 30 de notre ère. Nos faussaires médiévistes avaient donc des compétences poussées en chimie, biologie, géologie des sols et numismatie. Pas mal.

D'autres éléments viennent contredire l'idée d'un faux médiéval. Et notamment, le codex de Pray, qui est un ouvrage daté avec précision du XII ème siècle, contenant une miniature représentant le Saint Suaire. Suaire que l'on reconnait aux traces de chevrons sur l'inverse de la toile, aux marques de brûlure, à la forme du corps, qui représente à peu près correctement l'image du linceul. Au minimum ce texte contredit l'hypothèse d'un linceul daté du XIIIe, puisqu'il est lui-même daté du XIIe.

Sur le corps je me contenterai des remarques suivantes:
- les pouces n'apparaissent pas, signe de la rigidité cadavérique du corps
- l'individu a eu le coeur percé alors qu'il était mort (sa blessure ne s'étant pas cicatrisé), il a été roué de coups de fouet, correspondant à l'attirail connu des Romains de la région, il a porté un casque d'épines, il n'a pas eu les jambes brisées contrairement aux habitudes romaines (tout cela est conforme aux Evangiles)
- nulle trace de déchirure du tissu, ce qui aurait du être le cas, puisque si il y a un corps qui a été effectivement posé dessus, il n'est pas possible d'expliquer comment il a pu être retiré, sans que le sang séché n'arrache les fibres du tissu.
- la tête parait avoir été entourée d'un tissu, ce qui correspond là encore à un autre suaire, le sudarium d'Oviedo (daté lui du XIe), dont le groupe sanguin correspond à celui du suaire (les faussaires ont donc réalisés ces tissus dans les mêmes conditions, et avec le même groupe sanguin AB, le même que celui relevé lors des miracles dits "eucharistiques"*).
- l'individu a les poignets percés et non les mains, à l'inverse de ce qui était traditionnellement représenté au Moyen-Age
Tous ces éléments montrent que les faussaires médiévaux possédaient donc également des savoirs poussés en anatomie, en contradiction avec les connaissances les plus courantes de leur époque.

On peut penser également que s'il n'y avait pas d'enjeux aussi importants, cela ferait longtemps que le suaire serait daté du 1er siècle et qu'il aurait été identifié à Jesus. N'importe quelle momie égyptienne dispose de moins de preuves que le suaire.

undefinedLes principaux arguments contre l'authenticité, sont les suivants:
- le carbone 14: je n'ai pas d'arguments sérieux à opposer à la validité de cette analyse, si ce n'est qu'il y a déjà eu des erreurs de datation avec des momies et d'autres objets anciens.(MàJ: les éléments de Raymond Rogers sur le mauvais choix d'échantillon soulèvent despoints intéressants, et notamment le fait que le tissu choisi pour le prélevement était composé de lin et de coton à la différence du reste du suaire, ce qui tendrait à montrer qu'il ait été restauré à cet endroit au Moyen-Age). En outre, M. Christopher Ramsey, directeur de l'institut de radio-carbone d'Oxford, qui a réalisé la mesure, affirme que la datation peut être remise en cause parce que le suaire n'a pas cessé de voyager, et que donc sa composition chimique a évolué dans le temps. D'ailleurs le codex de Pray est l'argument le plus solide pour invalider ce travail.
- le suaire a été dénoncé comme faux, au XIVème siècle, par l'évêque de Troyes, Henri de Poitiers et qu'il a réussi à trouver l'artiste qui l'avait réalisé. Problème: pas de preuves, pas de datation et aucune précision sur cet artiste
- la présence de pigments médiévaux de couleur ocre. Ces éléments sont rabachés par Science & Vie et consorts. Mais l'on n'en a trouve que des quantités infinitésimales, et l'image n'en est pas composée. Ils peuvent avoir été parfaitement déposés là lors des multiples expositions médiévales.

En fait, l'hypothèse qui semble la plus crédible, hormis celle de l'authentification, est celle d'un faux du premier siècle de la région de Jerusalem. Mais nul n'est capable d'expliquer alors comment cette impression a pu être réalisée avec les moyens de l'époque. Beaucoup d'éléments prêchent en faveur de la véracité du suaire. Je me contenterai juste de citercette phrase qui résume bien la situation...


Toute personne désirant soutenir la théorie que le Suaire de Turin est un faux doit, avant toute chose, pouvoir expliquer le caractère de négatif photographique
ET
expliquer comment le faussaire a pu produire cette image
ET
être en mesure de reproduire une image équivalente et ayant un caractère tridimensionnel
ET
être capable de retirer le corps du Suaire sans laisser de trace de cet enlèvement
ET
le tout, bien sûr, sur un tissu des premiers siècles, de bonne dimension, ne contenant pas de trace de laine.
ET
par souci du détail, n'omettons pas les monnaies, les pollens, la boue, l'exactitude médicale...

