Le Linceul et les Evangiles



Giraud françois - Principales dates

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/historique/historique_cadres.htm

    
Principales dates relatives à l'étude du Linceul                       Donne accès au lexique où vous pourrez trouver quelques explications rapides sur les termes pouvant présenter une difficulté.                         Pour revenir à la page où vous étiez, cliquez sur "Prédédente" en haut à gauche de votre navigateur.

~ - 2000
ABRAHAM QUITTE OUR, VILLE DU SUD DE LA MÉSOPOTAMIE POUR SE DIRIGER VERS LA MÉDITERRANÉE ORIENTALE
~ - 1700
CERTAINES TRIBUS ISRAËLITES ÉMIGRENT EN EGYPTE OÙ ELLES SERONT RÉDUITES PETIT À PETIT À L'ESCLAVAGE
~ - 1300
MOÏSE FAIT SORTIR LES JUIFS D'EGYPTE ET LES CONDUIT JUSQU'À LA TERRE PROMISE (PAYS DE CANAAN)
~ - 1000
GRANDE ÉPOQUE DE DAVID PUIS SALOMON : LE PEUPLE JUIF EST UNI SOUS LA HOULETTE D'UN ROI PUISSANT ; CONSTRUCTION DU TEMPLE DE JÉRUSALEM.