Pour conclure, je dirais que l'hypothèse d'un faux médiéval serait encore plus géniale que celle d'un dieu, vu le nombre de techniques modernes que le faussaire se devait de maitriser pour réaliser ce chef d'oeuvre. Un tel génie aurait réalisé le suaire, et personne n'aurait entendu parler des techniques révolutionnaires qu'il aurait utilisé ?

Mais bien sûr, c'est évident...



* Les miracles eucharistiques sont des miracles durant lesquelles les saintes espèces se sont effectivement transformées en chair et sang réel. Le cas le plus célèbre est celui de Lanciano. A noter qu'une comparaison de l'ADN du suaire avec l'ADN trouvé dans les miracles eucharistiques permettrait de savoir précisèment si la personne du suaire est bien le Christ. C'était la thèse du roman de Van Cauwelaert, Cloner le Christ.


EDIT du 24/12/2011 : Une étude scientifique, menée par des italiens, accrédite l'idée que seuls des flashs de lumière, et d'ultra-violets, pouvaient imprimer le tissu de cette façon. Flashs qui n'existaient évidemment pas au Moyen-Age.



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Neutres - Mystère ou faux

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LE SUAIRE DE TURIN. MYSTÈRE SCIENTIFIQUE OU FAUX MOYEN-AGEUX ?

mardi 20 avril 2010, par Yves Lignon
La cathédrale de Turin abrite ce qu’il est convenu de nommer le Suaire, une pièce de tissu rectangulaire, d’approximativement 4,40 m de long pour 1,1 m de large, sur laquelle se distingue vaguement une double silhouette humaine qui, une fois photographiée, devient l’image d’un homme supplicié. Le Suaire de Turin n’est visible par le public que lors d’ostensions rarement organisées (c’est le cas du 10 avril au 23 mai 2010 pour la première fois depuis dix ans). Des catholiques croient que ce linge a servi à envelopper le corps du Christ, fils de Dieu, après sa mort. Par conséquent, pour demeurer extérieur à toute préoccupation d’ordre religieux, on ne peut débattre qu’autour de l’âge du Suaire et de la nature de l’image.
Il résulte de ces préliminaires que la discussion peut porter en premier sur la question de savoir si le Suaire est une fausse relique comme on en a tant fabriqué au Moyen - Age ou s’il a été tissé en Palestine il y a environ 2000 ans. Pour l’Eglise l’enjeu est bien d’importance (il l’est donc aussi pour certains de ceux qui combattent cette institution). Si le Suaire date de 20 siècles et si l’image qu’il porte est celle du corps d’un homme supplicié et crucifié « à la romaine » il contribue à accréditer le fait que le Christ des Evangiles est un personnage historique. Ce fait est considéré actuellement par des chercheurs de toutes opinions religieuses comme possible mais non définitivement établi. Corollairement si le Suaire n’est vieux que de 5 à 600 ans l’image qu’il porte a forcément été réalisée par un artiste.
L’hypothèse de la fausse relique moyenâgeuse (en abrégé du « faux ») est évidemment la plus économique (au sens d’Occam). Elle s’appuie principalement sur deux types d’arguments.
- Le plus récent est une datation au carbone 14 effectuée en 1988 et qui attribue au suaire une année de fabrication comprise entre 1260 et 1390.
- Ce résultat va dans le même sens que les informations historiques synthétisées par deux ecclésiastiques, le Chanoine Ulysse Chevalier (1902) et le Révérend Herbert Thurston (1903). Le Suaire a été proposé, pour la première fois, à la vénération des fidèles en France dans la collégiale de Lirey, diocèse de Troyes, en 1357. Avant cette date pas une seule mention de son existence, après cette date on le suit continûment à la trace jusqu’à nos jours.
Qui plus est Henri de Poitiers, alors évêque de Troyes, intervint rapidement pour mettre fin aux expositions (et aux pèlerinages) en arguant qu’il s’agissait d’un faux. Une trentaine d’années plus tard le Suaire sort de son placard à l’initiative des chanoines de Lirey. Le nouvel évêque, Pierre d’Arcis, adopte la même attitude que son prédécesseur mais faute de pouvoir obtenir le retrait (le chapitre de Lirey prétendant ne pas relever de sa juridiction) il entame une campagne contre ce qu’il appelle explicitement une fausse relique (« Il ne pouvait s’agir du suaire authentique de Notre Seigneur »). Vers la fin 1389 il adresse au pape Clément VII [1] un mémoire dans lequel on peut lire qu’Henri de Poitiers a « découvert la fraude, la vérité étant attestée par l’artiste qui a peint ledit linge ».
Ces arguments (en particulier la datation au carbone 14) étant souvent pris comme permettant une validation définitive de l’hypothèse « du faux » il est raisonnable (et légitime) de s’interroger sur leur fiabilité.
Les résultats de la datation au carbone 14 sont contestés depuis qu’ils ont été publiés. A la fois sur le plan méthodologique (nature de l’échantillon prélevé) et sur le plan technique. Voir un exposé détaillé dans le récent livre de Ian Wilson. [2]
Le mémoire de Pierre d’Arcis n’a de valeur que parce qu’il cite une enquête antérieure d’Henri de Poitiers. Aucun document relatif à celle-ci n’ayant actuellement été retrouvé son existence n’est pas avérée. Il est à remarquer que si Pierre d’Arcis écrit que son prédécesseur a reçu des aveux d’un artiste il ne donne pas de nom [3]. On doit noter de plus l’existence possible de conflits d’intérêts. La présence du Suaire faisait du pèlerinage à Lirey une affaire lucrative et d’Arcis ne possédait pas, à Troyes, une relique (vraie ou fausse) de qualité comparable. Inversement Clément VII, apparenté à la famille noble fondatrice de la collégiale de Lirey, opposa une fin de non recevoir à Pierre d’Arcis, lui ordonna de se taire, sous peine d’excommunication, et laissa les expositions se poursuivre en se contentant d’exiger des chanoines quelques précautions oratoires devant les croyants.
En résumé
- La datation au carbone 14 n’est pas unanimement entérinée.
- Nous ne savons pas si Pierre d’Arcis détenait des preuves soutenant ses allégations, s’il rapportait des rumeurs ou, au pire (et malgré sa réputation d’intégrité), s’il cherchait à s’opposer aux chanoines de Lirey pour des raisons bassement matérielles.
Il résulte de ceci sinon une réfutation du moins une fragilisation certaine des principaux arguments allant dans le sens de l’hypothèse d’un Suaire fabriqué aux environs de 1350. [4]
Si l’image du Suaire est une œuvre picturale les tenants de l’hypothèse du "faux" disposent d’un nouvel argument.
Notons que quand on examine le tissu à l’oeil nu on ne discerne, la plupart du temps, qu’un ensemble de tâches et de roussissures, ces dernières laissées par les flammes lorsqu’en 1532 la chapelle de Chambéry qui abritait alors le linceul a brûlé. Il faut se placer à une certaine distance et sous un bon éclairage pour apercevoir vaguement deux silhouettes humaines dont les têtes se touchent presque. Cela suffit pour expliquer que des reproductions (plus exactement des imitations) de l’image ait pu être réalisées au cours des siècles mais n’apporte rien sur le fond.
Un coup de théâtre a éclaté en 1898. Cette année là, un avocat Secondo Pia, photographe amateur de talent, obtient l’autorisation de tirer des clichés du suaire, il opère la nuit et c’est le 28 mai qu’au développement est apparue, très visible, très nette et détaillée cette fois, la double image [5] d’un homme ayant été torturé. Comme l’a déclaré, avec justesse, le célèbre et regretté photographe toulousain Jean Dieuzaide, le linceul « constitue le premier négatif de l’histoire de la photographie ».