Le Royaume de David et de Salomon.                      Cliquez sur l'image pour en obtenir un agrandissement. Pour revenir à la page actuelle, il suffira de cliquer sur "Page précédente" dans votre navigateur.
- 931
APRÈS LA MORT DE SALOMON, SÉPARATION DU PAYS EN 2 ÉTATS ROYAUMES (ISRAËL AU NORD ET JUDA AU SUD) ; RIVALITÉS, AFFAIBLISSEMENT, DESTRUCTION (ISRAËL PAR L'ASSYRIEN SARGON EN - 721, JUDA PAR LE BABYLONIEN  NABUCHODONOSOR EN - 586 ET DÉPORTATION DES JUIFS À BABYLONE).
- 536
CYRUS LE GRAND, ROI DE PERSE, AUTORISE LES JUIFS À QUITTER BABYLONE POUR RETOURNER CHEZ EUX, DANS CE QUI EST DEVENU LA PROVINCE PERSE DE JUDÉE. A LA MORT D'ALEXANDRE LE GRAND (- 323), CETTE PROVINCE PASSE SOUS L'AUTORITÉ ÉGYPTIENNE, PUIS, EN - 198, SOUS LA TUTELLE SÉLEUCIDE.
- 167
LE ROI SÉLEUCIDE ANTIOCHUS IV EPIPHANE INTERDIT L'OBSERVATION DE LA LOI MOSAÏQUE ; RÉVOLTE DE LA FAMILLE DES MACCABÉES (LE PÈRE ET SES 5 FILS). RESTAURATION DE LA LIBERTÉ RELIGIEUSE ET RELATIVE INDÉPENDANCE POLITIQUE PENDANT 2 SIÈCLES.
- 63
ROME, QUI SOUHAITE ÉTENDRE SON EMPIRE À TOUT LE POURTOUR MÉDITERRANÉEN, ENVOIE LE GÉNÉRAL POMPÉE CONQUÉRIR LE ROYAUME D'ISRAËL ; CETTE OCCUPATION ROMAINE NE SERA JAMAIS ACCEPTÉE ET ABOUTIRA ENVIRON 1 SIÈCLE PLUS TARD À LA RÉVOLTE DES JUIFS ET À LA DESTRUCTION DE JÉRUSALEM EN 70.
- 40
HÉRODE LE GRAND EST NOMMÉ ROI DE JUDÉE PAR LE SÉNAT ROMAIN ; IL SERA UN ACTIF PARTISAN DE LA ROMANISATION DE LA JUDÉE.
- 37
HÉRODE S'EMPARE DE JÉRUSALEM
- 30
AUGUSTE DEVIENT EMPEREUR DE ROME ; IL LE RESTERA JUSQU'EN 14 APRÈS JC
entre -7 et -5
NAISSANCE DE JÉSUS
- 4
MORT D'HÉRODE LE GRAND, UN PEU AVANT LA PÂQUE. AUGUSTE PARTAGE SON ROYAUME ENTRE SES 3 FILS :
ARCHÉLAÜS DEVIENT ETHNARQUE DE JUDÉE, IDUMÉE ET SAMARIE. EN L'AN 6, IL SERA DÉPOSÉ ET SON ETHNARCHIE, À LAQUELLE SERA RATTACHÉE LA SYRIE, PASSERA SOUS LE COMMANDEMENT D'UN PROCURATEUR ROMAIN. IL Y EN AURA 7 ENTRE LES ANNÉES 6 ET 41. PONCE PILATE SERA PROCURATEUR DE 26 À 36.
HÉRODE ANTIPAS GOUVERNERA LA GALILÉE ET LA PÉRÉE DE 4 À 39. C'EST EN SA QUALITÉ DE GOUVERNEUR DE LA GALILÉE QU'HÉRODE RECEVRA JÉSUS PENDANT SON PROCÈS, ENVOYÉ PAR PILATE QUI NE SAIT COMMENT SE DÉBARRASSER DE CET ENCOMBRANT ACCUSÉ.
PHILIPPE RECEVRA LA DIRECTION DE LA TRACHONITIDE, L'AURANITIDE, GAULANITIDE, BATANÉE ; À SA MORT, EN 34, SES ÉTATS SERONT RATTACHÉS À LA PROVINCE ROMAINE DE SYRIE.
14
TIBÈRE SUCCÈDE À AUGUSTE COMME EMPEREUR ROMAIN ; C'EST À LUI QUE FAIT RÉFÉRENCE LA MENTION TIBERIOU KAISAROS (DE TIBÈRE CÉSAR) PORTÉE SUR LES SESTERCES FRAPPÉS SOUS PONCE PILATE ; IL RÈGNERA JUSQU'EN 37 ET SERA REMPLACÉ PAR CALIGULA
18
CAÏPHE DEVIENT GRAND PRÊTRE ; IL LE RESTERA JUSQU'EN 36
26
PONCE PILATE DEVIENT PROCURATEUR DE JUDÉE ET LE RESTERA JUSQU'EN 36.
La Judée au temps de Jésus.                     Cliquez sur l'image pour en obtenir un agrandissement. Pour revenir cette page, il faudra cliquer sur "Page précédente" dans votre navigateur internet.
~ 29
DÉBUT DU MINISTÈRE DE JÉSUS ; MORT DE JEAN-BAPTISTE (COUSIN DE JÉSUS)
probablement le 7 avril 30, peut-être le 3 avril 33
CRUCIFIXION DE JÉSUS : "APRÈS L'AVOIR CRUCIFIÉ, LES SOLDATS PRIRENT SES VÊTEMENTS, ILS EN FIRENT QUATRE PARTS, UNE POUR CHAQUE SOLDAT, ET SA TUNIQUE. MAIS LA TUNIQUE ÉTAIT SANS COUTURE, TISSÉE D'UNE SEULE PIÈCE DEPUIS LE HAUT. ILS SE DIRENT DONC ENTRE EUX : 'NE LA DÉCHIRONS PAS, MAIS TIRONS AU SORT À QUI ELLE SERA."(JEAN, XIX, 23-24). APRÈS SA MORT, JÉSUS FUT MIS AU TOMBERAU DANS UN LINCEUL NEUF ACHETÉ PAR JOSEPH D'ARIMATHIE. LE JOUR DE PÂQUES, LES DISCIPLES EN ARRIVANT AU TOMBEAU, VIRENT "LES LINGES LÀ, AFFAISSÉS ; ET LE TISSU QUI ÉTAIT SUR SA TÊTE N'ÉTAIT PAS AFFAISSÉ AVEC LES AUTRES LINGES, MAIS ENROULÉ, LUI, EN PLACE" (JEAN, XX, 6-7)
~ 36
MARTYRE D'ETIENNE
37
DÉBUT DU RÈGNE DE CALIGULA. IL NOMME ROI HÉRODE AGGRIPPA I (FILS D'HÉRODE LE GRAND ET DEMI-FRÈRE D'HÉRODE ANTIPAS) ET LUI DONNE LA TÉTRARCHIE DE PHILIPPE, PUIS, EN 39 LE ROYAUME D'HÉRODE ANTIPAS, ET, EN 41, LA SAMARIE ET LE JUDÉE. HÉRODE AGGRIPPA I MEURT EN 44.
~ 37
CONVERSION DE PAUL ; IL FERA SON PREMIER VOYAGE PROBABLEMENT ENTRE 44 ET 49, LE DEUXIÈME ENTRE 49 ET 52, LE TROISIÈME ENTRE 53 ET 58, SERA ARRÊTÉ UNE PREMIÈRE FOIS EN 58, TRANSFÉRÉ À ROME OÙ IL RESTERA EN CAPTIVITÉ JUSQU'EN 63, SERA DE NOUVEAU ARRÊTÉ EN 66 ET MARTYRISÉ À ROME EN 67
41
CALIGULA EST REMPLACÉ PAR CLAUDE ; IL RÈGNERA JUSQU'EN 54.
~ 44
PREMIER VOYAGE MISSIONNAIRE DE PAUL AVEC BARNABÉ : PARTIS D'ANTIOCHE (CAPITALE DE LA SYRIE), ILS EMBARQUENT POUR L'ÎLE DE CHYPRE QU'ILS ÉVANGÉLISENT, RÉEMBARQUENT POUR L'ACTUELLE TURQUIE (ATTALIA ET PERGÉE, ANTIOCHE DE PISIDIE, ICONIUM, LYSTRES ET DERBÉ, REVIENNENT SUR LEURS PAS ET RÉEMBARQUENT À ATTALIA POUR REVENIR À ANTIOCHE DE SYRIE.
Le premier voyage de Paul.                    Cliquez sur l'image pour en obtenir un agrandissement. Pour revenir cette page, il faudra cliquer sur "Page précédente" dans votre navigateur internet.
~ 49
SECOND VOYAGE MISSIONNAIRE DE PAUL : PARTI D'ANTIOCHE DE SYRIE, IL VA À TARSE, DERBÉ, LYSTRES, ICONIUM, ANTIOCHE DE PISIDIE, TROIE, FRANCHIT LE DÉTROIT DES DARDANELLES, DÉBARQUE EN MACÉDOINE, VA À PHILIPPES, THÉSSALONIQUE, BÉRÉE, ATHÈNES, CORINTHE, S'EMBARQUE POUR EPHÈSE EN ACTUELLE TURQUIE, ET DE LÀ REPREND LA MER POUR CÉSARÉE EN PALESTINE, PUIS JÉRUSALEM ET, ENFIN, RETOURNERA À ANTIOCHE.
Le second Voyage de Paul.                    Cliquez sur l'image pour en obtenir un agrandissement. Pour revenir cette page, il faudra cliquer sur "Page précédente" dans votre navigateur internet.
50
DÉCRET DE CLAUDE EXPULSANT LES JUIFS DE ROME.
~ 52
TROISIÈME VOYAGE MISSIONNAIRE DE PAUL : IL PART D'ANTIOCHE DE SYRIE AVEC TIMOTHÉE ET TITE, VA À TARSE, À EPHÈSE, TROIE, PHILIPPES, THESSALONIQUE, CORINTHE, REVIENT SUR SES PAS JUSQU'À TROIE, S'EMBARQUE POUR MILLET (PROCHE D'EPHÈSE), PUIS PATARA, S'EMBARQUE POUR TYR, PTOLÉMAÏS, CÉSARÉE ET ARRIVE À JÉRUSALEM. IL Y SERA ARRÊTÉ, CONDUIT À CÉSARÉE OÙ IL PASSERA DEUX ANS, PUIS ENVOYÉ À ROME PAR UN VOYAGE MARITIME MOUVEMENTÉ (ESCALE EN ASIE MINEURE, EN CRÈTE, POUSSÉ PAR UNE TEMPÊTE JUSQU'À MALTE OÙ IL FERA NAUFRAGE, ARRIVÉE EN SICILE, RÉEMBARQUEMENT POUR L'ITALIE, CONDUIT À ROME OÙ IL ARRIVE EN 60 OU 61).
Le troisième voyage de Paul.                    Cliquez sur l'image pour en obtenir un agrandissement. Pour revenir cette page, il faudra cliquer sur "Page précédente" dans votre navigateur internet.
54
NÉRON REMPLACE CLAUDE ; SON RÈGNE DURERA JUSQU'EN 68
~ 57
MA'NU VI HÉRITE DU TRÔNE D'EDESSE ; RETOUR AU PAGANISME ET PERSÉCUTION DES CHRÉTIENS
~ 52 - 66
EPOQUE PROBABLE DE LA TRADUCTION DES EVANGILES DE L'HÉBREU EN GREC
~ (60 - 61)
ARRIVÉE DE PAUL À ROME
64
INCENDIE DE ROME PAR NÉRON ; MARTYRE DE PIERRE À ROME
64 - 65
NÉRON MASSACRE LES CHRÉTIENS
66
DÉBUT DE LA RÉVOLTE JUIVE CONTRE ROME ; ELLE ABOUTIRA EN 70 PAR LA DESTRUCTION TOTALE DE JÉRUSALEM PAR TITUS, PUIS À LA PRISE DE MASSADA EN 73 ; CETTE GUERRE FUT RACONTÉE EN 78 PAR FLAVIUS JOSEPHE DANS "LA GUERRE DES JUIFS"
67
MARTYRE DE PAUL À ROME (PROBABLEMENT DÉCAPITÉ)
68 - 69
GALBA REMPLACE NÉRON ; IL RÈGNERA UN AN.
69
VESPASIEN REMPLACE GALBA. SON POUVOIR DURERA 10 ANS, JUSQU'EN 79.
70
SIÈGE DE JÉRUSALEM EN MAI. LE 6 AOÛT, LA VILLE EST PRISE ET LE TEMPLE INCENDIÉ. LE 2 SEPTEMBRE, LA VILLE HAUTE TOMBE AUX MAINS DES ROMAINS. JÉRUSALEM EST RASÉE. SEULE LA FORTERESSE DE MASSADA, SUR LES BORDS DE LA MER MORTE, AU SUD DE JÉRUSALEM, RESTE AUX MAINS DES JUIFS. ELLE LE RESTERA JUSQU'EN 73 OÙ SES OCCUPANTS PRÉFÈRERONT SE SUICIDER QUE DE SE RENDRE AUX ROMAINS.
73
CHUTE DE MASSADA ET FIN DE LA GUERRE DES JUIFS
79 - 81
TITUS SUCCÈDE À VESPASIEN
81
DOMITIEN SUCCÈDE À TITUS ; IL RÈGNERA 15 ANS, JUSQU'EN 96
92 - 96
PERSÉCUTIONS DES CHRÉTIENS PAR DOMITIEN
96 - 98
NERVA SUCCÈDE À DOMITIEN ; IL RÈGNE 2 ANS.
98 - 117
TRAJAN REMPLACE NERVA.
~ 177
LES CHRÉTIENS SONT DE NOUVEAU TOLÉRÉS À EDESSE SOUS ABGAR VIII
202
PERSÉCUTION PAR SEPTIME SÉVÈRE
293 - 305
PERSÉCUTION PAR DIOCLÉTIEN
312 - 313
VICTOIRE DE CONSTANTIN ; ÉDIT DE MILAN : LIBERTÉ DES RELIGIONS DANS L'EMPIRE ; ABOLITION DE LA CRUCIFIXION
~ 326
HÉLÈNE, MÈRE DE L'EMPEREUR CONSTANTIN, (NÉE À TRÈVES EN 265 ET MORTE À NICOMÉDIE EN 327) SE REND EN PALESTINE POUR Y RETROUVER LES RELIQUES DE JÉSUS : ELLE Y AURAIT DÉCOUVERT NOTAMMENT LES CLOUS DE LA PASSION, LA CROIX ET UNE TUNIQUE DONT ELLE FIT DON À LA VILLE DE TRÈVES ; LE RÉCIT DE CE VOYAGE A ÉTÉ ÉCRIT PAR EUSÈBE DE CÉSARÉE (265 - 340) DANS SON HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE
330
CONSTANTIN FONDE L'EMPIRE ROMAIN D'ORIENT ET CONSTANTINOPLE
476
LES BARBARES PRENNENT ROME ; CONSTANTINOPLE RESTE CAPITALE DE L'EMPIRE ROMAIN
525
Grande crue du Daisan, affluent de l'Euphrate, qui aurait inondé Edesse (cette crue est mentionnée dans les écrits de Procope de Césarée) ; au cours des travaux de reconstruction d'Edesse, on aurait découvert un linge portant l'effigie d'un homme caché au-dessus d'une des portes de la ville. L'empereur Justinien de Constantinople décide de construire la cathédrale Sainte Sophie à Edesse pour y conserver cette image
594
Evagre le Scolastique écrit son Histoire ecclésiastique dans laquelle il fait mention de l'image d'Edesse comme "créée par Dieu, que des mains d'homme n'avaient pas produite" ; il situe sa découverte en 544
614
Jérusalem est attaquée et prise par Chosroes II, roi de Perse. A ce moment, le Soudarion était à Jérusalem. Il est conduit à Alexandrie.
616
Prise d'Alexandrie par Chosroes II ; le Soudarion est transporté en Afrique du nord, puis à Carthagène en Espagne, puis à Ecija, dans la province de Séville, puis à Séville, puis à Tolède.
632 - 642
INVASION DU MOYEN-ORIENT PAR LES ARABES. PRISE D'EDESSE EN 639 ; LES CHRÉTIENS SONT TOLÉRÉS ET LA CATHÉDRALE SAINTE SOPHIE EST PRÉSERVÉE AINSI QUE L'IMAGE D'EDESSE
673 - 677
PREMIER SIÈGE DE CONSTANTINOPLE PAR LES ARABES
~ 692
JUSTINIEN II FAIT BATTRE UNE MONNAIE À CONSTANTINOPLE À L'EFFIGIE DU CHRIST PANTOCRATOR
718
DEUXIÈME SIÈGE DE CONSTANTINOPLE. A LA MÊME ÉPOQUE, LES MUSULMANS ENVAHISSENT LE SUD DE L'ESPAGNE ET, POUR METTRE À L'ABRI LE SOUDARION, CELUI-CI EST TRANPORTÉ JUSQU'À OVIEDO.
723 - 842
VIOLENCES DES ICONOCLASTES BYZANTINS ET MUSULMANS
~ 800
L'IMPÉRATRICE DE CONSTANTINOPLE, IRÈNE, FAIT DON À CHARLEMAGNE DE LA TUNIQUE DU CHRIST ; CELUI-CI LA CONFIA À SA FILLE, THÉODRADE, RELIGIEUSE DE L'ABBAYE D'ARGENTEUIL ; ELLE SERA CACHÉE ET REDÉCOUVERTE EN 1156
943 - 944
SIÈGE D'EDESSE PAR L'EMPEREUR DE BYZANCE ; L'IMAGE D'EDESSE EST ÉCHANGÉE CONTRE LA LEVÉE DU SIÈGE, LE PAIEMENT D'UNE FORTE SOMME ET LA LIBÉRATION DES PRISONNIERS MUSULMANS ; LE MANDYLION, NOM DONNÉ PAR LES BYZANTINS À L'IMAGE D'EDESSE, PART POUR SAMOSATE PUIS POUR CONSTANTINOPLE
964
ARRIVÉE À CONSTANTINOPLE DU MANDYLION LE 156 AOÛT ; IL SERA CONSERVÉ DANS LA CHAPELLE DU PHAROS, DANS LE PALAIS DU BOUCOLÉON
14 mars 1075
OUVERTURE DU COFFRE CONTENANT LE SOUDARION ET D'AUTRES RELIQUES EN PRÉSENCE DU ROI D'ESPAGNE ALFONSE VI, DE SA SOEUR DONA URRACA ET DU CID ; UN INVENTAIRE DES RELIQUES EST ÉTABLI.
1099
EN PALESTINE, PERSÉCUTION DES CHRÉTIENS PAR LES ARABES
1054
GRAND SCHISME DE L'EGLISE D'ORIENT
1097
LA PREMIÈRE CROISADE PREND NICÉE AUX TURCS
1099
PRISE DE JÉRUSALEM PAR GODEFROY DE BOUILLON
1113
LE COFFRE D'OVIEDO, CONTENANT LE SOUDARION ET D'AUTRES RELIQUES EST RECOUVERT D'UNE PLAQUE D'ARGENT INCITANT LES CHRÉTIENS À VÉNÉRER LE SAIN SANG DU CHRIST.
1146
LES TURCS S'EMPARENT D'EDESSE ; LA CATHÉDRALE SAINTE SOPHIE EST DÉTRUITE
~ 1150
FABRICATION DU CODEX PRAY QUI CONTIENT PLUSIEURS MINIATURES REPRÉSENTANT LA PASSION DONT UNE REPRÉSENTE LES SAINTES FEMMES VENANT AU TOMBEAU APRÈS LA RÉSURRECTION ; ON Y VOIT UNE REPRÉSENTATION DU SUAIRE VIDE AVEC DES MARQUES CORRESPONDANT AUX TRACES DE BRÛLURES RELEVÉES SUR LE SUAIRE
1156
DÉCOUVERTE, DANS L'ÉGLISE DU MONASTÈRE DES BÉNÉDICTINS D'ARGENTEUIL, D'UNE TUNIQUE TACHÉE DE SANG ; CETTE TUNIQUE CONNUE SOUS LE NOM DE SAINTE TUNIQUE D'ARGENTEUIL POURRAIT BIEN ÊTRE LA TUNIQUE SANS COUTURE QUE PORTAIT LE CHRIST PENDANT SA PASSION ET QUI FUT TIRÉE AU SORT PAR LES SOLDATS APRÈS LA CRUCIFIXION ; EN EFFET, LES TACHES DE SANG QU'ELLE PORTE ONT UNE DISPOSITION ASSEZ SEMBLABLE À CERTAINES DES TACHES APPARAISSANT SUR LE SUAIRE ET LE GROUPE SANGUIN DE CES TACHES EST LE MÊME QUE CELUI DU SUAIRE (A+, GROUPE DONT LA FRÉQUENCE N'EST QUE DE 7 % DANS LA POPULATION)
1196
REDÉCOUVERTE, DANS LA CATHÉDRALE DE TRÈVES, DANS UN VIEUX CAVEAU, D'UNE TUNIQUE CONNUE COMME LA SAINTE TUNIQUE DE TRÈVES, QUI AURAIT ÉTÉ DONNÉE À CETTE VILLE EN 325 PAR SAINTE HÉLÈNE, MÈRE DE L'EMPEREUR CONSTANTIN ; IL S'AGIRAIT PEUT-ÊTRE DU VÊTEMENT EXTÉRIEUR DU CHRIST
1204
PRISE ET SACCAGE DE CONSTANTINOPLE PAR LES FRANCS DE LA QUATRIÈME CROISADE, LE 12 AVRIL ; DISPARITION DU MANDYLION
~ 1205
LE SAINT SUAIRE EST PROBABLEMENT À ATHÈNES
1248
LA COURONNE D'ÉPINES EST TRANSFÉRÉE À LA SAINTE CHAPELLE QUE SAINT LOUIS VIENT DE FAIRE CONSTRUIRE POUR LA RECEVOIR
1261
LES GRECS CHASSENT LES FRANCS DE CONSTANTINOPLE
1291
LES TURCS PRENNENT SAINT JEAN D'ACRE. LES TEMPLIERS SE REPLIENT À SIDON, PUIS À CHYPRE
1306
LE TRÉSOR DES TEMPLIERS EST TRANSFÉRÉ EN FRANCE
1307
ARRESTATION DES TEMPLIERS EN FRANCE PAR PHILIPPE LE BEL
1314
LE GRAND MAÎTRE DES TEMPLIERS JACQUES DE MOLAY ET LE MAÎTRE GEOFFROY DE CHARNAY SONT BRÛLÉS VIFS LE 19 MARS
1337
DÉBUT DE LA GUERRE DE 100 ANS
~ 1350
PREMIÈRE OSTENSION DU SAINT SUAIRE À LIREY (CHAMPAGNE)
1353
LE CHEVALIER GEOFFROY I DE CHARNY OBTIENT DU ROI JEAN LE BON UNE RENTE POUR FONDER L'ÉGLISE COLLÉGIALE DE LIREY
1354
LE SAINT SUAIRE EST CONFIÉ À LA COLLÉGIALE DE LIREY
1353
LE PAPE INNOCENT IV ACCORDE DES INDULGENCES AUX PÈLERINS DE LA COLLÉGIALE DE LIREY
1356
BATAILLE DE POITIERS CONTRE LES ANGLAIS, LE 19 SEPTEMBRE ; MORT DE GEOFFROY I DE CHARNY SUR LE CHAMP DE BATAILLE ; SA VEUVE, JEANNE DE VERGY OBTIENT DU ROI QUE LES SUBVENTIONS SOIENT CONTINUÉES EN FAVEUR DE SON FILS GEOFFROY II DE CHARNY
1356
L'ÉVÊQUE DE TROYES, HENRI DE POITIERS, ENVOIE UNE LETTRE DE FÉLICITATIONS À GEOFFROY DE CHARNY, LE 28 MAI
1357
DOUZE ÉVÊQUES CRÉENT DES INDULGENCES EN FAVEUR DES PÈLERINS DE LIREY
1362
LES TURCS PASSENT EN EUROPE ; PRISE D'ANDRINOPLE
1389
GEOFFROY II DE CHARNY DEMANDE ET OBTIENT DU PAPE CLÉMENT VII L'AUTORISATION D'EXPOSER LE SUAIRE
1389
RÉDACTION DU MÉMOIRE DE PIERRE D'ARCIS, ÉVÊQUE DE TROYES, PRÉTENDANT QUE LE SUAIRE DE LIREY EST UN FAUX (PEINTURE) ET DEMANDANT L'INTERDICTION DE SON EXPOSITION
1390
LE PAPE D'AVIGNON, CLÉMENT VII IMPOSE SILENCE À PIERRE D'ARCIS SOUS PEINE D'EXCOMMUNICATION
1398
MORT DE GEOFFROY II DE CHARNY, LE 22 MAI
1400
LA FILLE DE GEOFFROY II DE CHARNY, MARGUERITE DE CHARNY, ÉPOUSE JEAN DE BEAUFREMONT ; CELUI-CI SE FERA TUER À AZINCOURT EN 1415 ; EN 1418, MARGUERITE DE CHARNY ÉPOUSERA EN SECONDES NOCES HUMBERT DE VILLERSEXEL, SEIGNEUR DE SAINT HIPPOLYTE SUR LE DOUBS
1418
LE SUAIRE EST REMIS À HUMBERT DE VILLERSEXEL PAR LES CHANOINES DE LIREY ; IL SERA CONSERVÉ AU CHÂTEAU DE MONFORT, PRÈS DE MONTBARD, PUIS TRANSFÉRÉ À SAINT HIPPOLYTE SUR LE DOUBS, DANS LA CHAPELLE DES BUESSARTS
1431
LE 31 MAI, JEANNE D'ARC EST BRÛLÉE VIVE SUR LA PLACE DU VIEUX MARCHÉ, À ROUEN
1438
MORT DE HUMBERT DE VILLERSEXEL ; LES CHANOINES DE LIREY DÉSIRENT RÉCUPÉRER LE SUAIRE ; MARGUERITE DE CHARNY REFUSE ; L'AFFAIRE SERA PORTÉE DEVANT LE PARLEMENT DE DOLE (MAI 1443) PUIS LE TRIBUNAL DE BESANÇON (JUILLET 1447) QUI DONNERONT TOUS LES DEUX RAISON À MARGUERITE DE CHARNY. LES CHANOINES N'EN RESTERONT PAS LÀ ET DEMANDERONT L'EXCOMMUNICATION DE MARGUERITE DE CHARNY, À LAQUELLE ILS RENONCERONT MOYENNANT COMPENSATION FINANCIÈRE EN 1459 (CE QUI REPRÉSENTE QUAND MÊME 21 ANS DE QUERELLE !)
1449
OSTENSION DU SAINT SUAIRE À CHIMAY (PRINCIPAUTÉ DE LIÈGE)
1452
LE SUAIRE EST EXPOSÉ AU CHÂTEAU DE GERMOLLES (PRÈS DE MÂCON)
1453
PRISE DE CONSTANTINOPLE PAR MEHMET II
1453
BATAILLE DE CASTILLON ET FIN DE LA GUERRE DE CENT ANS
1453
LE SAINT SUAIRE EST CÉDÉ AU DUC LOUIS DE SAVOIE PAR MARGUERITE DE CHARNY ET ARRIVE À CHAMBÉRY
1494
LE SUAIRE EST EXPOSÉ À VERCELLI POUR LE JOUR DU VENDREDI-SAINT
1503
GRANDE OSTENSION DE BOURG-EN-BRESSE
1506
SAINTE CHAPELLE DU SAINT SUAIRE À CHAMBÉRY ET INSTITUTION DE LA FÊTE LITURGIQUE DU LINCEUL LE 4 MAI PAR LE PAPE JULES II
1509
MARGUERITE D'AUTRICHE FAIT DON AU SUAIRE D'UN NOUVEAU RELIQUAIRE EN ARGENT
1516
FRANÇOIS I VIENT À CHAMBÉRY LE 15 JUIN 1516 POUR VÉNÉRER LE SUAIRE APRÈS LA VICTOIRE DE MARIGNAN (1515)
1520
RUPTURE DE LUTHER AVEC ROME, ENTRE AUTRES À CAUSE DE LA DÉVOTION AUX RELIQUES JUGÉE EXCESSIVE ; DÉBUT DU PROTESTANTISME
1530
CONFESSION D'AUGSBOURG ; LE PROTESTANTISME FAIT SON ENTRÉE EN FRANCE
1532
INCENDIE DE LA SAINTE CHAPELLE DE CHAMBÉRY DANS LA NUIT DU 3 AU 4 DÉCEMBRE ; LE SAINT SUAIRE EST ENDOMMAGÉ PAR LE FEU ET PAR L'EAU QUI SERT À ÉTEINDRE L'INCENDIE
1534
AUTHENTIFICATION DU SAINT SUAIRE APRÈS RESTAURATION PAR LES CLARISSES DE CHAMBÉRY
1535
GUERRE DE CHARLES QUINT CONTRE FRANÇOIS I QUI ENVAHIT LA SAVOIE ; LE SAINT SUAIRE EST TRANSFÉRÉ À VERCELLI (PIÉMONT), ET EXPOSÉ À TURIN LE 4 MAI
1536
LE SUAIRE EST EXPOSÉ À MILAN
1537
LE SUAIRE EST EXPOSÉ À NICE OÙ IL RESTE JUSQU'EN 1543
1549
LE SUAIRE EST CONSERVÉ DANS LE TRÉSOR DE LA CATHÉDRALE SAINT EUSÈBE À VERCELLI
1553
LES TROUPES FRANÇAISES METTENT À SAC VERCELLI LE 18 NOVEMBRE ; LE SUAIRE EST SAUVÉ PAR UN CHANOINE QUI LE CACHE DANS SA MAISON
1561
BREF SÉJOUR DU SAINT SUAIRE À ANNECY PUIS RETOUR À LA SAINTE CHAPELLE DE CHAMBÉRY
1562
DÉBUT DES GUERRES DE RELIGION QUI DURERONT JUSQU'EN 1598
1563
CLÔTURE DU CONCILE DE TRENTE (DÉBUTÉ EN 1545)
1578
ARRIVÉE DÉFINITIVE DU SAINT SUAIRE À TURIN LE 14 SEPTEMBRE ; IL SERA VÉNÉRÉ, ENTRE AUTRES, PAR SAINT CHARLES BORROMÉE (1578), SAINT FRANÇOIS DE SALES (1613), SAINTE JEANNE DE CHANTAL (1639), PIE VII (1804), ETC.
1670
LA CONGRÉGATION DES INDULGENCES ACCORDE UNE INDULGENCE PLÉNIÈRE AUX VISITEURS DU SUAIRE "POUR LA MÉDITATION DE LA PASSION, EN PARTICULIER DE LA MORT ET DE L'ENSEVELISSEMENT DU CHRIST"
1694
LE SAINT SUAIRE ENTRE DANS LA CHAPELLE ROYALE DE LA CATHÉDRALE DE TURIN (1 JUIN), DANS LE SANCTUAIRE CONÇU SPÉCIALEMENT PAR GUARINO GUARINI, OÙ IL SE TROUVE TOUJOURS ; IL EST FIXÉ SUR UNE DOUBLURE NOIRE NEUVE CONFECTIONNÉE PAR LE BIENHEUREUX SÉBASTIEN VALFRÉ QUI AJOUTE ÉGALEMENT QUELQUES RAPIÉÇAGES LÀ OÙ LES RÉPARATIONS DES CLARISSES SONT INSUFFISANTES
1868
LA PRINCESSE CLOTILDE DE SAVOIE COUD UNE NOUVELLE DOUBLURE DE SOIE ROUGE À L'ENVERS DU SUAIRE
1898
PREMIÈRE PHOTO DU SAINT SUAIRE PAR SECUNDO PIA ET DÉCOUVERTE QU'IL S'AGIT D'UN NÉGATIF PHOTOGRAPHIQUE
1902
PUBLICATION DE LA PREMIÈRE ÉTUDE SCIENTIFIQUE : "LE LINCEUL DU CHRIST" PAR PAUL VIGNON ; LE PROFESSEUR D'ANATOMIE COMPARÉE À LA SORBONNE, YVES DELAGE, AGNOSTIQUE, CONCLUE À L'AUTHENTICITÉ DU LINCEUL
1931
LE PHOTOGRAPHE GIUSEPPE ENRIE PREND DE NOUVELLES PHOTOGRAPHIES DU SUAIRE, D'UNE QUALITÉ EXCELLENTE
1935
PUBLICATION, PAR LE DOCTEUR PIERRE BARBET DES "CINQ PLAIES DU CHRIST", PUIS, EN 1949, DE "LA PASSION SELON LE CHIRURGIEN"
1969
UNE COMMISSION DE SCIENTIFIQUES EST AUTORISÉE À EXAMINER LE SUAIRE ; DE NOUVELLES PHOTOS SONT PRISES PAR GIOVANNI-BATTISTA JUDICA-CORDIGLIA, CETTE FOIS EN COULEURS ET SOUS ÉCLAIRAGE PAR LAMPE DE WOOD
1972
TENTATIVE D'INCENDIE CRIMINEL LE 1 OCTOBRE ; LE SUAIRE EST ÉPARGNÉ
1973
PRÉLÈVEMENT D'ÉCHANTILLONS PAR MAX FREI EN VUE D'UNE ÉTUDE SUR LES POLLENS ET PAR D'AUTRES SCIENTIFIQUES POUR ÉTUDE SUR LES TACHES DE SANG
1978
ETUDES SCIENTIFIQUES PAR LE STURP
1983
LE SAINT SUAIRE EST LÉGUÉ AU PAPE PAR LA FAMILLE ROYALE DE SAVOIE
1988
DATATION AU CARBONE 14 QUI CONCLUT À UN FAUX CRÉÉ ENTRE 1260 ET 1390.
1989
SYMPOSIUM SCIENTIFIQUE DE PARIS ET CRÉATION DU CIELT ; MISE EN ÉVIDENCE DE FAUTES GROSSIÈRES DANS LA DATATION AU CARBONE 14
1993
SYMPOSIUM SCIENTIFIQUE DE ROME ; CONFIRMATION PAR LA COMMUNAUTÉ SCIENTIFIQUE DE SON AUTHENTICITÉ
1997
INCENDIE CRIMINEL DE LA CHAPELLE ROYALE DE TURIN ; LE SUAIRE ÉCHAPPE "MIRACULEUSEMENT" À LA DESTRUCTION
1997
SYMPOSIUM SCIENTIFIQUE DE NICE : CONFIRMATION QUE LE LINCEUL DE TURIN N'EST PAS UNE RÉALISATION HUMAINE

                       





Giraud françois - Le Nouveau Testament

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/historique/valeur_hist/langue_originale/langue_origin_cadres.htm

 Note de l'auteur : que l'on ne se méprenne pas, je n'ai aucune connaissance de l'hébreu et j'ai fidèlement suivi les mots hébreux trouvés dans les livres de Jean CARMIGNAC, Claude TRESMONTANT ou Jacqueline GENOT-BISMUTH. Mais la réputation de ces auteurs, ainsi que la parfaite concordance de leurs conclusions, m'ont amené à leur faire une confiance aveugle ; et, pour copier BRASSENS, "pour eux, l'Evangile, c'est de l'hébreu" (mais dans le vrai sens du terme !)

A propos du titre  "Nouveau Testament"
               Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi les 27 livres (Évangiles, les Actes, l'Apocalypse, les lettres des Apôtres) étaient rassemblées dans un livre dont le titre est Nouveau Testament ? Pourquoi ce mot "Testament" ?
          A l'heure actuelle, un testament est un "acte unilatéral et solennel, révocable jusqu'au décès de son auteur, par lequel celui-ci dispose de tout ou partie de ses biens qu'il laissera en mourant" (Petit Robert). Quel rapport avec le Nouveau Testament ? Pour le comprendre, il faut remonter dans le temps.
              "Testament" est le mot français qui traduit le mot latin "testamentum", mot qui, pour les romains, avait le même sens que pour nous. Quand Saint Jérome a traduit la bible du grec en latin, le mot grec utilisé était "diatèkè" dont la signification pour les grecs était "disposition, arrangement, convention, pacte, testament" ; il a donc, fort logiquement, traduit "diatèkè" par "testamentum", toutefois le mot grec recouvrait aussi le sens de "pacte, convention", ce que l'on ne retrouve plus dans le mot "testamentum".
          Il existe un mot hébreu "bérit" dont la signification est "pacte, alliance" (Le Christ Hébreu, p 25). La traduction normale en grec de ce mot est "diatèkè" dont nous venons de parler.
          Imaginons un instant que le texte original ait été écrit en hébreu et que son titre était "La Nouvelle Alliance". Ce titre prend toute sa signification : dans ce livre on va traiter de la Nouvelle Alliance que Dieu va sceller avec les hommes à travers Jésus-Christ (l'Ancienne Alliance ayant été contractée avec Moïse, suite à la promesse faite à Abraham).
          Reprenons maintenant les traductions en ordre chronologique :
          L'hébreu "Bérit" qui signifie "pacte, alliance" est traduit par le grec "diatèkè" qui signifie "disposition, arrangement, convention, pacte, testament", lui même traduit en latin par "testamentum" qui signifie l'acte par lequel un mourant dispose de ses biens.
          On voit bien la logique des traductions successives qui sont toutes correctes, mais les mots utilisés dans chaque langue ne recouvrant pas exactement le même ensemble de significations, il y a eu un glissement sémantique progressif qui a abouti à transformer le sens original "pacte, alliance" en "donation de ses biens à ses héritiers", ce qui est une aberration.
          Ce qui est vrai pour "Nouveau Testament" l'est peut-être aussi pour d'autres mots ou phrases. Se pourrait-il que la langue originale soit l'hébreu et non le grec ? Et, dans ce cas, cela aurait-il des conséquences sur la signification de certains mots ou passages difficiles à comprendre dans le texte français ? Et cela permettrait-il de nous faire progresser dans notre datation de l'écriture des Evangiles ?
          Examinons donc le style général du texte, recherchons les expressions typiques de la langue hébraïque (les sémitismes).




Giraud françois - Langue des Évangiles


La langue d'écriture des Évangiles

               Tout le monde sait que Saint Jérôme a traduit vers 400 la bible du grec en latin (cette traduction s'appelle la "Vulgate" et est toujours en vigueur, du moins pour ceux qui s'intéressent encore au latin). Mais en quelle langue étaient écrits les Evangiles à l'origine ? En grec ou en hébreu ? La question soulève au moins autant de passion que l'époque de leur écriture (pratiquement déterminée actuellement), car de la réponse dépend une quasi-certitude : si les Évangiles ont été écrits en hébreu - ou en araméen, sorte d'hébreu "moderne" parlé au temps de Jésus par le peuple - , c'est qu'ils ont été écrits très tôt dans l'histoire du christianisme, alors que celui-ci n'avait pas encore débordé le domaine où on parlait les langues sémitiques. Or, le premier voyage missionnaire de Saint Paul date de 44/45, le second de 49/50 (à Athènes, à Corinthe), le troisième de 52/53. Il était à Ephèse en 53, puis en Macédoine, puis de nouveau à Jérusalem en 58/59, enfin à Rome en 60 où il sera exécuté ; quel aurait été l'intérêt d'écrire des récits en hébreu pour des populations qui n'en auraient pas compris un seul mot ? Si donc les premières rédactions des Évangiles ont été écrites en hébreu, c'est qu'elle s'adressaient aux Juifs, donc dans les tous premiers temps de l'évangélisation, à une période où les témoins oculaires foisonnaient et où il aurait été bien difficile de raconter n'importe quoi sans se faire apporter immédiatement une contradiction en règle ; les actes des Apôtres fourmillent de récits d'avatars faits aux apôtres, mais il n'y a pas de récit de contradiction publique. Si les déclarations publiques des Apôtres n'ont pas été contredites, c'est qu'elles étaient exactes, authentifiées par les nombreux témoins oculaires encore vivants.
               L'Abbé Jean Carmignac a entrepris de retranscrire du grec en hébreu les quatre Évangiles et, à sa grande surprise, il a  constaté que le travail ne serait pas aussi difficile qu'il avait pu le craindre car le grec des Évangiles ne correspondait pas du tout au grec classique, mais était un simple décalque de l'hébreu, sans fioriture, sans même changer l'ordre des mots des phrases hébraïques. Dans son livre "La Naissance des Évangiles Synoptiques", il en apporte une démonstration rigoureuse et son chapitre sur le recensement partiel des sémitismes ne comprend pas moins de 25 pages !
               Claude Tresmontant s'est essayé lui aussi à la transcription des Évangiles du grec en Hébreu et il a publié les quatre Évangiles en français directement traduit de l'hébreu ainsi reconstitué, avec de nombreuses, très nombreuses notes explicatives. La lecture en est un peu difficile peut-être, mais absolument passionnante. Il arrive à la même conclusion : le document de départ des Évangiles était sémitique. Son livre "Le Christ Hébreu", plus facile d'accès, est une mine d'explications, de démonstrations, pour tout dire de preuves propres à semer le doute dans l'esprit le plus récalcitrant.
               Pour l'instant, il n'a jamais été trouvé, dans les Évangiles, d'assertions frauduleuses. Ces manuscrits, destinés aux chrétiens des tout premiers temps (les premiers chrétiens étaient persuadés que la fin des temps était toute proche) ont toujours donné des détails qui, lorsque les vérifications ont été possibles, se sont avérés exacts. Pour le Suaire, on trouve de façon frappante la similitude entre les récits évangéliques et les traces inscrites sur le Linceul. Cela ne serait pas possible si les Évangiles avaient été écrits 100 ans plus tard par des groupes de gens qui ne seraient que des témoins au 3° ou 4° degré. Des erreurs, des exagérations n'auraient pas manqué de se produire. Aucune n'a été mise en évidence.






Giraud françois - Sémitismes

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/historique/valeur_hist/langue_originale/langue_origin_cadres.htm

SEMITISMES

Dans son livre "La Naissance des Evangiles Synoptiques", l'abbé Jean Carmignac fait un long recensement des sémitismes trouvés dans les Evangiles. Il n'est évidemment pas question de le paraphraser ni de le citer en entier. Par ailleurs, Claude Tresmontant, dans ses livres, cite de nombreuses expressions hébraïques et donne pour chacune son sens et son emploi dans les livres de l'Ancien Testament. J'ai essayé d'extraire quelques exemples simples mais significatifs pour stimuler votre curiosité et vous donner l'envie de compléter par vous-même cette brève incursion dans les textes originaux.

Les fils de la tente nuptiale
               Prenons Matthieu, chapitre 9, verset 15 : (les caractères gras sont de moi, pour souligner le passage intéressant)
                    "Et Jésus leur dit : " Est-ce que les compagnons de l'époux peuvent être dans le deuil tant que l'époux est avec eux ?".(traduction Bible Osty).
               Si vous avez la chance de posséder chez vous un exemplaire latin des Evangiles, vous verrez que la phrase correspondante est celle-ci :
                    "Et ait illis Jésus : Numquid possunt filii sponsi lugere quamdiu cum illis est sponsus ?"
               Le traducteur, en écrivant "filii sponsi" (qui veut dire "les fils du fiancé") avait déjà évacué une partie de la difficulté, car  le texte grec qu'il avait sous les yeux était "oi huoi tou numphônos" (qui veut dire littéralement en grec classique "Les fils de la tente nuptiale") et qui est la transposition fidèle de l'expression hébraïque originale "benei ha-houphah" (fils de la tente nuptiale).
          L'expression hébraïque "fils de" n'indique pas le lien de parenté parent-enfant, mais un lien de parenté beaucoup plus général : de la race de..., du genre de..., de la famille de..., du groupe de....
               L'expression "les fils de la tente nuptiale" n'a pour nous aucun sens ! mais rassurons-nous, cela n'en avait déjà pas pour un grec ; oi huoi tou numphônos est un sémitisme qui ne voulait strictement rien dire pour un grec, mais un juif reconnaissait immédiatement une allusion au Cantique des Cantiques (où le fiancé, celui qui a reçu l'onction par l'huile sacrée - le Messie - va épouser la fiancée - la Jérusalem nouvelle -) et il comprenait que cela revenait à dire "les compagnons de l'époux" ou "les compagnons du Messie", phrase qui prend d'ailleurs une toute autre dimension dans la bouche de Jésus quand il se l'applique à lui-même...
               Le problème est que nous possédons le texte grec de Matthieu où apparaît "oi huoi tou numphônos", ce qu'aucun grec n'aurait jamais écrit, pas plus qu'aucun français n'aurait écrit "les fils de la tente nuptiale", parce que cela n'a aucun sens dans ces deux langues. Si donc cette phrase apparaît dans l'évangile grec de Matthieu, c'est parce qu'elle a été servilement décalquée à partir de la phrase hébraïque (qui était parfaitement compréhensible pour un Juif), et donc que la version originale d'où a été extraite cette phrase était écrite en hébreu.

Géhenne
               Puisque nous en sommes à Matthieu, prenons le chapitre 5, verset 22 :
                    "Et moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère sera passible du jugement ; celui qui dira à son frère : Raca ! sera passible du sanhédrin ; celui qui dira : Fou ! sera passible de la géhenne du feu." (traduction de la Bible Osty)
              Que veulent dire exactement "Raca" ou "sanhédrin" ou "géhenne du feu" ? Voilà bien trois expressions hébraïques dans la même phrase qui n'ont guère de sens pour un français du XXI° siècle !
         Revenons au latin pour voir si nous y trouvons un éclaircissement :
                    " /.../ Qui autem dixerit fratri suo : Raca, reus erit concilio. Qui autem dixerit : Fatue !, reus erit gehennae ignis."
         Pour "Raca", nous n'avons pas progressé ; il s'agit simplement de la traduction phonétique d'une insulte courante en hébreu dont nous pouvons facilement deviner le sens qui devait approcher celui de notre banal "crétin", voire pire. On comprend facilement que le traducteur ait préféré garder le mot original...
         Par contre, "sanhédrin" a été traduit par "concilio" mot dans lequel nous retrouvons facilement notre mot "concile", avec sa connotation d'assemblée, ce qui est bien le sens du mot latin "concilium" : union, réunion, assemblée. Le mot hébreu "sanhédrin" avait donc simplement été décalqué en grec sans être traduit et Saint Jérome l'a traduit par son vrai sens d'assemblée (des sages, sous-entendu). Le sanhédrin était en effet un tribunal juif de 71 membres, choisis parmi les prêtres et les laïcs éminents, qui avait une très forte autorité en matière religieuse.
               En ce qui concerne "géhenne", en latin, on a employé tel quel, sans le traduire, le mot grec "géenna". Un petit coup d'œil au Bailly, pour voir : le mot géenna existe bien, mais la seule référence est justement Matthieu : le mot grec géenna n'existe pas en grec classique et il n'est cité dans ce dictionnaire de référence que parce qu'il a été employé dans l'édition grecque des Évangiles de Matthieu, Marc et Luc. Le mot grec géenna (qui recouvre le latin gehenna puis le français géhenne) n'est, en réalité, que la transformation orale de "geï ben", contraction d'une vieille expression biblique hébraïque "geï ben-Hinnôm", signifiant "la vallée des fils de Hinnôm".
         La vallée de Hinnôm, située au sud de Jérusalem, avait été autrefois un lieu où l'on offrait des sacrifices humains au dieu Moloch ; dans cette vallée, s'élevait une grande statue de ce dieu ; cette statue était creuse et on y allumait un feu dans lequel on jetait des enfants vivants.  L'expression "sera passible de la géhenne de feu" pourrait donc se traduire, en français du XXI° siècle, par "sera brûlé vif".
         Notez au passage l'emploi encore de "fils de" pour signifier "le groupe des gens qui se rendaient dans..."
               Nous avons donc une phrase grecque contenant quatre sémitismes dénués de toute signification pour un grec. Seul un juif s'adressant à d'autres juifs pouvait écrire une telle phrase en espérant être compris. Dans ce cas, il n'avait aucune raison d'écrire en grec, mais en hébreu (ou en araméen). Or, les Evangiles ont été destinés, dès les années 40, à la conversion des "gentils" (les païens non juifs), d'où leur conversion en grec. Donc le texte original, écrit en hébreu, a été écrit avant les années 40, c'est-à-dire très peu de temps après les événements relatés.

              Mais, toutes ces histoires d'hébreu, de grec et de latin, risquent de lasser quelques lecteurs, peut-être parce qu'ils n'ont jamais étudié ces langues, ou bien il y a longtemps, ou bien ils en ont gardé un mauvais souvenir... Avec des amis anglais, nous avons concocté un petit texte plein d'anglicismes, puis nous avons établi deux traductions : l'une littérale, l'autre en français plus stylisé, en essayant de traduire chaque idiotisme anglais par son équivalent français. Voici ces trois textes.
D'abord le texte anglais :
Dear Sir,
One of our employees, a real pain in the butt, caught red-handed one of his superiors who was going through his things. He was in a rotten mood because lie had been burning the midnight oil and was tired; he started insulting him, calling him a rotten apple, saying he had bats in the belfry. The rest of the staff took up the cudgels for one or the other and things went from bad to worse. There was a threat to call a strike. As you know, we are on our l_ast legs (and) a strike would be the last straw and we cannot chance our arm. I said to everybody to calm down and that we should live and let live. I did not come out of this with flying colours and my attempt at peace-making turned to dust and ashes; I feel I am between the deuil and the deep blue sea and I hope that you can come to sort out this can of worms.
Maintenant, la traduction gardant le sens des phrases, mais l'exprimant en un français correct :
Monsieur,
Un de nos employés, de caractère difficile, a pris sur le fait un de ses supérieurs qui fouillait dans ses affaires. D'une humeur massacrante car il avait travaillé tard le soir et était fatigué, il s'est mis à l'insulter, le traitant de sale type, de cinglé. Le reste du personnel présent a pris parti pour l'un ou pour l'autre et, les choses s'envenimant, il y a eu menace d'appel à une grève. Comme vous le savez, nous sommes au bord de la faillite, une grève serait la goutte d'eau qui fait déborder le vase et nous ne voulons pas prendre ce risque. J'ai demandé à tout le monde de garder son calme et de se montrer tolérant, mais sans grand succès et j'ai échoué dans ma tentative d'apaisement ; j'ai le sentiment d'être dans une impasse et je souhaite vivement votre venue pour régler ce problème difficile à résoudre.
Enfin, le texte français obtenu par traduction mot à mot
Monsieur,
Un de nos employés, une vraie douleur dans l'arrière-train, a surpris un de ses supérieurs la main rouge : celui-ci fouillait dans ses affaires. D'une humeur pourrie car il avait brûlé l'huile de minuit et était fatigué, il s'est mis à l'insulter, le traitant de pomme pourrie, lui disant qu'il avait des chauves-souris dans le beffroi. Le reste du personnel présent a pris les gourdins pour l'un ou pour l'autre et les choses sont allées de mal en pis. Il y a eu menace d'appel à une frappe. Comme vous le savez, nous sommes sur nos dernières jambes, une grève serait la paille qui brise le dos du chameau et nous ne voulons pas risquer notre bras. J'ai dit à tout le monde de garder son calme et que nous devrions vivre et laisser vivre. 1e ne suis pas ressorti de là avec les couleurs du drapeau flottantes et ma tentative d'apaisement s'est transformée en poussière et cendres; j'ai le sentiment d'être entre le diable et la mer bleue profonde et je souhaite vivement votre venue pour mettre de l'ordre dans cette botte de vers.
               Si nous donnons ce dernier texte à un lecteur français, il ne sera certain que d'une chose, c'est que ce texte n'a pas été écrit par un français pour des français. S'il a quelques connaissances en anglais, il reconnaîtra immédiatement des traductions littérales d'expressions anglaises familières et il en conclura fort justement que ce texte a été écrit par un anglais et traduit par une personne qui a tenu à faire passer en français la teneur - ou la saveur - des expressions anglaises. Le traducteur n'était pas inculte, même si la traduction semble étrange, car il n'y a pas de fautes, ni d'orthographe, ni de syntaxe. Il a délibérément pris le parti de serrer le texte anglais au plus près, tant pis pour la langue française !
               Revenons à nos moutons hébreux : quand nous lisons les expressions "Nouveau Testament", "fils de la tente nuptiale", "géhenne du feu", le problème est exactement le même : il s'agit de textes écrits en hébreu par des juifs, puis traduits en grec par des personnes désireuses avant tout non pas de faire une belle traduction (ils en auraient été capables !), mais de préserver au maximum le texte original, la langue d'accueil (le grec en l'occurrence) dût-elle en souffrir.
               Encore deux petits exemples, puisés cette fois chez Luc, dont on a dit qu'il avait écrit son évangile en un excellent grec ; d'abord la traduction littérale du texte grec de Luc qui nous est parvenu, puis celle puisée dans la Bible Osty (édition 1969).
Luc, 1, 6 :
"Ils étaient justes tous les deux devant la face de Dieu. Ils marchaient dans tous ses commandements et dans ses jugements , et n'était pas à eux d'enfant, car Elischebah était stérile et tous les deux étaient avancés dans leurs jours".
"Tous deux étaient justes devant Dieu et ils suivaient, irréprochables, tous les commandements et ordonnances du Seigneur. Mais ils n'avaient pas d'enfant, parce qu'Elisabeth était stérile et que tous deux étaient avancés en âge".
Luc, 20,  34-35
" Et il leur a dit, Ieschoua : les fils de la durée présente ils prennent des femmes et les femmes sont prises par de hommes, mais ceux qui sont jugés dignes de prendre part à ce monde de la durée qui vient et à la relevée d'entre les morts, ils ne prennent pas de femme et les femmes ne sont pas prises"
"Et Jésus leur dit : les fils de ce monde-ci prennent femme ou mari, mais ceux qui ont été jugés dignes d'avoir part à ce monde-là et à la résurrection d'entre les morts ne prennent ni femme ni mari."
               Je n'insiste pas, cela deviendrait lassant, tout l'évangile de Luc est ainsi, de même que ceux de Marc et de Jean. Pour s'en convaincre, il suffit de lire les livres de Claude Tresmontant. Les traductions françaises que nous lisons dans nos bibles ou nos missels sont des traductions exactes, certes, mais ce ne sont pas des traductions littérales ; si elles sont plus coulantes à lire, c'est au prix d'un certain éloignement de leur original hébraïque. Mais la version grecque des Evangiles que nous possédons est à l'évidence décalquée sur un texte sémitique.