Depuis un siècle, il a été énormément écrit à propos de cette photographie et de l’image qu’elle révèle. Renvoyant à l’ouvrage de Ian Wilson déjà cité et pour approfondir à ceux signés ou co-signés par André Marion (Institut d’Optique d’Orsay) [6] on se contentera ici de retenir, subjectivement, les points suivants :
1) L’image est si nette qu’on peut y voir toutes les traces que laissaient les tortures pratiquées par les romains telles qu’elles sont connues des historiens, rapportées par les Évangiles et reconstituées dans le film de Mel Gibson « La Passion du Christ ». Rien ne manque depuis les marques laissées par le fouet très particulier utilisé alors jusqu’à celle du coup de lance destiné à achever le condamné en passant par les blessures au front provenant de la couronne d’épines. Au niveau de l’épaule et du genou se situent même des contusions imputables au port de la croix et aux chutes sur le chemin du Calvaire. Dès 1902 l’anatomiste universitaire Yves Delage concluait que ces traces de lésions ne pouvaient pas être l’œuvre d’un artiste.
2) L’image montre que c’est sur les poignets que se trouvent les blessures provoquées par les clous au moment de la crucifixion. Or un autre anatomiste Pierre Barbet a découvert (peu après 1930) que, techniquement, il fallait obligatoirement s’y prendre ainsi. Enfoncer les clous dans la paume des mains aurait provoqué une déchirure et le corps du supplicié ne serait pas resté sur la croix. Au Moyen-Âge pourtant on croyait bien que les clous passaient au milieu de la main puisque c’est ainsi que le Christ agonisant a toujours été représenté.
3) Le suaire porte des traces de sang humain de groupe AB avec une très forte teneur en bilirubine. Ce constituant est produit en grandes quantités lorsque le corps humain subit de violentes commotions et il aurait fallu qu’un peintre du Moyen – Age soit au courant.
Bien entendu les défenseurs de la proposition : « L’image est l’œuvre d’un artiste talentueux » ont répliqué sur ces points comme sur tous ceux mis en avant (voir les ouvrages cités) par leurs opposants. C’est ainsi, disent-ils, que si, au Moyen-Âge, personne ne connaissait l’existence de la bilirubine rien n’empêche de supposer qu’un faussaire, minutieux comme tous ses pareils, a utilisé le sang d’une personne gravement traumatisée. Certains sont allés jusqu’à avancer que, vers 1350, quelqu’un aurait pu torturer un cadavre de taille convenable avant de l’envelopper dans un linceul. Ceci implique, répond le camp d’en face, que ce sadique connaissait les méthodes des bourreaux romains et savait avec 5 siècles d’avance que l’invention de la photographie aurait pour conséquence la révélation de son « oeuvre » morbide.
Les échanges autour de l’image du Suaire deviennent donc très vite complexes et subtilement techniques (cf Ian Wilson et André Marion) les deux positions les plus extrêmes étant :
« La nature de l’image et son processus de formation sont inexplicables en l’état actuel des connaissances scientifiques ».
« L’image n’est autre qu’une peinture qui peut être reproduite aujourd’hui ».
Très récemment un supposé procédé de reproduction de l’image a été assez largement médiatisé. Le faussaire s’y serait pris de la même manière que les enfants qui placent une pièce de monnaie sous un papier et noircissent la feuille au crayon jusqu’à ce que les parties en relief de la gravure soient visibles. Il aurait utilisé l’ astuce technique consistant à plaquer une toile sur un bas-relief puis à l’enduire d’une peinture spécialement préparée. De prétendus faux suaires peuvent ainsi s’obtenir à tire-larigot mais ceux qui les produisent ont parfois du mal à répondre aux objections signalant l’absence de quelques unes des caractéristiques les plus étonnantes de l’image de Turin. Quant à savoir si des traces de colorants ont été détectées sur le Suaire les opinions divergent, une fois de plus.
Finalement [7] le droit fil de la raison amène à constater qu’il doit exister une part de subjectivité chez qui prend parti, avec trop de vigueur, pour ou contre l’hypothèse du « faux ».
En lisant, sur un site Internet, des phrases se voulant aussi définitives et peu mesurées que :
« Le "saint suaire de Turin" - qui est donc un pur produit made in France, même si cela choque certaines personnes - a d’ailleurs été dénoncé comme une mystification, dès l’origine au XIVème siècle, par l’évêque de Troyes, Henri de Poitiers, qui avait retrouvé l’artiste qui l’avait fabriqué, artiste qui avait pu attester de cette fabrication !…. La datation au carbone 14, contrairement aux contre - vérités assénées régulièrement par quelques émissions, articles et/ou individus ayant seulement et sans aucune rigueur survolé le sujet est toujours valide et validée. » [8]
on peut se demander si l’auteur de ces lignes pense avoir démontré que le Suaire est faux ou si, en réalité, il veut à tout prix que ce soit un faux. Inversement nombre de ceux qui contestent l’hypothèse du « faux » affichent des opinions politiques et des choix idéologiques très marqués dont on espère vivement qu’ils n’affectent pas les directions données à leurs travaux. Quel que soit le côté de la barrière les exigences de l’éthique scientifique sont les mêmes.
Une fois écartés les extrémistes des deux camps le problème du Suaire apparaît clairement comme étant toujours ouvert mais la poursuite de travaux scientifiques s’impose-t-elle ? Le Suaire de Turin, qui serait l’un des objets les plus étudiés de l’histoire humaine, n’est-il pas insignifiant vu à l’échelle du réchauffement climatique ou à celle de la misère du Tiers Monde ? Epistémologiquement la réflexion sur le tintamarre fait autour de ce tissu me semble, en tout cas, déjà très productive.
En 1938 la "Revue Métapsychique" a consacré au Suaire un article dont de nombreux passages restent d’actualité malgré leur âge. Pour en obtenir une copie à usage privée me la demander par courrier électronique