Giraud françois - Sens et traduction


http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/historique/valeur_hist/langue_originale/langue_origin_cadres.htm
La modification du sens par la traduction
               Lorsque le sens d'une phrase n'est pas vraiment intelligible quand elle est écrit en grec, mais que cette même phrase devient logique dès qu'elle est traduite en hébreu, nous avons un argument très fort permettant de penser que cette phrase a été composée en langue sémitique.
               L'abbé Carmignac donne de nombreux exemples de cette perte de signification lors du passage de l'hébreu en grec. En voici deux, très significatifs :
  • l'un concerne une erreur de traduction. Pour la comprendre, il faut savoir que l'hébreu écrit ne comporte pas de voyelles, mais uniquement des consonnes. C'est au moment de la lecture que le mot est vocalisé. A un seul mot écrit, peuvent correspondre plusieurs prononciations et donc, plusieurs sens. Prenons Marc V, 11-13 (ce passage concerne la guérison d'un homme à l'esprit impur : "/.../ Or, il y avait là, sur la montagne, un grand troupeau de cochons en train de paître. Et [les esprits impurs] prièrent [Jésus] en disant :" envoie-nous dans les cochons, que nous entrions en eux." Et il le leur permit. Et, étant sortis, les esprits impurs entrèrent dans les cochons, et le troupeau s'élança du haut de l'escarpement dans la mer - environ deux mille - et ils s'étouffaient dans la mer."
Voici, intégralement cité, le commentaire de l'Abbé Carmignac à ce sujet : "En Marc 5, 13 le troupeau de porcs et évalué au chiffre d'environ deux mille. C'est absolument invraisemblable étant donné le caractère peu sociable des porcs et la maigre végétation de cette contrée de Transjordanie (le Golan actuel). Aussi Matthieu 8, 32 et Luc 8, 33 ont-ils eu soin de supprimer ce détail. Mais en hébreu K'LPYM, qui signifie environ deux mille si l'on vocalise ke'alpayîm, peut aussi être vocalisé enka'alâpim et signifier par bandes : les porcs se sont précipités par bandes dans le lac, mais leur nombre n'est plus précisé. (Naissance des Evangiles synoptiques, p46)
  • l'autre concerne la disparition du sens de la phrase. Pour la comprendre, il faut savoir qu'n hébreu, les noms propres ont une signification (ainsi Emmanuel  - immanou El - veut dire Dieu avec nous, Johanan veut dire Dieu fait grâce). Prenons Matthieu, 1, 21 : l'ange dit à Marie :"Tu appelleras son nom Jésus car lui il sauvera son peuple de ses péchés."
Voici, à nouveau intégralement cité, le commentaire de l'Abbé Carmignac : "La relation de causalitée indiquée par la conjonction "car" apparaît en hébreu, où yôshîa (sauvera) reprend la racine et la sonorité de yêshûa (Jésus), mais elle n'apparaît plus en grec. Donc, cette phrase a dû être prononcée et transcrite en hébreu. En grec la relation de causalité disparaît, et en français les traducteurs sont obligés de l'expliquer en note. (Naissance des Evangiles synoptiques p 37)
               Ces deux exemples peuvent difficilement s'expliquer si on n'admet pas une composition originale en hébreu.





Giraud françois - Style général du NT
http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/historique/valeur_hist/langue_originale/langue_origin_cadres.htm

En français, les phrases que nous employons sont structurées autour d'une proposition principale (comprenant un sujet, un verbe et, éventuellement, des compléments) et des propositions dites subordonnées (elles-mêmes comprenant sujet, verbe et complément si besoin). Ces différentes propositions sont relièes entre elles par des conjonctions . Il en est de même en grec :

Voici la première phrase de Luc, dans un grec classique parfait, dont la structure est très proche de notre français. C'est la seule phrase de Luc ainsi, toutes les autres sont des décalques en grec d'une syntaxe sémitique, comme nous allons le voir."Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, selon ce que nous ont transmis ceux qui, témoins oculaires dès le commencement, sont devenus ensuite serviteurs de la Parole, j'ai décidé, moi aussi, après m'être informé de tout depuis le début, d'en écrire pour toi l'exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus."
        
          L'ordre des mots aussi est différent d'une langue à l'autre :  en français, on aime bien mettre en tête de phrase le sujet, puis le verbe, puis les compléments ; en hébreu, c'est différent : en tête vient le verbe, puis le sujet, enfin le ou les compléments. De plus, les phrases sont souvent de simples propositions reliées par la conjonction "et". Prenons Luc II,33-34 ; en traduction mot à mot, cela donne :
"Et il était Joseph son père et sa mère en train de s'étonner sur les paroles qui étaient dites à son sujet ; et alors il les a bénis Siméon et il a dit en s'adressant à Marie..."
En traduction "francisée" telle que nous la trouvons dans la Bible osty, le résultat est :
"Et son père et sa mère étaient dans l'étonnement de ce qui se disait de lui. Et Siméon les bénit et dit à Marie, sa mère..."

          Prenons un autre texte de Luc (XX, 20-26), et regardons comment il est traduit en français par la Bible Osty et comment il était écrit dans le texte grec :

Texte grec original "décalqué" en français"Et alors ils ont tramé un plan contre lui et ils ont envoyé pour le guetter et monter une embuscade des hommes qui prétendent eux-mêmes être des justes afin de l'attrapaer par une parole pour le livrer aux autorités et à la main du gouverneur. Et ils l'ont interrogé et ils lui ont dit : "Rabbi nous savons que c'est avec vérité que tu parles et que tu enseignes et que tu ne relèves pas la face mais c'est bien dans la vérité que la voie de Dieu tu l'enseignes. Est-ce qu'il nous est permis de payer l'impôt à César oui ou non ?" Et alors lui il a reconnu leur fourberie et il leur dit : "Montrez-moi donc un dènarium de qui est-elle la figure qui est gravée et l'inscription qui est la-dessus ? Et alors eux ils ont dit : "De César." Et lui il leur a dit : "eh bien alors donnez donc ce qui appartient à César à César et ce qui appartient à Dieu à Dieu." Et ainsi ils n'ont pas été capables de l'attraper par une parole devant la face du peuple et ils ont été très étonnés de sa réponse et ils sont restés muets."

Texte grec traduit en français dans la Bible Osty"Et, l'ayant épié, ils lui envoyèrent des espions qui jouèrent les justes, pour le prendre en défaut sur quelque parole, de manière à pouvoir le livrer à l'autorité et au pouvoir du gouverneur. Et ils l'interrogèrent en disant : "Maître, nous savons que tu parles et enseignes correctement et que tu n'as pas égard à la personne, mais qu'en toute vérité tu enseignes la voie de Dieu. Nous est-il permis ou non de payer l'impôt à César ?" Pénétrant leur astuce, il leur dit : "Montrez-moi un denier. De qui porte-t-il l'effigie et l'inscription ? Ils dirent : "De César." Il leur dit : "Ainsi donc, rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu." Et ils ne parvinrent pas à le prendre en défaut sur quelque propos devant le peuple et, étonnés de sa réponse, ils gardèrent le silence."

          Le style du texte grec original n'est pas du tout celui que l'on trouverait chez n'importe quel auteur grec de la même époque. Si ce texte avait été écrit par un auteur grec, son style ressemblerait comme un frère à celui de la traduction de la Bible Osty, le grec et le français étant deux langues très proches dans leur syntaxe. Par contre, le style du texte grec original est la copie conforme du style qui aurait été employé par un auteur juif écrivant en hébreu - ou en araméen -. On est obligé de conclure que le texte grec a été obtenu en décalquant un texte hébreu - ou araméen - original.
        Notez qu'il n'y a pas de fautes dans le texte grec original, il y a seulement la volonté de serrer au plus près le texte sémite, la langue grecque dût-elle en souffrir. Le traducteur n'était pas un inculte, il avait seulement pour but de rendre une traduction aussi fidèle que possible au texte original. Et tout l'Evangile de Luc est du même style, hormis sa première phrase :


Les redondances
        Il s'agit de tournures de phrases proches du style oral, où on répète le même mot ou la même idée ; les Évangiles en fourmillent, pas les textes grecs classiques. Exemple :
Matthieu, II,10 : "Et lorsqu'ils ont vu l'étoile, ils se sont réjouis une grande joie au plus haut point
Matthieu, III, 1 : "Et dans ces jours-là il est venu Johanan celui qui plongeait [les gens dans l'eau] et il a crié dans le désert de juda et il a dit :..."
Matthieu III, 17 : "et voici une voix qui venait des cieux et elle a dit :..."
Matthieu, IV, 4 : "alors lui il a répondu et il a dit..."
Nous n'en sommes qu'au quatrième chapitre de Matthieu et nous avons déjà quatre exemples. Il en est de même jusqu'au bout de son Évangile. Luc fait de même :
Luc, I, 19 : "Et alors il a répondu le messager et il a dit..."
(Luc, VIII, 5) : Il est sorti le semeur et pendant qu'il semait la semence...
        Et ainsi de suite, tout au long du texte des quatre évangélistes.




Giraud françois - Historicité des Évangiles

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/historique/valeur_hist/historicite/hist_evan_cadres.htm

Historicité des Évangiles
I . Généralités
          L'étude critique de l'historicité des Évangiles repose sur la qualité extrinsèque des manuscrits qui nous sont parvenus (leur support, la qualité d'écriture, la conservation) et sur leur qualité intrinsèque (sérieux de la source et des copies).
                    A. Les matériaux utilisés
          Les tablettes d'argile : il s'agit du plus vieux matériau utilisé ; il en a été retrouvé plusieurs dizaines de milliers en Mésopotamie. Les plus anciennes remontent à 2800 avant Jésus-Christ environ. C'étaient de petites plaques d'argile qui étaient gravées encore humides avec un roseau taillé en pointe.
tablette argile.jpg (9031 octets)
Le papyrus : C'est une découverte des Égyptiens. Le papyrus est une plante qui poussait en abondance sur les bords du Nil. Après cueillette des tiges et suppression de leur écorce, le cœur de la plante était découpé en longues lanières qui étaient juxtaposées en deux couches perpendiculaires unies par une sorte de colle à base de farine, puis, une fois séchées, légèrement huilées. Dans des conditions sèches, ce matériau se conservait assez bien, mais restait quand même assez fragile, ce qui explique le petit nombre de documents qui nous sont parvenus. Sa confection était évidemment plus complexe que celle des tablettes d'argile, mais son poids facilitait l'écriture - et donc la diffusion - de documents volumineux. Son usage s'est abandonné vers le VIII° siècle, mais son nom s'est perpétué jusqu'à nous, car c'est de lui que vient notre mot "papier"
Sur ce morceau de papyrus, on distingue nettement les lanières parallèles de tiges de papyrus.
Extrémité d'une tige de papyrus.
          Le parchemin : fait à partir de peaux de bêtes traitées à l'eau de chaux, il s'agissait d'un matériau onéreux et long à préparer. Il avait cependant l'avantage d'être résistant, léger, facile à travailler, de bonne conservation et, qualité très appréciable, d'être réutilisable (l'encre pouvait être grattée, rendant au parchemin son aspect d'origine ; actuellement, l'examen aux ultra-violets permet de voir les anciennes écritures effacées),
isaie.gif (21728 octets)
          Le cuir, connu depuis de nombreux siècles, devait aussi être préparé à partir de peaux d'animaux, mais traitées par des tanins végétaux et non par la chaux. On retrouve les mêmes avantages et inconvénients que pour le parchemin.
samuel cuir ecrit p 115.jpg (2612 octets)
          Le papier : cette fois, il ne s'agit plus de lanières végétales juxtaposées, mais de fibres végétales très fines réduites en pâte et cette pâte est étalée et mise à sécher. Son usage s'est répandu à partir du XIV° siècle.

                   B. La présentation des documents
          Les feuilles isolées : comme leur nom l'indique, il s'agissait de petits documents tenant sur une seule feuille (papyrus, parchemin, cuir, papier).
          Les rouleaux : Il s'agissait de l'assemblage bout à bout de feuilles, quelqu'en soit le matériau. La première et la dernière feuilles étaient fixées sur un bâton et tout le document était enroulé sur lui-même à partir des deux extrémités, à la manière de nos cassettes audio ou vidéo. Pour accéder à un endroit quelconque du document, il suffisait de dérouler une extrémité pendant qu'on enroulait l'autre. Quand le document était grand, cela pouvait devenir fastidieux, surtout si l'on voulait accéder à deux parties assez éloignées l'une de l'autre...(On parle de rouleaux atteignant plus de six à huit mètres de longueur)
          Les codex : il s'agit de feuilles (quelqu'en soit le matériau) reliées entre elles à la manière de nos livres modernes. Le côté pratique de cette présentation a fait qu'elle a très rapidement remplacé les rouleaux.

II. Étude des documents

     Il nous est parvenu environ 13 000 documents manuscrits concernant les 27 livres composant le Nouveau Testament. Certains de ces documents ne contiennent que quelques fragments de lignes, d'autres sont des ouvrages quasiment entiers. Contrairement à ce que l'on pourrait croire en première approche, les spécialistes parviennent parfois à identifier avec certitude même les tout petits documents, pourvu qu'ils possèdent quelques particularités significatives (associations rares de certaines lettres, noms propres...)
                    Le Qumrân 7Q5 : Le papyrus 7Q5 (5° papyrus découvert dans la 7° grotte de Qumrân) a été formellement identifié par C. P. Thiede comme une copie en grec d'un passage de l'Évangile de Marc (Chapitre VI, versets 52-53). Les grottes de Qumrân ayant été murées en 68, ce papyrus est évidemment antérieur à cette date.
p7q5.jpg (3112 octets)à gauche, on voit le fragment 7Q5 tel qu'il apparaît.
à droite, le fragment esst inséré dans son texte d'origine. Une étude faite sur tous les documents bibliques a montré qu'aucun autre passage des Ecritures ne pouvait correspondre à ce fragment
Marc 7q5.jpg (2785 octets)


                    Le papyrus Magdalen : il s'agit de trois petits fragments de papyrus, écrits recto-verso en grec, actuellement au Magdalen College d'Oxford, que C. P. Thiede a datés du milieu du 1° siècle et identifiés comme six passages de l'Évangile de Matthieu, chapitre XXVI, versets 7-8, 10, 14-15, 22-3, 26-31, 32-33.
                    Le Rylands 457, aussi appelé p52 ("p" pour papyrus), est un fragment d'environ 9 x 6 cm, écrit recto-verso, portant 7 fragments de lignes d'écriture grecque sur chaque côté qui ont permis de l'identifier formellement comme appartenant à l'Évangile de Jean, chapitre XVIII, versets 31-33 au recto, versets 37-38 au verso. Il est daté de 125. Il provient d'un codex d'environ 66 feuilles de format 20 x 20 cm.
p52.jpg (4458 octets)
                    Les papyrus Bodmer II, VII, XIV et XV : ils appartiennent à la Bibliothèque Suisse de Genève. Le Bodmer II (p66), daté de l'an 200 environ, contient 108 feuillets représentant une grande partie des premiers chapitres de l'Évangile de Jean. Le Bodmer VII (p72), codex de 180 pages, daté du III° siècle, contient les deux épîtres de Pierre et celle de Jude. Les Bodmer XIV et XV (p75), datés aussi du III° siècle, contiennent une partie de l'Évangile de Luc (chapitres 3 à 24) et de Jean (chapitres 1 à 15).
                    Les papyrus Chester Beatty : actuellement à Dublin, à la Chester Beatty Librairy, ils représentent 11 fragments de codex couvrant 23 livres de la bible, dont 15 du Nouveau Testament. Ils sont datés entre les 2° et 4° siècles.
  • Le papyrus p45, composé de 30 feuillets, contient des fragments des quatre Évangiles et des Actes,
  • le papyrus P46 contient, en un seul codex, 9 des 14 épîtres de Paul,
  • le papyrus P47
                    Le Codex Vaticanus, fait de parchemin, situé à la Bibliothèque du Vatican, daté du 4° siècle, contient toute la bible (Ancien et Nouveau Testaments) avec de très minimes lacunes.
                    Le Codex Sinaïticus, situé au British Museum, daté du 4° siècle, contient une partie de l'Ancien Testament et presque tout le Nouveau Testament (manquent l'Apocalypse, les épîtres de Paul, l'épître aux hébreux).
                    Le Codex Alexandrinus, conservé au British Museum, daté du 5° siècle, contient une partie de l'Ancien et du Nouveau Testament, notamment l'Apocalypse.
                    Le Codex Claromontanus, détenu à la Bibliothèque Vaticane, daté du 4° siècle, est une traduction latine du Nouveau Testament antérieure à celle de Saint Jérome.

III. Les témoignages des anciens auteurs

                    Papias : évêque de Hiérapolis au 2° siècle, écrivit un ouvrage "Exégèse des Faits et Gestes du Seigneur", dont nous connaissons des extraits car ils sont cités par Eusèbe de Césarée dans son "Histoire de l'Église". Voici ces extraits :
  • "Marc, qui était l'interprète de Pierre, a écrit avec exactitude, mais pourtant sans ordre, tout ce dont il se souvenait de ce qui avait été dit ou fait par le Seigneur. Car il n'avait pas entendu ni accompagné le Seigneur, mais plus tard, comme je l'ai dit, il a accompagné Pierre. Celui-ci donnait ses enseignements selon les besoins, mais sans faire une synthèse des faits et gestes du Seigneur. De la sorte, Marc n'a pas commis d'erreur en écrivant comme il se souvenait. Il n'a eu, en effet, qu'un seul dessein, celui de ne rien laisser de côté de ce qu'il avait entendu et de ne tromper en rien dans ce qu'il rapportait."
  • "Matthieu réunit donc en langue hébraïque les faits et gestes [du Seigneur] et chacun les traduit comme il en était capable."
                    Irénée, évêque de Lyon, a écrit, dans les années 180-185, "Contre les Hérésies" dans lequel on trouve :
  • "Matthieu publia chez les Hébreux dans leur propre langue une Écriture d'Évangile, Pierre et Paul évangélisant à Rome et fondant l'Eglise ; après leur départ, Marc, le disciple et traducteur de Pierre, lui aussi nous a transmis par écrit la prédication de Pierre. Luc, le compagnon de Paul, mit dans un livre l'Évangile prêché par lui."
                    Eusèbe de Césarée, né vers 265, mort vers 340, est l'auteur du livre   "Histoire Ecclésiastique".
  • Pantène dirigeait "l'académie" d'Alexandrie dans les années 180-192 ; Eusèbe, en parlant de lui, écrit : "On dit qu'il alla dans les Indes ; on dit encore qu'il trouva sa venue devancée par l'Evangile de Matthieu, chez certains indigènes du pays qui connaissaient le Christ : à ces gens-là, Barthélemy, un des apôtres, aurait prêché et il leur aurait laissé, en caractères hébreux, l'ouvrage de Matthieu, qu'ils avaient conservé jusqu'au temps dont nous parlons."
  • Ailleurs, Eusèbe ajoute : "Matthieu prêcha d'abord aux Hébreux. Comme il devait aller aussi vers d'autres, il livra à l'écriture, dans sa langue maternelle, son Évangile, suppléant du reste à sa présence par le moyen de l'Ecriture, pour ceux dont il s'éloignait."
                    Origène, né en 185, mort en 253 ou 254, dit dans son "Commentaire  sur Saint Matthieu" (écrit vers 245) :
  • "Comme je l'ai appris dans la tradition au sujet des quatre Évangiles qui sont aussi seuls incontestés dans l'Eglise de Dieu qui est sous le Ciel, d'abord a été écrit celui qui est selon Matthieu, premièrement publicain, puis apôtre de jésus-Christ : il l'a édité pour les croyants venus du Judaïsme, et composé en langue hébraïque. Le second [Évangile] est celui selon Marc, qui l'a fait comme Pierre le lui avait indiqué."
          Il existe encore une vingtaine d'autres témoignages plus tardifs affirmant que Matthieu avait écrit son Évangile en hébreu.
         Au total, nous avons donc en notre possession actuelle environ 13 000 manuscrits (5 000 en grec, 8 000 en d'autres langues, datés entre le 1° et le 14° siècles) et environ 36 000 citations extraites des écrits des Pères de l'Eglise. L'abondance de cette documentation a permis à des érudits d'étudier attentivement le texte du Nouveau Testament tel qu'il est actuellement admis, et de conclure qu'il était parfaitement conforme aux textes originaux.
        Cette énumération de "bouts de papyrus ou de parchemins" peut à première vue laisser sceptique sur la possibilité de connaître avec précision le contenu du Nouveau Testament ; pourtant il n'en est rien, l'archéologie et la papyrologie sont des sciences au vrai sens du terme, et on n'a pas attendu le 21° siècle pour connaître le vrai contenu des Écritures. La Vulgate, traduction officielle en latin de la Bible, a été faite par Saint Jérome à la fin du 4° siècle et terminée en 405.
        Et qu'en est-il par rapport aux autres livres antiques ? Possédons-nous les manuscrits des auteurs classiques ? Personne ne discute sur les écrits de César, Cicéron et autres Virgile ; et pourtant...
       Nous ne possédons que quelques centaines de copies de manuscrits pour ces auteurs (et même une seule pour Tacite !), alors que nous en avons quelques milliers pour le Nouveau Testament, et si seulement 300 ans séparent la vie de Jésus du Codex Vaticanus, il y a un trou de 400 ans entre Virgile et le premier manuscrit complet de ses œuvres, 1000 ans pour Jules César, 1300 ans pour Platon et 2300 ans pour Homère...




Giraud françois - Historicité de Jésus

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/historique/valeur_hist/historicite/hist_evan_cadres.htm

Historicité de Jésus              
               L'existence de Jésus est-elle historiquement attestée ?  Nous avons des traces de l'existence d'un homme appelé Jésus (ou Christ) chez des auteurs païens qui l'ont nommément cité :
          Flavius Josèphe entre 93 et 94: "En ce temps-là, était Jésus qui était un homme sage (... ) Des principaux de notre nation l'ayant accusé devant Pilate, il le fit crucifier" (Ant. Iud., 5, 1-7).
          Tacite (Annales, XV, 45) écrit au début du 2° siècle (vers 116), en parlant des chrétiens : "Leur nom leur venait de Christ qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur  Ponce-Pilate. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée où elle avait sa source, mais dans Rome même"
          Pline le Jeune, proconsul romain de Bithynie et du Pont (Asie mineure), écrit en 111 que les Chrétiens "se réunissent avant l'aurore à des jours déterminés pour chanter des hymnes au Christ comme à un Dieu" (Epist. 10, 96).
          Suétone (fin du 1° siècle, début du second), dans sa Vie de Claude, dit : "Il chassa de Rome les Juifs qui s'agitaient sans répit à l'instigation de Chrestus".
               Par ailleurs,  la présence des chrétiens à Rome et leur tentative d'extermination par Néron (empereur entre 54 et 68) sont bien connues.
               A ces témoins impartiaux (quelle pouvait être à leurs yeux l'importance de ce fait divers : l'auteur d'une hérésie avait été condamné à mort par les Juifs sous Ponce Pilate ?) il faut ajouter la multitude des textes religieux  qui ont une valeur historique certaine (voir Historicité des Évangiles).
               L'existence de Jésus comme personnage historique du premier siècle ne fait donc aucun doute.




Giraud françois - Datation des Evangiles

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/historique/valeur_hist/datation/datation_cadres.htm

La datation des Evangiles
                              Quand ont été écrits les Évangiles ? Il a été accepté pendant 18 siècles environ que le Nouveau Testament avait été écrit tôt dans l'histoire du christianisme, au cours du premier siècle, disons entre les années 50 et 100. Puis, sont intervenus quelques auteurs (Spinoza au XVII°, Renan au XIX° pour ne citer qu'eux) qui ont déplacé la période d'écriture des Évangiles à la fin du 1° siècle et au début du 2°. Quelle importance direz-vous, si tout le monde est d'accord sur leur contenu ? L'importance justement est de taille, pour ne pas dire primordiale, car c'est justement du contenu qu'il est question :
               - si les évangiles sont une composition tardive, fruit d'une longue tradition orale, leur contenu est à interpréter en fonction non seulement de leur origine, mais aussi de la culture et des traditions des différents intermédiaires qui nous les ont transmis, chacun apportant son lot d'interprétations et de modifications.
               - par contre, si les Évangiles ont été écrits par les témoins directs des événements, leur contenu, aussitôt diffusé par les nouveaux chrétiens tout enflammés de zèle missionnaire :
  • d'abord reflétait aussi exactement que possible les paroles et les actes de Jésus
  • ensuite pouvait être controversé par les contemporains : on cite des guérisons miraculeuses (l'aveugle-né, le paralytique, les lépreux...), des miracles "peu banals" comme la résurrection de Lazare, la multiplication des pains, la pêche miraculeuse... tous ces faits s'étant déroulés en public, parfois même en très grand public. S'ils étaient faux, on ne se serait pas gêné pour le dire et ce serait bien étrange que nous n'ayons pas de trace de ces discussions. Or, nous n'en avons pas.
               Un des arguments avancés par ceux qui disent que les évangiles sont de composition tardive est qu'ils renferment des récits de miracles et des prophéties ; or, comme d'après eux les miracles et les prophéties sont impossibles, il ne peut s'agir que de récits tardifs, en quelque sorte, de "Comptes et Légendes" de Jésus-Christ.
               Impossibles les miracles ?
  • Et Lourdes ? Sur plus de 6000 guérisons signalées depuis 1858, après avoir retiré tous les dossiers où il pouvait y avoir le plus petit embryon d'explication scientifique, tout passé au crible le plus fin, il y a encore 65 guérisons totalement inexplicables. Je sais bien que certaines autorités religieuses préfèrent parler "d'un signe de l'amour de Dieu" plutôt que d'un "miracle", mais cette distinction subtile n'enlève rien au fait lui-même : ces guérisons "impossibles" ont bien eu lieu, contre toute attente, immédiatement, sans aucune intervention extérieure, et elles ont été vérifiées par des milliers de témoins...
  • Et Fatima ? Le 13 octobre 1917, devant 70 000 personnes venues de toute la région, réparties sur plusieurs kilomètres carrés, à l'heure prévue et annoncée plusieurs mois à l'avance, le soleil s'est mis à "danser" pendant plusieurs minutes ; et tout le monde l'a vu, les croyants et les incroyants, y compris ceux qui venaient exprès pour pouvoir témoigner que ce fameux signe du ciel n'avait pas eu lieu. Tous ont vu le miracle annoncé, les journaux de l'époque en ont parlé, des copies de l'édition originale existent encore.

               Alors ? Impossibles les miracles ?
               L'autre argument sur la composition tardive des Evangiles est que Jésus avait annoncé la destruction de Jérusalem :
"Des jours viendront sur toi, tes ennemis t'environneront de tranchées, ils t'envelopperont et te presseront de toutes parts ; ils te renverseront à terre, toi et tes enfants qui sont dans tes murs, et ils ne laisseront pas en toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas reconnu le temps où tu as été visitée" (Luc, 19, 43-44)
et que, par principe, une prophétie est impossible. Plus impossible ou difficile qu'un miracle ? Plus impossible à Jésus en son temps qu'à Marie en 1917 à Fatima ?
          Les 13 juillet, 19 août et 13 septembre 1917, Marie faisait savoir qu'elle accomplirait sur le lieu même de ses apparitions un grand miracle le 13 octobre "que tout le monde pourrait voir" ; les voyants ont fait part de cette annonce immédiatement après chaque apparition, elle a été consignée par écrit dans les rapports recueillis sur place par les forces de l'ordre et par le curé du village. Et le 13 octobre à midi, 70 000 personnes présentes voyaient le grand miracle annoncé par 3 fois, 1 mois, 2 mois et 3 mois auparavant. Et cela s'est passé il n'y a même pas un siècle, et nous en avons toutes les preuves voulues.
               Alors, impossibles les prophéties ? Le bon sens populaire dit depuis longtemps "qu'il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre".





Giraud françois - Valeur historique ...

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/historique/valeur_hist/historicite/hist_evan_cadres.htm

VALEUR  HISTORIQUE  DES   ÉVANGILES

C'est un sujet bien difficile, au sens propre comme au sens figuré, où les polémiques vont bon train et où la passion semble souvent prendre le pas sur la raison...
  • Au sens propre, car il fait intervenir de nombreuses disciplines (archéologiques, linguistiques, historiques, papyrologiques,...) au cœur desquelles les spécialistes eux-mêmes ne parviennent pas à se mettre d'accord sur tout. Alors, quand l'auteur n'est expert dans aucune de ces matières...
  • Au sens figuré, car de l'historicité des Évangiles dépend la confiance que l'on peut leur accorder et, de là, une bonne partie des fondements de la Foi Chrétienne. Ce sont d'ailleurs les arrière-pensées religieuses qui sous-tendent les querelles d'experts, ce qui a le mérite de bien poser le problème : depuis toujours on disserte de la philosophie de Socrate, bien qu'on ne l'étudie qu'à travers Platon ; mais personne ne se pose la question de savoir si Platon a retransmis fidèlement la pensée du Maître. Par contre, pour les Évangiles, si certains veulent y voir des récits recueillis par des contemporains de Jésus, donc très proches de l'authenticité "absolue", d'autres voudraient bien n'y voir que des récits de seconde - ou même de troisième - main ; les textes, dans ce cas, remaniés par une ou deux générations de personnes n'ayant pas connu Jésus, ne seraient plus à prendre au pied de la lettre, chacun pouvant ainsi choisir ce qui lui convient, laisser le reste... ou l'interpréter à sa guise.
               Toutefois, comme pour l'étude du Linceul, nous allons procéder par ordre, pas à pas, en essayant de dégager les points sur lesquels tout le monde s'accorde à peu-près, et nous essaierons aussi d'examiner sans parti-pris les points essentiels accessibles à l'intelligence de toute personne qui veut bien examiner les faits avec rigueur. Pour ce qui concerne les détails, laissons aux exégètes le soin de les étudier et d'en disserter, le résultat global n'en dépendant pas, même si leur étude est tout aussi passionnante et enrichissante.
*



Giraud françois - Horaire journalier


HORAIRES   DE  LA  JOURNEE
               Il va de soi qu'à cette époque, il n'y avait pas de décalage entre les heures légales et les heures solaires... Le cadran solaire indiquait midi à midi qui, par définition, était la fin de la sixième heure (midi vient de medius dies, le milieu du jour).
La terre, en tournant sue elle même en 24 heures donne l'impression que le soleil "se lève à l'est" et "se couche à l'ouest". Comme un tour complet de la terre représente une rotation de 360 ° et qu'il s'accomplit en 24 heures, il est simple de calculer que le déplacement apparent du soleil dans le ciel est de 15° par heure. Au cours de son déplacement, il passe par le sud (pour les habitants de l'hémisphère nord), et il indique cette position à midi, quelle que soit l'époque de l'année.
Comme la répartition entre le jour et la nuit varie avec les saisons, il est évident que le déplacement apparent du soleil durera plus longtemps l'été que l'hiver et que, sa vitesse angulaire étant constante, il devra se lever et se coucher plus au nord pour passer au sud à midi tous les jours. Au solstice d'hiver (21 décembre), le soleil se lève au sud-est, passe au sud à midi et se couche au sud-ouest. A l'équinoxe (21 mars et 21 septembre), il se lève à l'est et se couche à l'ouest. Au solstice d'été (21 juin), il se lève au nord-est, passe au sud à midi et se couche au nord-ouest
               Les jours et les nuits étant divisés arbitrairement en 12 heures chacun, la durée de chaque "heure juive" variait évidemment avec la saison et, à la latitude de la Palestine, une "heure juive" d'hiver durait seulement 50 de nos minutes françaises, alors qu'en été elle en durait 70. En ce qui concerne la Passion, qui s'est déroulée début avril, donc très près de l'équinoxe de printemps, la durée des "heures juives" était très peu différente de la durée de nos heures françaises actuelles. La première "heure juive" durait donc de 6 heures à 7 heures, la troisième "heure juive" de 9 à 10 heures, la sixième "heure juive" de 11 heures à midi, la neuvième "heure juive" de 15 à 16 heures, la fin du jour présent ayant lieu à 18 heures, ce qui correspondait aussi au début du lendemain. C'est pour cela que le Sabbat débutait le vendredi soir à la fin de la douzième "heure juive".
               Les systèmes grecs et romains étaient très proches, les journées étant comptées de la même façon, mais les nuits, au lieu d'être divisées en "heures", étaient divisées en "veilles".
               Pour mémoire, l'invention du cadran solaire semble remonter à environ 250 avant Jésus-Christ, du moins dans cette partie du monde.





Giraud françois - Jérusalem

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/annexes/annexe.htm

Jérusalem
Photographie d'une maquette de Jérusalem au temps d'Hérode. Elle est située à Jérusalem dans le parc de l'hôtel Holyland.
(photo de Jay Maisel, in Jérusalem, éditions Time Life)
Maquette de Jérusalem au temps de Jésus. Les principaux bâtiments cités dans la Passion de Jésus ont été représentés en couleurs dans l'image au-dessous. Les dimensions sont d'environ 1 km sur 2 km.  (11430 octets)
On distingue : en rouge, la forteresse Antonia accolée au Temple (en jaune pâle), en bleu le Palais d'Hérode ; le petit point vert proche du Palais est le Cénacle, le point orange correspond au Golgotha (le calvaire). Le Mont des Oliviers est situé à l'arrière plan, juste au-delà de la vallée du Cédron.
Coloration des principaux bâtiments cités dans le récit de la Passion par les Evangiles. Cette image permet de se faire une meilleure idée des lieux et des distances.   (7518 octets)
1Jardin de Gethsémani, au Mont des Oliviers
2Palais de Caïphe et Anne, son beau-père
3Forteresse Antonia, siège de Pilate, représentant l'autorité romaine
4Palais d'Hérode Antipas
5Le Calvaire (Golgotha)
6Le Temple
Sur ce plan de Jérusalem, ont été figurés les trajets parcourus par Jésus pendant la nuit du jeudi 13 nisan au vendredi 14 (probablement de l'an 30). Partis du jardin des Oliviers (1), il fut conduit chez Anne  puis chez Caïphe (2) dont les palais étaient voisins. Au lever du jour, il fut amené à Pilate, probablement à la forteresse Antonia (3) puis escorté jusque chez Hérode (4) qui le retourna à Pilate (3). De là, après avoir été flagellé, il fut conduit au Golgotha (5) pour y être crucifié.  (18522 octets)
(D'après J Genot-Bismuth : Un Homme nommé Salut)
Trajet accompli par Jésus au cours de sa Passion, d'après les Évangiles :
Arrestation au jardin de Gethsémani
Comparution devant Anne; nuit d'interrogatoire
Transfert à la forteresse Antonia et comparution devant Pilate
Transfert devant Hérode
Retour devant Pilate; flagellation, couronnement d'épines
Portement de croix de la forteresse Antonia jusqu'au lieu du supplice : le Golgotha. Crucifixion et mort.