Notes

[1] Clément VII est un antipape, selon le droit interne de l’Eglise Catholique, mais ce détail est sans importance puisque l’épiscopat du Royaume de France reconnaissait son autorité.
[2] Ian Wilson : "L’énigme du Suaire", Albin Michel, 2010.
[3] On objectera que ces aveux pouvaient être couverts par le secret de la confession. Rien n’empêchait d’Arcis de donner cette précision pour, au moins apparemment, justifier son affirmation.
[4] Le mode de tissage du Suaire est également intervenu dans la discussion sur la date de sa fabrication. A ceux qui ont avancé qu’il s’agissait bien d’un procédé employé en Palestine, il y a 2000 ans, d’autres ont rétorqué que l’appareillage indispensable n’existait pas encore.
[5] Double image c’est à dire dos et face ce qui s’accorde avec une position du corps allongé, dans le sens de la longueur, sur la moitié de la surface de la toile l’autre moitié étant ensuite rabattue.
[6] -) avec Anne - Laure Courage :"Nouvelles découvertes sur le Suaire de Turin", Albin Michel, 1997.
- ) "Jésus et la science, la vérité sur les reliques du Christ", Presses de la Renaissance, 2000.
- ) avec Gérard Lucotte :"Le linceul de Turin et la tunique d’Argenteuil", Presses de la Renaissance, 2006.
[7] Par souci de concision d’autres interrogations, telles que celles soulevées par la présence de pollens sur le Suaire, sont laissés de côté ici. Voir les ouvrages cités et la page "Suaire de Turin" sur Wikipédia, équilibrée et très bien documentée. On la complétera utilement par le lecture de la page "Saint Suaire". Ont de même été écartés les travaux sur l’identification du Suaire avec des tissus portant l’image du Christ et dont l’existence a été mentionnée avant 1350.
[8] unice.fr/zetetique/banque_images.html#suaire

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Neutres - Escroquerie ou bigoterie ?



Suaire de Turin : escroquerie ou bigoterie ?