Giraud françois - La Passion

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/passion_fr.htm
La Passion selon les Evangiles 
Nous avons commencé - fort logiquement - notre travail en examinant avec soin le Suaire de Turin et nous y avons trouvé les traces des supplices (coups, couronnement d'épines, chutes, portement de croix, crucifixion) et de la mort d'un homme du 1° siècle de notre ère ; nous avons vu que cet homme ne pouvait être que Jésus de Nazareth. Essayons maintenant, à la lumière du récit des Évangiles, de faire la démarche inverse : reconstituons les dernières heures de sa vie, depuis son arrestation jusqu'à sa mise au tombeau.
               Pour ceux qui se demanderaient quel crédit accorder aux récits évangéliques et à leur valeur historique, il est conseillé de se rapporter à l'article "Historicité des Évangiles", dans la page FAQ, où ils trouveront les principaux arguments justifiant leur sérieux ; dans ce récit de la Passion, nous suivrons fidèlement le récit évangélique. Ce récit étant un tout, c'est volontairement que je n'ai pas introduit de liens hypertexte vers d'autres pages, pour ne pas risquer de tenter la curiosité du lecteur sur tel ou tel détail au risque de lui faire perdre la notion d'unité dramatique du récit. Tous les points dont il est fait mention sont développés dans les chapitres facilement accessibles par la barre de navigation ou par la table des matières.
               Nous sommes dans la soirée du jeudi 13 Nisan de l'année 30 (le 7 avril), vers 19 H, veille de la Pâque officielle qui débutera le lendemain 14 au soir, vers 18 heures. Normalement, le repas pascal devrait avoir lieu le lendemain. Toutefois, il semble parfaitement établi qu'il existait, au temps de Jésus, deux calendriers concomitants, un "officiel", prôné par les prêtres et les pharisiens, un "officieux", pratiqué par le commun des Juifs. Jésus et ses disciples dînent dans la salle haute (le Cénacle) préparée à sa demande pour le repas pascal ; ils ont partagé le pain et le vin et Judas les a quittés après que Jésus a annoncé sa prochaine trahison. Une fois le repas fini, vers 21 H, les onze disciples et Jésus sont sortis de Jérusalem vers l'est, ont traversé le Cédron et sont allés au jardin de Getsémani, sur les pentes occidentales du Mont des Oliviers, un de leurs lieux de promenade habituels.
               Là, Jésus, qui sait que son arrestation est imminente, commence à ressentir les atteintes de l'angoisse ; Luc nous dit "et sa sueur devint comme des caillots de sang tombant jusqu'à terre". Ce phénomène, connu sous le nom d'hémathidrose, semble rarissime. Je n'en ai jamais lu de description par un témoin direct ; le Docteur Pierre Barbet - qui fut pourtant chirurgien pendant la 1° guerre mondiale, époque où l'anesthésie n'était pas ce qu'elle est de nos jours - cite le Dr Le Bec, mais n'apporte lui-même aucune expérience personnelle. Il semblerait que les petits vaisseaux de la peau et des glandes sudoripares se dilatent au point de se rompre ; bien entendu, un tel œdème de la peau la fragiliserait à l'extrême et la rendrait beaucoup plus vulnérable aux mauvais traitements. Nous avons tous connu des moments d'angoisse pour nous même ou pour nos proches ; nous avons tous anticipé des souffrances à venir, nous possédons des documents de prisonniers ayant subi des tortures ou ayant attendu de les subir, mais jamais aucun - à ma connaissance - n'a souffert d'hémathidrose. Quelle pourrait donc être la cause d'une telle angoisse ?
               Pour les croyants, l'histoire du monde à un sens : Dieu a créé le monde et a fait les hommes à son image pour les faire participer à sa vie bienheureuse ; mais les hommes se sont détournés de lui. Après leur avoir envoyé de nombreux prophètes pour les inciter à se convertir, devant leur persistance dans l'erreur, il a décidé de leur envoyer son propre Fils - en se disant, comme dans la parabole des vignerons : "Lui, au moins, ils l'écouteront"- et ils pourront devenir ses enfants d'adoption, donc les héritiers de sa vie bienheureuse. Mais il n'en a rien été. Non seulement ils ne l'ont pas écouté, mais ils l'ont mis à mort. Cependant, Jésus, en offrant librement sa vie, a obtenu la rédemption définitive des fautes des hommes. Depuis ce jour-là, grâce aux mérites infinis acquis par le sacrifice de Jésus, nos fautes nous sont pardonnées - mais à la condition que nous demandions ce pardon ! -
               Pour les incroyants, l'histoire du monde n'a pas de sens, c'est "le Hasard et la Nécessité", pour reprendre le titre du livre de J Monod.
               Si on est croyant, alors les angoisses de Jésus et la sueur de sang peuvent se comprendre : Homme et Dieu à la fois, il connaît parfaitement l'ampleur des douleurs physiques et morales qu'il va devoir affronter. Mais, de plus, Jésus sait, puisqu'il est Dieu, que beaucoup d'hommes ne voudront pas renoncer à leur conduite mauvaise et ne bénéficieront pas de la possibilité du rachat de leurs fautes. Or il aime tous les hommes (les bons et les méchants) comme des frères, il souffre d'avance pour eux de leur damnation éternelle. Il est possible que ces deux raisons soient à l'origine de la terrible angoisse ayant entraîné l'hémathidrose.
               Si on est incroyant, il reste à trouver une raison à cette "sueur de sang" que Saint Luc décrit sans en donner aucune explication. Le débat reste ouvert.
               Jésus est malade - au sens médical du terme - d'angoisse, et ses disciples se sont endormis non loin de lui… sauf Judas qui les a quittés pendant le repas et est allé prévenir les Juifs pour qu'on vienne l'arrêter. Et des hommes, "des serviteurs des pontifes et des pharisiens" précise saint Jean, avec des bâtons et des épées, viennent le saisir, lui attacher les mains et l'emmènent dans la nuit pour le présenter à ses juges. On peut estimer qu'il est environ minuit. Pour l'instant, pas de violence physique extérieure pouvant laisser des traces visibles sur le Suaire, seulement la "sueur comme des caillots de sang", mais qui ne pourra pas se discerner au milieu des innombrables autres blessures.

               Dans un premier temps, Jésus est conduit devant Anne, ex-Grand-Prêtre, beau-père du Grand-Prêtre en exercice Caïphe. Anne est un personnage influent, probablement doué du sens politique propre à ceux qui ont traîné longtemps dans les allées du pouvoir ; son opinion sur la façon de s'y prendre avec Jésus sera précieuse. Interrogatoire classique : "Qui es-tu ? d'où viens-tu ? qu'as-tu fait?…". L'accusé s'est contenté de dire qu'il n'avait rien dit ni fait qui n'ait eu lieu en public et que le plus simple , pour savoir ce qu'il en était, était d'interroger ceux qui l'avaient écouté. Les Évangiles nous disent qu'un des serviteurs d'Anne, trouvant la réponse de Jésus insolente, le frappa au visage. Gifle ? Coup de poing ? De quelle violence ? Nous n'en savons rien et rien ne permet de dire que ce premier coup laissa une trace et si oui laquelle. L'interrogatoire n'a rien donné. Anne décide de faire comparaître Jésus devant Caïphe. L'arrestation, le déplacement, l'interrogatoire, tout cela a pris un peu de temps, il doit être 1 heure du matin en ce vendredi 14 Nisan, la Pâque officielle et le Sabbat commenceront dans 17 heures.
               Chez Caïphe, Grand-Prêtre en exercice, commence le "procès légal" de Jésus ; ce procès se fera dans le respect apparent des règles de procédure, pour qu'on ne puisse pas parler de machination contre Jésus, pour que sa condamnation à mort - pourtant déjà programmée par les Prêtres et les Pharisiens - ait une apparence de légalité aux yeux des Romains à qui il faudra bien finir par demander l'autorisation d'exécution, car les Juifs, qui vivent sous l'autorité romaine, n'ont pas le pouvoir de mettre à mort quelqu'un sans l'accord des Romains. Il faudra donc obtenir l'autorisation de Pilate.
               Le Sanhédrin est réuni, les témoins sont convoqués ; cela ne peut se faire en quelques minutes, mais il est probable que, sitôt prise la décision d'arrêter Jésus - sans doute vers 22 heures la veille -, tout ce petit monde ait commencé de se rassembler pour mener rondement le procès. Tout doit être bouclé avant ce soir 18 heures ! Interrogatoire, dépositions de vrais témoins (confirmant l'enseignement de Jésus dans les lieux publics) et de faux témoins (certains soudoyés, d'autres simples mythomanes désirant un peu de notoriété), mais rien ne concorde, rien ne permet de trancher. Tout cela dure peut-être une ou deux heures. Finalement, c'est une réponse de Jésus lui-même qui va tout faire basculer : il blasphème ! Adjuré par Caïphe lui même de dire s'il est ou non le Messie, Jésus confirme : il est bien le Fils de Dieu. Les dés sont jetés, un blasphème ne peut qu'entraîner la mort. La sentence tombe, le grand prêtre déchire ses vêtements, le procès est terminé. Il doit être près de 3 heures du matin.

               En attendant que Pilate accorde audience - on ne va quand même pas le réveiller à cette heure-là pour un tel motif, il n'apprécierait pas - Jésus est livré aux hommes présents, pour la plupart des serviteurs de Caïphe et des pharisiens, des gens qui ont de la haine pour Jésus, soit personnellement, soit par veulerie envers leur maître, soit simplement des brutes qui éprouvent un plaisir sadique à cogner. Qui veut le frapper le peut ; et on ne va pas s'en priver : on lui crache au visage, on le gifle, on lui donne des coups de poing, de bâton. Nous avons tous vu ce que pouvait donner un groupe d'hommes livrés à eux-mêmes sans contrôle : nous en avons de temps en temps un aperçu à la télévision lors d'un reportage sur une émeute, certains d'entre nous en ont été victimes ou témoins directs dans les camps de prisonniers nazis, vietnamiens, algériens… le pire est à craindre dans ces cas-là. Et ce qui se passe maintenant chez Caïphe, nous en avons des traces sur le visage imprimé sur le Suaire : la pommette droite tuméfiée et excoriée, le cartilage nasal cassé, les deux arcades sourcilières enflées, surtout la droite, le menton et la lèvre inférieure oedématiés la partie droite de la moustache et de la barbe arrachées (avez-vous essayé de vous arracher des poils de barbe ou de moustache ? dans certaines peuplades aux mœurs primitives on considère cela comme une torture raffinée…). Difficile d'imaginer qu'il n'y a pas eu de coups de poing dans l'estomac, la poitrine, le dos, voire des coups de pied après l'avoir fait tomber. Le cinéma actuel nous montre la violence avec suffisamment de complaisance pour que chacun de nous puisse se faire une opinion réelle de ce que durent être ces quelques heures où Jésus fut livré à la bestialité des hommes. Combien de temps cela va-t-il durer ? rien dans les écritures ne permet de le dire, mais une heure ou deux semble bien être un minimum.
               C'est durant cette partie de la nuit que se situe le triple reniement de Pierre, venu se réchauffer dans la cour du grand-prêtre. Quand Jésus sort de chez Caïphe et qu'il croise le regard de Pierre, le coq se met à chanter (Luc XXII, 60). Il doit être environ 5 heures 30 du matin ce vendredi 14 Nisan.
               Traversée de Jérusalem pour se rendre à la forteresse Antonia où on demande audience à Pilate.
               Pilate écoute les demandes des juifs, interroge Jésus mais ne voit pas en quoi ce malheureux, déjà bien malmené, aux réponses paisibles peut constituer un danger pour les juifs et mériter la mort. Convaincu de l'innocence de Jésus, il retourne le dire aux Juifs. Par hasard, au cours de la discussion, il apprend que Jésus est galiléen et dépend donc de la juridiction d'Hérode ; trop content de se débarrasser d'une cause impossible, il l'expédie sur le champ à Hérode dont le palais n'est pas loin, cela ne sera pas long. Il peut être 7 heures.
               Nouvel interrogatoire, mais, cette fois, pas de réponse de Jésus. Hérode tourne Jésus en dérision, le revêt d'une robe blanche et le renvoie à Pilate, n'ayant pas trouvé de motif pour faire mettre à mort ce pauvre bougre qui lui paraît plutôt inoffensif. Les évangiles ne mentionnent aucune brutalité chez Hérode.
               Pilate reprend donc l'affaire en mains et fait ce qu'il peut pour relâcher Jésus : chaque année, pour la Pâque, il amnistie un prisonnier ; pourquoi pas Jésus ? peine perdue, les juifs préfèrent qu'on relâche un bandit connu sous le nom de Barabbas. Ne pouvant calmer la foule, rassemblée depuis le matin par les chefs des prêtres pour faire pression sur la décision romaine et dont l'excitation ne cesse de croître, Pilate décide de faire châtier jésus en espérant pouvoir le relâcher après. Il est donc remis aux soldats pour être flagellé. Il est peut-être neuf heures.
               La flagellation n'était pas une plaisanterie, mais un véritable supplice. Le fouet utilisé avait des lanières munies de billes de plomb ou de petits os. Les blessures occasionnées étaient redoutables et pouvaient entraîner la mort. La loi juive avait limité le nombre maximum de coups de fouet à 40, estimant sans doute que le pronostic vital était en jeu au-delà de ce nombre. On a dénombré plus de 100 impacts sur le corps de Jésus et, encore, sur le Suaire, on ne voit pas du tout les faces latérales du corps. Certains pensent que le nombre fatidique de 40 coups a été dépassé ; c'est possible, les Romains n'ayant aucune obligation de respecter la loi juive, mais avec 2 lanières par fouet et 2 objets insérés par lanière, cela représente 120 blessures sur le corps… Y avait-il un bourreau ou deux bourreaux ? probablement deux, un à droite, l'autre à gauche, celui de gauche un peu plus petit (le centre d'action des coups est un peu plus bas) et aimant bien lacérer les jambes… Mais les coups portés par les deux bourreaux étaient redoutables et marquaient profondément la chair. Cette flagellation - qui n'était pas obligatoirement suivie d'une mise à mort - était prévue pour être un châtiment tel qu'elle serve de leçon au condamné et à tous ceux qui auraient l'occasion de le voir. Pour être un châtiment, ce fut un châtiment, une horreur. Et sur un homme dont la peau a été fragilisée par l'hémathidrose, puis traumatisée par les violences de la nuit dans la maison du grand-prêtre, un homme qui n'a pas dormi, ne s'est pas reposé, a été trimballé toute la nuit et la matinée d'un lieu à un autre, ligoté; il ne devait pas être en bel état quand on le détacha de la colonne de la flagellation. Et pourtant, cela ne suffisait pas, toute la cohorte romaine s'en donna à cœur joie - la brutalité appelle la brutalité, la pitié est un sentiment qui s'épanouit au calme dans le cœur de l'homme - : après l'avoir flagellé, ils lui mettent une couronne d'épines sur la tête, le frappent avec un roseau, lui crachent au visage, l'insultent…
               Finalement Pilate, après l'avoir fait couvrir d'un manteau de pourpre, le montre à la foule pour essayer de l'arracher à la mort : "Voici votre roi !" (il est possible qu'il ait été ébranlé dans ses convictions par les réponses de Jésus et que le doute se soit insinué en lui, sans quoi, pourquoi tant d'efforts et de temps gâchés pour un individu juif qu'il ne connaît pas et dont il n'a rien à faire ?) Las, la vue de Jésus attise la colère et la haine des Juifs et Pilate n'ose plus refuser la crucifixion tant demandée. Il est bientôt midi. C'en est fini de Jésus, on va le clouer sur une croix et le laisser agoniser plusieurs heures dans des souffrances atroces, bien pires que celles qu'il vient de connaître.
               On lui ôte la chlamyde de pourpre, on lui remet ses vêtements et on l'emmène pour être crucifié ; à lui de porter sa croix - très probablement seulement le patibulum, les stipes restant à pied d'œuvre - ; une simple poutre de 2 m de long (les bras étendus d'un homme de 1.8  m mesurent aussi 1.8 m environ), de 20 cm de large et de 5 à 7 cm d'épaisseur qui pèse quand-même ses 20 kg ; pour un homme épuisé par la flagellation - sans compter la nuit blanche, les autres mauvais traitements…. - c'est trop ; jamais Jésus ne pourra franchir les quelques 500 à 700 m qui le séparent du lieu de l'exécution ; un passant est réquisitionné, son nom passera à la postérité : Simon de Cyrène. Péniblement, Jésus et Simon portant de concert la croix vont parcourir cette distance. Les Évangiles ne disent rien des chutes de Jésus ni de sa rencontre avec sa mère, ces détails nous ont été transmis par la tradition. Le suaire montre une tuméfaction excoriée du genou, les blessures des omoplates, surtout la droite, occasionnées par le frottement du bois ; on peut estimer le temps nécessaire au déplacement de l'ordre de la demi-heure
               Une fois arrivé au lieu de l'exécution, on déshabille Jésus ; le Suaire est formel, Jésus est nu dans son linceul et comme on voit mal l'intérêt de l'avoir déshabillé après sa mort, on est obligé de conclure qu'il a été déshabillé avant la crucifixion. Quand on dit "déshabillé", c'est un euphémisme : les vêtements collent à son corps par toutes les blessures reçues ; on est donc obligé en réalité de lui arracher ses vêtements en rouvrant toutes les plaies. Pour imaginer la souffrance ressentie, c'est simple, nous avons tous eu des pansements collés à une plaie et nous nous rappelons tous la douleur provoquée par l'ablation du pansement en dépit des mille et une précautions prises… alors, pensez, plus de 100 blessures dues au fouet, plus toutes les autres plaies. Chacune va se rouvrir et saigner…Arrêtons nous quelques secondes et imaginons...
               Ensuite, il faut le clouer à la croix ; pour des bourreaux entraînés, ce n'est pas bien difficile : le condamné est couché sur le dos en travers du patibulum, un bourreau immobilise le corps, un autre maintient le bras allongé en posant une main sur la paume ouverte, l'autre main pèse sur l'avant-bras pour empêcher son déplacement, probablement un genou fléchi écrase-t-il la poitrine du condamné ; le 3° bourreau applique le clou dans le pli du poignet, entre les deux tendons des fléchisseurs et, en deux coups de marteau le clou a traversé le poignet ; au passage, il a lésé le nerf médian, provoquant une névralgie intense et une contracture réflexe du pouce en dedans de la main. Encore un ou deux bons coups et le clou est solidement fixé au bois. Même manœuvre de l'autre côté, il ne reste plus qu'à remettre debout le condamné en levant les extrémités du patibulum, le conduire jusqu'au stipes, le faire monter à reculons sur n'importe quel objet mesurant trente à cinquante centimètres, poser le patibulum en travers du stipes (probablement un banal couple tenon / mortaise grossièrement équarri, l'affaire est terminée. Il reste à plier un peu les genoux en maintenant les pieds à plat, l'espace de Mérat se dégage ; un bourreau maintient la jambe, un coup de marteau et le clou a traversé le premier pied ; une seconde percussion et le deuxième pied est traversé à son tour ; quelques solides coups de marteau pour bien fixer le tout au bois, et cela ne bougera plus. Rapidement on crucifie les deux autres condamnés et la corvée est terminée. Il n'y a plus qu'à attendre.
               Il est environ midi. Les ténèbres s'installent sur la terre.
Très beau Christ copte antérieur au X° siècle. Son aspect est profondément humain ; la justesse de son attitude et la majesté dans la souffrance sont parfaitement rendues. Il faut remarquer quelques particularités : l'artiste n'a pas osé représenter le Christ nu, alors qu'il l'était, et il a fait passer la jambe droite devant la gauche alors que c'était l'inverse. De plus, l'absence de plaie sur le côté droit aonsi que le port relevé de la tête indiquent que l'artiste a tenu à présenter le Christ encore vivant.  (10832 octets)
               Les clous passent en dehors des trajets des gros vaisseaux, l'hémorragie est minime, la mort sera lente. Un mince filet de sang s'échappe des plaies des poignets et glisse le long des avant-bras en direction des coudes. Le corps tire de tout son poids sur les clous des poignets, la douleur est épouvantable ; il s'agit de la douleur d'un gros tronc nerveux (le nerf médian) traumatisé ; elle est en tout point comparable à la douleur d'une sciatique (ceux qui ont connu voient ce que je veux dire ; les autres peuvent imaginer la roulette du dentiste quand elle entre en contact avec le nerf dentaire…). La seule façon de soulager est de prendre appui sur les pieds ; mais eux aussi sont encloués... Un des premiers effets ressentis à cause de cette immobilisation bras en l'air est la difficulté respiratoire, thorax bloqué en inspiration, ne pouvant se vider ; il faut pousser sur les clous des pieds et à tirer sur ceux des poignets pour pouvoir expirer (mais quelle douleur à chaque mouvement !), puis à se laisser de nouveau pendre, en attendant le prochain épisode d'asphyxie et ainsi de suite (1 à 2 fois par minute peut-être). A chaque effort de redressement sur les pieds, les avant-bras s'horizontalisent un peu et la coulée de sang qui se dirigeait vers le coude a tendance à tomber plus verticalement. Ces deux coulées sont bien visibles sur le Suaire. Pendant ce temps, l'acidité sanguine (due notamment à l'asphyxie) et les mauvaises positions entraînent des crampes de tout le corps, impossibles à soulager faute de pouvoir changer de position, si ce n'est ce pauvre mouvement vertical de 15 à 20 cm environ. Les contractures musculaires et l'acidose entraînent des transpirations abondantes, facteurs de déshydratation (au fait, il n'a pas bu depuis déjà plus de 18 heures…) ; en effet, à un moment Jésus dit "j'ai soif" et on lui tend un éponge imbibée de vinaigre à laquelle il ne touche presque pas.
               L'agonie se poursuit avec ses douleurs, ses crampes, son étouffement progressif, sa soif, et puis les insectes qui viennent agacer le supplicié, les mouches impossibles à chasser, la nudité, les passants qui viennent en curieux ou pour l'insulter… Les heures passent, inexorable suite de minutes qui ne sont que douleur…
               Cependant, le sabbat approche et, si on ne veut pas se souiller pendant le sabbat (qui commence dans quelques heures, à la tombée de la nuit), il faut que les condamnés soient morts et enterrés. La mort sur la croix pouvait durer des heures, voire des jours ; mais il existait une astuce pour accélérer le cours des événements : il suffisait, à coups de barre de fer, de briser les tibias et péronés des condamnés : ne pouvant plus prendre appui sur leurs jambes brisées, ils ne pouvaient plus respirer et étouffaient très vite. Les soldats reçurent donc l'ordre de briser les jambes des condamnés, ce qu'ils firent pour les deux compagnons de Jésus, mais en arrivant à lui, ils constatèrent qu'il était déjà mort. Par acquit de conscience, l'un des soldats lui donne quand même un coup de lance dans le côté droit du thorax et aussitôt, nous dit saint Jean qui se tenait au pied de la croix, il en sortit du sang et de l'eau. Il est 15 heures ce vendredi 14 Nisan et le Sabbat va pouvoir commencer à l'heure prévue pour honorer ce Dieu qu'ils viennent de crucifier…
               On a beaucoup discuté sur l'origine de l'eau (le sang, lui, provient de tout le système veineux supra-cardiaque qui se draine dans la veine cave supérieure et dans l'oreillette droite). D'où venait l'eau ? un épanchement pleural ? un œdème pulmonaire ? c'est possible. Un épanchement péricardique ? c'est possible aussi. En tout cas d'une collection pathologique de liquide qui n'aurait pas dû se trouver là où elle était et dont la constitution a été une cause supplémentaire de souffrances - une de plus, serait-on tenté d'ajouter… -.
               Pendant ce temps, au pied de la croix, une femme d'une cinquantaine d'années se tient debout, silencieuse, brisée par la douleur : Marie, sa mère. Comme l'expriment si bien les paroles du Stabat Mater :
                              Debout, la mère endolorie, au pied de la croix était en larmes devant son fils suspendu.
                              Dans son âme qui gémissait, toute brisée, endolorie, le glaive était enfoncé.
                              Qu'elle était triste et affligée, la mère entre toutes bénie, la mère du fils unique.
                              Qu'elle avait mal, qu'elle souffrait la tendre mère, en contemplant son divin fils tourmenté.
                             Quel est celui qui, sans pleurer, pourrait voir la mère douloureuse avec son fils ?
               Depuis quand est-elle auprès de son fils torturé sous ses yeux, sans qu'elle y puisse rien ? Probablement alertée par des amis depuis l'arrestation de Jésus, elle a dû essayer de le suivre dans ses pérégrinations nocturnes et la tradition rapporte qu'elle était sur le chemin du Golgotha… elle est là, impuissante, ressentant dans sa chair de mère les douleurs de son fils cloué sous ses yeux ; elle attend que la mort le délivre enfin de la douleur. Souffrir silencieusement avec son fils sans pouvoir le soulager, espérer et redouter à la fois sa mort. Epouvantable déchirement.

               Jésus est mort, enfin ! a-t-on envie d'ajouter. Et pourtant, ce n'est pas fini : il ne peut pas rester en croix pendant la Pâque et le Sabbat ; il faut donc arracher les clous qui fixent les pieds (on imagine les tenailles, le pied du bourreau posé sur le stipes, le corps arc-bouté par l'effort ; car ce n'était pas obligatoirement facile : pour Jéhohanan, il a été impossible d'arracher le clou, il a fallu scier les jambes ) ; puis il faut descendre le patibulum avec le corps inerte et raide qui pend (100 kg !) ; pas question évidemment d'essayer de déclouer les mains à cette hauteur. Une fois le corps déposé il va falloir le transporter au tombeau. Pierre Barbet pense qu'on l'a transporté encore encloué à son patibulum et avec un drap enroulé sous les reins. D'accord pour le drap, les coulées de sang postérieures sont en effet très évocatrices de ce support. Mais je pense qu'il n'y avait aucun intérêt à emporter le patibulum, car il alourdissait le poids d'environ 20 kg et le corps était bien suffisamment raide pour être facilement porté. Il me semble plus probable que l'on ait décloué les poignets une fois à terre (encore l'horrible image du pied qui fixe le bois au sol pendant que l'on tire avec des tenailles de toutes ses forces pour arracher le clou du bois). Ensuite, une personne de chaque côté du corps saisit celui-ci par le bras pendant que deux autres personnes tiennent chacune une extrémité du linge passé au niveau de la ceinture. Le tombeau ne se situe qu'à quelques dizaines de mètres. Arrivé sur place, il faut ramener les bras dans l'axe du corps (ils sont fixés et enraidis dans la position de la crucifixion par la rigidité cadavérique précoce en rapport avec la mort par tétanisation complète) ; les phalanges repliées de la main gauche suffisent pour maintenir la main droite… Le corps est couché sur le linceul, des piécettes sont déposées sur les paupières pour les maintenir abaissées… ; le linceul est rabattu sur le corps, on sort du tombeau et on roule la pierre devant la porte. Par mesure de prudence et pour empêcher que l'on vienne enlever le corps de Jésus, Pilate accorde un peloton de soldats pour monter la garde devant le tombeau. Tout est achevé.





Giraud françois - Calendrier de la Passion
http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/faq_fr/faq_cadres.htm
CALENDRIER  DE  LA  PASSION
Existence de plusieurs calendriers concomitants
               Il semble prouvé qu'existaient à l'époque de Jésus au moins 2 calendriers concomitants, un suivi par les Pharisiens et peut-être aussi par les Sadducéens et un second par les Esséniens, dont il semble que le quartier général se soit trouvé à Qumrân, sur les bords de la mer morte, là où on a trouvé les fameux papyrus datés d'avant 70.
                Les Esséniens fêtaient la Pâque un mercredi, les Sadducéens (grands prêtres du temple) le vendredi, probablement les Pharisiens aussi. Existait-il d'autres groupes ?
               Rien ne prouve que Jésus ait appartenu de près ou de loin aux Esséniens, mais on peut difficilement imaginer qu'il fût Sadducéen (ils refusaient la résurrection des morts), et son opposition avec les Pharisiens alimente les Évangiles quasiment de bout en bout. Toujours est-il que  les trois Évangiles synoptiques précisent que Jésus mangea la pâque avec ses disciples juste avant de se retirer avec eux au Mont des Oliviers et d'y être arrêté. L'Évangile de Jean est moins précis sur ce point.
  • Le premier jour des Azymes, les disciples s'avancèrent vers Jésus en disant : "où veux-tu que nous te préparions de quoi manger la pâque ? " Il dit : " Allez à la ville chez un tel et dites-lui : Le Maître dit : mon temps est proche, c'est chez toi que je fais la pâque avec mes disciples." Et les disciples firent comme le leur avait prescrit Jésus, et ils préparèrent la pâque. Le soir venu, il se mit à table avec les douze ... (Matthieu 26, 17-20)
  • Et le premier jour des Azymes, lorsqu'on immolait la pâque, ses disciples lui disent : "où veux-tu que nous préparions de quoi manger la pâque ? " Et il envoie deux de ses disciples et il leur dit : " Allez à la ville, et un homme portant une cruche d'eau viendra au devant de vous. Suivez-le, et où qu'il entre, dites au maître de maison : Le Maître dit : Où est ma salle où je pourrai manger la pâque avec mes disciples ? Et lui vous montrera, à l'étage, une grande pièce aménagée, toute prête ; faites-y nos préparatifs." Et les disciples partirent, et ils vinrent à la ville, et ils trouvèrent les choses selon ce qu'il avait dit, et ils préparèrent la pâque. Et, le soir venu, il vient avec les Douze. Et tandis qu'ils étaient à table et mangeaient... (Marc 14, 12-18)
  • Vint le jour des Azymes, où l'on devait immoler la pâque, et il envoya Pierre et Jean, en disant : " Allez nous préparer la pâque, pour que nous la mangions." Ils lui dirent : "Où veux-tu que nous faisions les préparatifs ? " Il leur dit : " Voici qu'à votre entrée dans la ville un homme portant une cruche d'eau viendra au-devant de vous. Suivez-le dans la maison où il pénétrera, et vous direz au propriétaire de la maison : Le Maître te dit : Où est la salle où je pourrai manger la pâque avec mes disciples ? Et celui-ci vous montrera, à l'étage, une grande pièce, aménagée ; faites-y les préparatifs." S'en étant allés, ils trouvèrent [les choses] selon ce qu'il leur avait dit, et ils préparèrent la pâque. Et lorsque l'heure fut venue, il se mit à table et les Apôtres avec lui... (Luc 22,7-14)
  • Avant la fête de la pâque, sachant qu'était venue l'heure de passer de ce monde vers le Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin. Et pendant un dîner, alors que déjà le diable avait mis au cœur de Judas Iscariote, [fils] de Simon, le dessein de le livrer, [Jésus], sachant que le Père lui avait tout remis entre les mains, et qu'il est venu de Dieu et qu'il s'en va vers Dieu, se lève de table, déposes ses vêtements.... (Jean 13,1-4)
               La lecture de synoptiques ne laisse aucun doute sur le fait que Jésus fête normalement la Pâque avec ses disciples ; par ailleurs, chaque évangéliste précise que la mort de Jésus est intervenue dans l'après-midi précédant la Préparation de la Pâque qui, cette année-là, correspondait avec le sabbat.
  • Le soir venu, arriva un homme riche, d'Arimathie, du nom de Joseph.../.../ Le lendemain, c'est-à-dire après la Préparation... (Matthieu 27, 57-62)
  • Jésus, poussant un grand cri, expira. /.../ Et déjà le soir étant venu, comme c'était la Préparation, c'est-à-dire la veille du Sabbat, vint Joseph, celui d'Arimathie... (Marc 15, 37-43).
  • Et voici un homme, du nom de Joseph, qui était du Conseil, homme bon et juste. - Celui-là n'avait donné son accord ni à leur dessein ni à leur acte ! - Il était d'Arimathie, ville des Juifs, et il attendait le Royaume de dieu. S'avançant vers Pilate, il réclama le corps de Jésus. Et l'ayant descendu [de la croix], il le roula dans un linceul et le mit dans une tombe taillée dans le roc, où personne encore n'avait été placé. Et c'était le jour de la Préparation, et le sabbat commençait à luire. (Luc 23, 50-54).
  • Les juifs donc, comme c'était la Préparation, pour que les corps ne restent pas sur la croix pendant le sabbat - car c'était un grand jour que ce sabbat ! - les juifs demandèrent à Pilate qu'on leur rompît les jambes et qu'on les enlevât... (Jean 19, 31)
               Les évangélistes indiquent donc que Jésus a mangé normalement la Pâque avec ses disciples un certain soir (le premier jour des Azymes) et que d'autres Juifs mangèrent la Pâque le lendemain (au moins une nuit s'étant écoulée entre les deux). A cela, ils ne donnent aucune explication, le phénomène leur paraît aller de soi. Tout cela semble indiquer que deux calendriers (ou plus) devaient coexister et que les trois synoptiques se réfèrent à l'un, tandis que Jean se réfère à un autre (pour ceux qui trouveraient cela étrange, rappelons que les chrétiens catholiques ne célèbrent pas Noël le même jour que les chrétiens orthodoxes).
              

La durée de la Passion

               Certains - dont Frère Bruno Bonnet-Eymard et Annie Jaubert - ont parlé d'une passion qui aurait débuté le mardi soir pour s'achever le vendredi midi. Relisons les récits de la Passion dans les quatre Évangiles, en ne relevant que les passages qui donnent une indication chronologique :
               Matthieu - Le premier jour des Azymes, les disciples s'avancèrent vers Jésus en disant... (26,17) /.../. Le soir venu, il se mit à table avec les douze ... (26, 20) /.../ Et après avoir chanté l'hymne, ils sortirent vers le Mont des Oliviers...(26,30) /.../ Jésus lui déclara : "En vérité je te dis qu'en cette nuit, avant qu'un coq chante, trois fois tu me renieras (26,34) /.../ Ceux qui avaient arrêté Jésus l'emmenèrent chez Caïphe le grand prêtre (26,57) /.../ Et aussitôt un coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole de Jésus : "Avant qu'un coq chante, trois fois tu me renieras." Et, étant sorti dehors, il pleura amèrement (26,75) /.../ Le matin venu, tous les grands prêtres et anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le mettre à mort. Et après l'avoir lié, ils l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate, le gouverneur (27,1-2) /.../ Alors il leur relâcha Barabbas. Quant à Jésus, après l'avoir fait flageller, il le livra pour être crucifié (27,26) /.../ Dès la sixième heure, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu'à la neuvième heure. Vers la neuvième heure, Jésus clama d'une voix forte /.../ Jésus, de nouveau, criant d'une voix forte, rendit l'esprit (27,45-50).
               Marc - Et le premier jour des Azymes, lorsqu'on immolait la pâque, ses disciples lui disent... (14,12)/.../  Et, le soir venu, il vient avec les Douze. Et tandis qu'ils étaient à table et mangeaient... (12-18) /.../ Et, après avoir chanté l'hymne, ils sortirent vers le Mont des Oliviers (14,26) /.../ Et Jésus lui dit : "En vérité, je te dis que toi, aujourd'hui, cette nuit, avant qu'un coq chante deux fois, trois fois tu me renieras." (14,30) /.../ Tandis qu'il parlait encore survient Judas, un des Douze /.../ Et ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre et tous se réunissent (14,43-53) /.../ Et Pierre se ressouvint de la parole que lui avait dite Jésus : "Avant qu'un coq chante deux fois, trois fois tu me renieras." Et il éclatait en pleurs. Et aussitôt, le matin, les grands prêtres, après avoir tenu conseil avec les anciens et les scribes - tout le Sanhédrin - et après avoir lié Jésus, l'emmenèrent et le livrèrent à Pilate (14,72-15,1) /.../ Pilate, voulant donner satisfaction à la foule, leur relâcha Barabbbas et il livra Jésus, après l'avoir fait flageller, pour être crucifié.(15,15) /.../ C'était la troisième heure quand ils le crucifièrent (15,25) /.../et la sixième heure venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu'à la neuvième heure. Et, à la neuvième heure /.../ Jésus poussant un grand cri expira (15,33-37).
               Luc - Vint le jour des Azymes, où l'on devait immoler la pâque, et il envoya Pierre et Jean, en disant /.../  Et lorsque l'heure fut venue, il se mit à table et les Apôtres avec lui... ( 22,7-14) /.../ [Jésus] dit : "Je te le dis, Pierre : un coq ne chantera pas aujourd'hui que par trois fois tu n'aies renié me connaître." (22,34) /.../ Et, sortant, il se rendit comme de coutume au Mont des Oliviers, et les disciples le suivirent (22, 39) /.../L'ayant saisi, ils l'amenèrent et le firent entrer dans la maison du grand prêtre (22,54) /.../ Et à l'instant même, tandis qu'il parlait encore, un coq chanta, et se retournant, le Seigneur regarda Pierre. Et pierre se ressouvint de la parole du Seigneur, qui lui avait dit : "Avant qu'un coq chante aujourd'hui, tu me renieras trois fois." (22,60-61) /.../ Et quand il fit jour, le conseil des anciens du peuple s'assembla, grands prêtres et scribes, et ils l'emmenèrent à leur Sanhédrin (22,66) /.../ Et s'étant levés, tous ensemble l'amenèrent devant Pilate (23, 1) /.../ A ces mots, Pilate demanda si l'homme était galiléen. Et, s'étant assuré qu'il était de la juridiction d'Hérode, il le renvoya à Hérode, qui était, lui aussi, à Jérusalem en ces jours-là. (23,6-7) /.../ Hérode, avec ses troupes, après l'avoir traité avec mépris et l'avoir bafoué, le revêtit d'un habit splendide et le renvoya à Pilate (23,11) /.../ Ayant convoqué les grands prêtres, les chefs et le peuple, Pilate leur dit /.../ Et jésus, il le livra à leur volonté (23,13-24) /.../Et c'était déjà environ la sixième heure et l'obscurité se fit sur toute la terre jusqu'à la neuvième heure, le soleil s'étant éclipsé. Alors se fendit par le milieu le rideau du Sanctuaire, et criant d'une voix forte, Jésus dit : "Père, entre tes mains je confie mon esprit." Ayant dit cela, il expira (23,44-46).
               Jean - Avant la fête de la pâque, sachant qu'était venue l'heure de passer de ce monde vers le Père, Jésus /.../ se lève de table, déposes ses vêtements.... (13,1-4) /.../ Jésus lui dit donc : "Ce que tu fais, fais-le bien vite." /.../ [Judas] sortit aussitôt. C'était la nuit !(13,27-30) /.../ Jésus répond : "Tu livrerais ta vie pour moi ! en vérité, en vérité, je te le dis : le coq ne chantera pas que tu ne m'aies renié trois fois." (13,38) /.../ Ayant dit cela, Jésus s'en alla avec se disciples de l'autre côté du torrent du Cédron (18,1) /.../ La cohorte donc, et le tribun, et les gardes des Juifs saisirent Jésus; ils le lièrent et l'amenèrent chez Anne d'abord (18,12) /.../ Le grand prêtre donc interrogea Jésus sur ses disciples et sur son enseignement (18,19) /.../ Anne l'envoya donc, lié, à Caïphe le grand prêtre. (18,24) /.../ De nouveau donc, Pierre nia, et aussitôt un coq chanta. On amène donc Jésus de chez Caïphe au prétoire. C'était le matin. (18,28) /.../ Alors donc, Pilate prit Jésus et le fit fouetter (19,1) /.../ C'était la préparation de la Pâque ; c'était environ la sixième heure. [Pilate] dit aux juifs :"Voilà votre roi." (19,14) /.../ Alors donc, il le leur livra pour être crucifié (19, 16) /.../ Lors donc que Jésus eut pris le vinaigre, il dit : "[Tout] est achevé." ; et, inclinant la tête, il remit l'esprit(19,30).
               A la lecture de ces passages, il ressort d'évidence que le repas avec les disciples, l'arrestation au jardin des Oliviers, la comparution devant Anne (citée seulement par Jean) puis devant Caïphe eurent lieu au cours de la même nuit et que c'est au matin que Jésus a été transféré chez Pilate, puis un court moment chez Hérode (cité seulement par Luc), et remis ensuite aux Juifs   (vers la sixième heure précise Jean, c'est à dire entre onze heures et midi) pour être crucifié. La seule discordance entre ces récits vient de Marc qui précise : "C'était la troisième heure quand ils le crucifièrent." Cette difficulté, déjà relevée et étudiée par Saint Jérôme, n'a pas encore reçue d'explication satisfaisante. Il est possible, mais pas certain, qu'elle vienne d'une erreur de copiste (de document hébreu à document hébreu, ou de document grec à document grec)   ou de traduction de l'hébreu au grec. Peut-être, la découverte ultérieure d'un nouveau papyrus permettra-t-elle de trancher.
               Il semble donc qu'il n'y ait nul besoin d'intercaler 24 ou 48 heures supplémentaires pour intégrer tous les éléments de la passion, hormis la précision de Marc. Est-ce une raison suffisante pour le faire ? De l'avis quasi unanime, il semble que non. Jésus a donc fêté pâque avec ses disciples le jeudi 13 Nisan au soir, a été jugé et condamné par les Juifs dans la nuit du jeudi au vendredi, puis sa condamnation a été avalisée par Pilate le vendredi matin. Il a été crucifié vers midi, est mort vers 15 heures et a été enseveli avant 18 heures.