Les pratiques de l’Eglise ont toujours été ambiguës. "Le plus beau témoignage de la Passion" ainsi que Jean-Paul II qualifia, avant sa datation, le linceul exhibé à Turin, illustre la façon sournoise dont elle entretient un mythe. 
Ce suaire, qui aurait drapé le corps du Christ, est l’objet d’une bouffonnerie très particulière. En 1983, don de la Maison de Savoie, l’Église romaine hérite de cette embarrassante relique à l’authenticité contestée. Elle souhaite que la lumière soit faite à son sujet. Dès 1986 des démarches sont effectuées en vue d’établir un protocole réglant les opérations pour dater le suaire par la méthode du carbone 14.
Cette datation doit être incontestable et l’ensemble des opérations contrôlées par un expert neutre. Un docteur du British Museum jouera le rôle d’arbitre. En octobre 1987, le cardinal local désigne les trois laboratoires retenus pour l’expertise, ceux d’Arizona, Oxford et Zurich. En janvier 1988, une conférence réunit les intéressés pour établir la procédure de prélèvement des échantillons et de traitement des résultats.
Pour garantir l’objectivité de la datation, les mesures seront effectuées sur quatre échantillons de tissu anonymes numérotés, l’échantillon du suaire et trois dont l’âge est connu. Les trois échantillons de référence proviendront de pièces de lin à la texture la plus voisine possible de celle de la relique. La dimension et le poids des échantillons seront précis et identiques.
Quelles raisons l’Eglise a-t-elle de douter de l’objectivité de trois laboratoires éparpillés sur la planète ? Aucune ! Pourquoi vouloir à tout prix préserver l’anonymat de la pièce de tissu prélevée ? Mystère. L’important semble d’abord de mettre en avant la bonne volonté et le souci de vérité ecclésiastique.
Le 21 avril 1988, le prélèvement a lieu dans la sacristie de la cathédrale de Turin. Auprès de son Éminence, se trouvent deux experts (le premier du Centre International d’Étude des Textiles Anciens de Lyon, le second de l’Institut Polytechnique de Turin). Bien entendu, le docteur du British Museum, les représentants des laboratoires et les caméras de la télévision assistent à l’opération. Un assistant découpe une bande d’environ 10mm de large et 70mm de long à l’aide d’une paire de ciseaux. Elle est divisée en trois morceaux d’environ 50mg chacun. La précision prévue au protocole laisse un tantinet à désirer. Les échantillons sont emportés dans une pièce attenante. Sous le contrôle du docteur britannique, ils sont enveloppés dans du papier d’aluminium et scellés dans des tubes d’acier inoxydable numérotés. Deux des trois tissus de référence sont emballés de la même manière.
Chacun des laboratoires reçoit trois tubes dont l’un contient l’échantillon du suaire. Le troisième tissu de référence est fourni sous forme de fils dans une simple enveloppe. Phase d’emballage exceptée, elle pourrait renseigner les laboratoires, des prises de vues vidéo documentent les faits. Toutefois, si les laboratoires ignorent quel tube abrite l’échantillon du suaire, la caractéristique de son tissage, connue par des images publiées en 1973, permet de l’identifier. A quoi bon cette dissimulation si elle n’assure pas l’anonymat de la pièce, raison de cette mise en scène ?
Afin de mesurer le rayonnement des atomes de carbone du tissu, et seulement du tissu, celui-ci doit être parfaitement propre. Tout pollen, tache, poussière ou dépôt de matière organique modifie l’intensité du rayonnement. De cette opération de nettoyage dépend la qualité de la mesure. Elle est très délicate avec un morceau d’étoffe et plus encore avec des fils. Pour simplifier ce traitement préparatoire, disent les experts, il a été jugé préférable de courir le risque de l’identification.
Voilà la thèse officielle ! Elle est publiée par le magazine scientifique Nature qui suit toute l’opération et rend compte de sa conclusion. Lorsque les résultats sont publiés : le monde apprend avec étonnement que le suaire est un faux réalisé au Moyen Age et plus exactement au XIVème siècle !
Une décennie après la datation, un microbiologiste du Texas, en mal de prix Nobel, n’a pas lu ou cru le magazine Nature. Il affirme en toute ignorance de cause que c’est la poussière et non l’échantillon du tissu qui a été datée par les trois laboratoires ! Ebloui par ses convictions religieuses, ce scientifique n’a pas approfondi ses recherches.
Des observateurs avertis qui savent tout mieux reconnaissent, sur le suaire, l’empreinte de pièces de monnaie du temps de Pilate. "A l’époque, disent-ils, on avait coutume d’ensevelir le corps avec des pièces pour assurer le bien-être du défunt !" Une coutume à laquelle sacrifia, à son tour dit-on, le regretté Jean Paul II. Sait-on jamais ! En Pologne aussi, le paradis a son prix.
Le spectacle continue et l’illusion récidive.
Le suaire n’échappe pas à la résurrection. L’Eglise s’enhardit. Après avoir pris ses distances vis à vis de la prétendue relique, elle flatte le fétichisme des croyants. Elle méprise la datation moderne, la position de ses ancêtres et les écrits de ses serviteurs. D’avril à juin 1998, elle expose le corpus delicti avec tous les honneurs en la cathédrale de Turin. Portés par la foi, les visiteurs se prosternent et lui adressent leurs prières. Parmi les représentants du Corps Sacerdotal, présents à l’inauguration, un évêque souriant confie aux journalistes, ouvrant la porte au doute : "Vrai ou faux ? Peu importe ! Le suaire montre bien la passion du Christ !"
Si cette éminence ne dit pas toute la vérité elle en transmet une jusque là tue par ses pairs. Le supplicié, représenté sur le pseudo-suaire, a bénéficié de toutes les versions de la fable. Après examen de photographies réalisées par Enrié en 1931, un chirurgien français de l’Hôtel Dieu a identifié « le coup de lance au cœur » donné par le garde dans l’évangile de Jean. Il a compté les traces de soixante coups de fouet. Le crucifié du suaire a été flagellé et non battu de verges.
Dans les Evangiles, seul le Christ de Marc est flagellé, seul celui de Jean reçoit le coup de lance. Si ce n’est que Jean ne parle pas de linceul mais de bandelettes, l’image présente sur le suaire mélange la fin des quatre récits.

Afin d’éliminer la contradiction que créent lesbandelettes de Jean avec le récit de ses trois confrères où il est question de linceul. Certaines versions modernes de la Bible, revues par des clercs, les métamorphosent en linges.
La télévision et les journaux s’emparent une fois de plus de l’affaire, les pour et les contre s’expriment, le doute subsiste malgré la datation. Les chrétiens du 3ème millénaire ont bien du mal à assumer les curiosités de leurs écritures saintes et leurs docteurs les manipulent. En 2010, le suaire est à nouveau exposé à Turin.
Pourtant, l’histoire de ce « suaire » est bien connue du clergé. Dès le début du XXème siècle le Père dominicain Henri Leclercq la publie en détail dans le Dictionnaire de l’archéologie chrétienne et la liturgie.
En 1353, dans le but d’y attirer visiteurs et pèlerins pour en financer l’équipement, la relique est offerte à l’église collégiale de Lirey, diocèse de Troyes, par Geoffroy de Charny, son fondateur. Selon son fils, Geoffroy junior, le sieur de Charny l’aurait reçu en cadeau, selon sa fille, Marguerite, c’est un butin de guerre. Peu importe ! Geoffroy senior compte sur sa présence pour assurer le renom et les revenus de sa collégiale en provoquant la visite et la générosité de nombreux pèlerins. 
Henri de Poitiers, évêque de Troyes, s’inquiète. Le suaire de Lirey, est-il l’original de celui exposé à Rome en 1350 dont le culte se propage, traînée de poudre fétichiste, par le biais de multiples duplicata à travers l’Europe ? Provenant des reliques confiées à Charlemagne par les Byzantins, un autre Saint Suaire offert par Charles le Chauve en 877 à l’abbaye Saint Corneille de Compiègne est-il faux ? 
Est-ce vraiment l’un de ces objets, appelés achéiropoïètes, qui, en contact avec le Christ, en ont préservé l’image, tel ce linge d’Edesse, dont l’histoire est dénichée par Eusèbe de Césarée ?
Dans ce récit fabuleux, Abgar V, roi de la cité atteint d’un mal incurable, écrit au Christ pour solliciter sa visite dans l’espoir d’une guérison. En réponse, il reçoit un courrier poli en syriaque. Puis, "la 43èmeannée"- on y ignore de qui ou de quoi – sur les instructions du Christ ressuscité, lui parvient le linge qui épongea le supplicié lors de la Passion et sur lequel, par transfert, rayonne son divin visage. Guéri, à la vue de ce portrait insolite, Abgar rend grâce à son sauveur. Il expose la relique dans une niche à la porte de la ville. Un de ses successeurs la fait emmurer pour la protéger des invasions et pillages. Quelques siècles plus tard, les citadins la redécouvrent. Prodige ! La lampe à huile qui l’éclairait, brûle encore et la relique est intacte. L’étoffe est miraculeuse !
Cet acheiropoïète serait le voile conservé à Jaen, en Espagne. Selon la tradition espagnole, c’est le tissu avec lequel Veronica, inconnue des évangiles, a tamponné le visage du Christ sur la Via Dolorosa et dont nul ne sait plus quand il arriva dans la cité. Gênant ! Sans parler du Saint Suaire de l’abbaye Saint Corneille de Compiègne, désagrégé lors d’une lessive vers 1840, aujourd’hui encore, en Italie on présente le Saint Voile du Christ à Manopello et le Vatican expose, une fois par an, un troisième voile de Veronica  !
Au Moyen Age la copie-manie des reliques est répandue. Henri de Poitiers, évêque de Troyes le sait, soupçonneux, il fait examiner le suaire de Lirey. Le rapport des experts constate qu’ « il porte une peinture toute récente » et conclut qu’ « il s’agit d’une des reproductions du suaire exposé à Rome. » Le prélat interdit de le présenter aux pèlerins comme le saint suaire ayant recueilli le corps du Christ. 36 ans après l’interdiction épiscopale, profitant de la visite du légat du pape Clément VII, Charny adresse une demande d’ostension à Sa Sainteté. Dans sa requête il est question d’une représentation du suaire du Christ et non de la relique authentique. La demande est accordée.
Pierre d’Arcy, évêque de Troyes en exercice, voit rouge. Il interdit d’exhiber la supercherie. Geoffroy de Charny se plaint auprès du Vatican. Le pape, comprenant les soucis financiers de la collégiale, intervient à nouveau. Sans désavouer l’évêque, le 6 janvier 1390, il confirme son autorisation sous réserve que : "l’étoffe soit présentée sans solennité et en avertissant à haute voix les fidèles qu’il ne s’agit pas du suaire qui recouvrit le corps du Christ mais d’une peinture faite pour le représenter.". Avec une telle annonce, le succès escompté auprès des croyants laisse à désirer.
En 1418 afin de soustraire le prétendu suaire aux troubles engendrés par la guerre civile qui gronde en Champagne, il est confié à Humbert de la Roche, gendre de Geoffroy de Charny junior. Après un séjour dans le diocèse de Liège ou l’évêque, Jean de Heisberg, le dénonce pour faux, il entre, en échange de quelques ducats, en la possession de Louis Ier, Duc de Savoie, et de son épouse, Anne de Lusignan.
Considéré par ses nouveaux propriétaires comme authentique, il est conservé, plié dans un coffret d’argent, à la Sainte Chapelle de Chambéry où un incendie l’endommage. Il est réparé par les clarisses et reste dans la ville jusqu’en 1578, année de son transfert pour Turin.
Le suaire dit de Turin est un artifice abusant les croyants. Si, à sa manière, il illustre le récit évangélique, il n’a jamais enveloppé le corps du Christ. L’Eglise le sait depuis le XIVème siècle. Profitant de la curiosité et du trouble des scientifiques, elle ne leur a, semble-t-il, jamais révélé complètement son histoire. Quoique publiée dans une œuvre ayant reçu l’imprimatur de l’église gallicane, elle continue de taire les conclusions de l’enquête commandée par Pierre d’Arcy, la demande d’ostension du Sieur de Charny et la réponse du Vatican. La vérité est toujours splendide. Elle est quelquefois fabuleuse. Aveuglé par sa foi ou les intérêts de l’Eglise qu’il était chargé de conduire, Jean Paul II n’a pas dénoncé le suaire de Turin. Il s’est prêté au théâtre de la datation puis, 10 ans plus tard, a cautionné la réhabilitation morale du suaire. Benoît XVI a visité récemment l’étoffe pour inaugurer le vernissage de sa nouvelle exposition à Turin. Alors doit-on en déduire qu’aujourd’hui encore les successeurs de Saint-Pierre continuent de berner leurs fidèles ?


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Neutres - C'est le linceul du Christ



Saint-Suaire de Turin: c'est bien le linceul du Christ selon une étude

 Copie du Saint-Suaire de Turin, septembre 2008. einalem via Flickr CC License by
Une nouvelle étude suggère que le Saint Suaire de Turin, l’une des reliques les plus mystérieuses de l’histoire du christianisme, est bien le drap dans lequel le corps de Jesus aurait été enveloppé après sa crucifixion. Selon le Telegraph, cette découverte relance une nouvelle fois le débat sur l’authenticité de ce linceul sacré, et remet en cause l’idée qu’il ne serait qu’un faux datant du Moyen Age.
D’après les scientifiques italiens à l’origine de cette étude, les expériences faites sur les marques du suaire –sensées représenter le corps et le visage d’un homme torturé et flagellé– ne peuvent pas avoir été contrefaites au Moyen Age étant donné l’état peu avancé des technologies de l’époque.
Sur Slate, Henri Tincq rappelait l'an dernier que la controverse concernant le Saint Suaire, que des millions de personnes viennent voir dans la cathédrale de Turin chaque année, ne date pas d’hier:
«Les premiers doutes des scientifiques viennent de l’absence de repères formels pour identifier le parcours de la relique, entre la mort de Jésus et l’année 1355 où l’on trouve, pour la première fois seulement, la trace de cette pièce de lin, en France à Lirey, dans la collégiale de Geoffroy de Charny, dont l’épouse organisa les premières “ostensions” (expositions) du linceul.»
Selon cette femme, le suaire aurait été ramené par un de ses ancêtres après le sac de Constantinople en 1204. Mais déjà, l’Eglise s’en méfie, et les ostensions sont interdites. Bien plus tard, au XXe siècle, trois nouvelles études reposant sur une méthode de datation au carbone 14 et menées par trois laboratoires indépendants, soutiennent que le lin ayant servi à tisser la pièce n’a pas été récolté avant le XIIIe siècle.
Très rapidement, de nombreux experts contestent les conclusions de ces trois laboratoires. Certains affirment qu’un incendie, celui de Chambéry en 1532, a abîmé le tissu et a pu le «charger isotopiquement le linceul en carbone 14», biaisant ainsi la datation. D’autres pensent que les échantillons étudiés, qui ont été prélevés sur des franges ne contenant pas l’image du crucifié, ne sont pas des spécimens probants.
Pour la nouvelle étude, les chercheurs italiens de la ville de Frascati ont essayé d’identifier les processus «physiques et chimiques» à l’origine de la coloration très particulière de l’image du Christ sur le suaire selon le Telegraph. Ils en concluent que pour obtenir de telles couleurs, on ne peut utiliser que des lasers ultraviolets, technologie dont on ne disposait clairement pas au Moyen Age.
Selon eux, l’image de l’homme barbu ne peut avoir été créée que par«une certaine forme d’énergie électromagnétique (comme un éclair de lumière à faible longueur d’onde)».  Pour le site d’information MSNBC cette théorie du flash va conforter ceux qui pensent que cette énigmatique image est apparue miraculeusement au moment de la Résurrection du Christ. Elle confirme en tout cas les résultats d'une autre étude réalisée entre 1978 et 1981 par des scientifiques américains, pour qui le visage ne peut pas avoir été peint.
Plus troublant encore, une analyse des pollens trouvés sur le tissu sacré menée par Max Frei, criminologue à Zurich, et confirmée par d’autres experts, indique qu’ils proviendraient à 80% du Moyent-Orient selon Henri Tincq…

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