Giraud françois - La flagellation

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/annexes/flagellation.htm
La flagellation

Avertissement
                    Un petit mot concernant la description des supplices antiques ; quand on étudie les conditions de mise à mort des condamnés, on est frappé de stupeur devant tant de méchanceté, de cruauté et d’indifférence générale devant la douleur des personnes ; à notre époque où on ne peut procéder à la moindre intervention, aussi bénigne soit-elle, sans avoir recours à une anesthésie, on a de la peine à concevoir la brutalité des temps anciens ; la description des sévices subis au cours de la crucifixion dépasse l’imagination et amène une sorte de révolte et d’écœurement. Malheureusement, leur étude minutieuse et approfondie fait partie intégrante de l’étude du Suaire. J’ai essayé d’en parler sans faire intervenir la sensibilité, en restant purement descriptif. Il n’empêche, certains détails sont vraiment épouvantables et peuvent impressionner : on peut sauter ce chapitre, mais au risque de manquer l’essentiel du contenu du Suaire. On peut aussi faire l’effort de dépasser son malaise et on comprendra ce qu’était une crucifixion ; les âmes pieuses y découvriront une partie des souffrances endurées par Jésus au cours de sa passion et comprendront mieux le prix qu’il a payé pour racheter les fautes des pécheurs.

Historique : elle était quasi-systématique avant toute crucifixion, sauf, peut-être en cas de crucifixion en série, où on ne disposait pas du temps nécessaire ; lors de la destruction de Jérusalem, en 70, on a compté parfois plus de 500 crucifixions par jour , hommes, femmes, enfants … on n’avait pas le temps alors de fignoler le travail.
Instruments de la flagellation : le flagrum, fouet à manche court portant plusieurs lanières épaisses et larges (généralement 2, parfois 3), munies à quelque distance de leur extrémité de balles de plomb ou d’os de mouton. Les lanières coupaient la peau cependant que les balles ou les osselets imprimaient de profondes plaies contuses ; il en résultait une hémorragie non négligeable et un affaiblissement considérable de la résistance vitale du condamné, comme on le verra un peu lus loin en étudiant l'importance du traumatisme. En compensation, si on peut dire, cela abrégeait son agonie sur la croix …

on voit ici un exemple de flagrum, mais il en existait bien d'autres, l'imagination humaine étant malheureusement inépuisable ...    (dans  La Vérité sur le Suaire de Turin, de Stevenson et Habermas)
Sur ce flagrum romain, il y a 2 lanières et les petites haltères de plomb sont attachées perpendiculairement aux lanières. On connaît d'autres flagrum où les billes de métal étaient enfilées sur les lanières au voisinage de leur extrémité.  (4950 octets)
Le nombre de coups de fouet : il était strictement limité à 40 par la loi hébraïque, mais les pharisiens, pour être certains de ne pas enfreindre la loi, n’en faisaient donner que 39. Par contre, pour les romains, il n’existait pas de limite, hormis le fait que le condamné devait encore être capable de porter sa croix jusqu’au lieu du supplice. Jésus ayant été condamné à la flagellation par Pilate (romain), le nombre de coups de fouet pouvait ne pas être limité. Les Évangiles rapportent que Jésus ne parvenait plus à porter sa croix et qu’il a fallu faire appel à l’aide d’un passant ; cela peut correspondre à une flagellation particulièrement sévère et, d’ailleurs, ceux qui ont étudié les traces de la flagellation sur le Suaire ont relevé la marque de plus de 100 coups, ce qui, à raison de 2 lanières par fouet, indique au moins 50 coups de fouet.

Modalités de la flagellation : le condamné était attaché à une colonne ou à tout autre point situé en hauteur, les mains au-dessus de la tête ; on ne trouvait donc pas, en principe, de traces de fouet sur les bras et les avant-bras et, de fait, on ne trouve sur le Linceul aucune trace de flagellation sur la partie visible des avant-bras.

Vue postérieure du corps du supplicié. Les ravages causés par la flagellation sont ici parfaitement compréhensibles ; on imagine sans peine que le vêtement dont on recouvrait le condamné devait adhérer à l'ensemble des blessures et à quel point son enlèvement devait être douloureux.   (5350 octets)Les traces sont répandues sur tout le corps, des épaules au bas des jambes.
La plupart sont sur la face postérieure ; on peut en conclure que le condamné était attaché face à la colonne.
Il n’y a pas de trace sur les avant-bras, ils étaient donc écartés du corps..
Le visage ne porte aucune trace de flagellation.
On voit de nombreuses traces sur la poitrine et sur le dos, jusqu'à la partie supérieure des deux épaules ; si les bras avaient été attachés à un seul point situé en hauteur, cet endroit aurait été relativement protégé car se trouvant au fond d'un pli ; l'hypothèse la plus plausible est que les deux bras étaient attachés en hauteur, mais à deux points distincts séparés du corps, un peu dans la position de la crucifixion.
Leur nombre : il y en a plus de 100, peut-être 120, réparties le plus souvent par 2 ou par 3.
Elles sont disposées en éventail de chaque bord ; le centre des coups portés à droite est un peu plus haut que celui des coups portés à partir de la gauche ; on peut en conclure que le bourreau placé à droite était probablement plus grand que celui placé à gauche et qu’il lacérait assez volontiers les jambes.
(d'après Tarquino Ladu)
Leur forme : elles sont représentées par 2 traces de 1 cm de diamètre environ, séparées par un espace de 1 cm environ ; elles ont donc la forme de petites haltères de 3 cm de longueur.
(ces traces sont celles qui figurent sur la fesse gauche)
Il semblerait, à l'analyse des traces de flagellation, que l'on se soit plutôt servi d'un flagrum où les billes de métal étaient enfilées sur les lanières et non attachées perpendiculairement ; mais le nombre très important de marques relevées et leur entrelacement rend cette étude particulièrement difficile et les conclusions doivent rester prudentes.   (8374 octets)
Importance du traumatisme :
             Essayons de quantifier l'énergie - au sens physique du terme - libérée au cours de la flagellation ; nous connaissons :
  • le nombre d'impacts : 100 à 120, donc nous prendrons 110 comme base de calcul
  • l'objet contondant : une haltère de plomb, d'une longueur de 3 cm, composée de 2 boules de 1 cm de diamètre attachées à une lanière de cuir ; le poids de l'haltère peut être estimé à 18 g et celui du cuir à 2 g (en considérant que 5 cm environ de cuir frappaient le corps en même temps que le plomb) ; le poids total de l'objet contondant était donc de 20 g.
             Il nous reste à connaître la vitesse de déplacement de l'objet. Nous avons un point de comparaison possible, c'est le lancer du javelot : sa vitesse initiale est d'environ 100 km/h, soit 28 m/s et il est directement tenu dans la main du sportif, donc à 60 cm de l'épaule ; les haltères de plomb étaient fixées au bout d'un fouet mesurant environ 1,20 m (0,50 m pour le manche, 0,70 m pour la ou les lanières) soit à environ 1,80 m de l'épaule. Si on considère que le bourreau frappait avec autant d'ardeur que le sportif lançant son javelot, pour un bras de levier 3 fois plus long, la vitesse de déplacement était 3 fois plus rapide, soit environ 90 m/s ; ramenons cette vitesse à 60 m/s pour nous mettre dans une hypothèse plutôt basse et ne pas surestimer les conséquences de la flagellation et en ne perdant pas de vue que toutes les valeurs données ci-dessus ne sont que des estimations et non des calculs, mais elles suffisent pour donner un ordre de grandeur.
             L'énergie totale libérée au cours de la flagellation est donc égale à (1/2 m v²) x 110, soit 396 kgm, ce qui équivaut à 3883 joules. Pour comprendre ces chiffres, il faut les comparer avec d'autres valeurs connues : par exemple, une balle de 9 mm Parabellum (la 9 mm classique tirée par nos pistolets automatiques ou nos mitraillettes de la deuxième guerre mondiale) a une énergie de 36,5 kgm (il faut donc 9 balles pour obtenir la même énergie totale !) ; une balle de .357 magnum (une des plus puissantes munitions courantes d'arme de poing) a une énergie de 100 kgm (il faut donc l'énergie de 4 balles pour égaler celle de la flagellation). Un spécialiste en balistique, M H Josserand, a proposé un coefficient d'efficacité pour les munitions, dénommé stopping-power (StP), qui correspond à l'énergie du projectile (en kgm) multipliée par sa surface (en cm²) : 1 StP = 1 Kgm x 1 cm².
             Il a proposé une échelle d'efficacité des munitions selon leurs conséquences pathologiques : pour une valeur du StP
  • inférieure à 5 : pas d'effet de choc
  • comprise entre 6 et 15  : choc léger
  • comprise entre 16 et 35  : choc réduit
  • supérieure à 35 : choc important avec effet immédiat d'assommoir
             Dans le cas de la flagellation, nous avons calculé une énergie totale de 396 kgm et une surface d'impact de 2,5 cm² ; le nombre de StP est donc 990 , soit 28 fois la quantité d'énergie capable de mettre un homme hors de combat ; si l'on admet qu'il y avait 2 lanières par fouet (il a donc fallu 55 coups de fouet pour créer 110 impacts), on s'aperçoit qu'à chaque fois que la victime avait reçu 2 coups de fouet, elle avait encaissé une énergie suffisante pour l'assommer. Bien entendu, il ne faut pas prendre cette comparaison au pied de la lettre, l'énergie étant dissipée beaucoup plus rapidement au cours de l'impact d'une balle qu'au cours de la flagellation, mais l'ordre de grandeur des chiffres est correct et on comprend mieux le caractère traumatique gravissime d'une telle flagellation.
             Calculons maintenant la surface de peau lésée et le volume musculo-cutané contusionné :

schéma de l'impact d'un coup de fouet, vu par dessus. En gris, la forme de l'objet contondant (l'haltère, le cuir n'a pas été représenté pour simplifier), et rosé la surface de peau contusionnée (elle entoure l'objet en le dépassant de 5 mm).
Vue en coupe d'un impact de la flagellation : l'haltère a pénétré la peau de 1 cm, ce qui est certainement très sous-estimé sauf dans les endroits où la peau est proche des os) ; la zone contuse s'étent tout autour de l'haltère en la débordant de 5 mm. Il est vraisemblable que cette profondeur est aussi sous-estimée.
                  
             En admettant qu'en s'enfonçant brutalement dans la peau chaque impact comprime violemment non seulement le plan musculo-cutané situé immédiatement au-dessous mais aussi celui situé à sa périphérie sur un espace de 5 mm - ce qui me paraît un minimum - , la surface lésée pour chaque impact est de 8 cm² et le volume contusionné de 12 cm3. Pour 110 impacts, nous obtenons une surface lésée de 880 cm² et un volume contus de 1320 cm3, soit 1,3 litre.
             Ce volume énorme de tissus écrasés - où les cellules sont gravement endommagées, leurs membranes ouvertes, leur contenu libéré - prendra toute sa valeur quand nous étudierons les effets physio-pathologiques de la flagellation.
                Les images données par les traces jaunes sont tridimensionnelles, comme on l’a vu, mais n'ont aucun caractère directionnel. Les plaies causées par la flagellation, elles, sont directionnelles et, vues sous un angle de 45 °, on peut différencier à l’aide d’un ordinateur, les traces provenant du fouet manié de la droite de celles provenant de l’autre fouet. Cette particularité n’est valable que pour les traces de la flagellation, aucune autre trace du Suaire n’ayant de caractère directionnel. Nous sommes encore là devant un détail échappant à toute possibilité de falsification : c'est bel et bien un corps ayant subi une sévère flagellation qui a été enfermé dans le linceul;




Giraud françois - La crucifixion


La crucifixion


Historique :           Retour au tableau de choix
                    C’était, hélas, un mode de supplice bien banal à l’époque : la révolte des esclaves sous la conduite de Spartacus se solda par la crucifixion d’environ 6000 personnes; Néron fit crucifier plusieurs milliers de chrétiens de tous âges et, histoire d’apporter un peu de distraction, il faisait enduire leurs corps de résine, ce qui lui permettait de s’en servir comme flambeaux la nuit …
                    Pour tous ceux qui avaient eu l’occasion d’assister à ce supplice, la croix représentait un objet d’horreur, ce qui a duré plusieurs siècles, jusqu’à l’interdiction de la crucifixion par Constantin vers 320. C’est probablement cela qui explique l’extrême rareté des crucifix dans les premiers siècles ; il faut attendre le 5° siècle pour voir des crucifix, et encore représentent-ils Jésus habillé " posé " sur une croix ; ce n’est qu’à partir du moyen-âge que sont apparus les crucifix tels que nous les connaissons aujourd’hui.
                    Tous les condamnés portaient leur "croix" jusqu’au lieu du supplice ; en réalité ils ne portaient la plupart du temps que la pièce transversale de la croix, celle sur laquelle leurs mains allaient être clouées, pièce de bois qui s’appelait patibulum et qui a donné en français le mot patibulaire (‘qui mérite de porter une croix’). Ce patibulum était fixé sur un pieu vertical fiché en terre et qu ‘on appelait stipes. Le mot crux désignait au début un simple pieu planté en terre et petit à petit son sens a dévié sur celui du stipes, puis a désigné l’ensemble du bois servant à la crucifixion. Les condamnés portaient le patibulum en travers des épaules, les avant-bras attachés au bois par des cordes. Le poids moyen d’un patibulum pouvait atteindre environ 20 à 30 kilos, charge proprement écrasante pour un condamné qui venait déjà de subir une flagellation.
                    Les images relevées sur le Suaire sont très directement reliées au portement du patibulum :
                    L’épaule droite, dans sa partie externe, montre un rectangle d’environ 10 x 9 cm, oblique en bas et en dedans, sur lequel on trouve une accumulation d’excoriations superposées aux plaies de la flagellation. Un corps lourd et rugueux a pesé à cet endroit ; on retrouve ces mêmes images à la partie antérieure, sur la ligne claviculaire.
                    La pointe de l’omoplate gauche porte les mêmes marques.
                    Le genou droit semble plus contus que le gauche et porte de nombreuses excoriations de forme et de grandeur diverses, ainsi que 2 plaies arrondies d’environ 2 cm de diamètre à sa face supéro-externe.
                    Le genou gauche est moins abîmé, mais porte plus de traces de flagellation.
                    Toutes ces blessures ont probablement été produites par le port du patibulum sur l’épaule droite, appuyant sur l’omoplate gauche et aggravées par des chutes : chute d’abord sur le genou droit, puis la poutre retombe en arrière en frottant et écorchant l’épaule droite, la pointe de l’omoplate gauche. Il faut constater que les Évangiles rapportent le portement de la croix et que la tradition a perpétué le souvenir de 3 chutes sur le chemin du Calvaire.


La crucifixion elle-même            Retour au tableau de choix
                    Les bourreaux avaient un entraînement sérieux, on l’a bien compris à la lecture effarante du nombre élevé de crucifixions pratiquées du temps des romains ; la crucifixion était donc une action bien codifiée, réalisée rapidement et efficacement. Une fois arrivé au lieu du supplice, on déshabillait le condamné, on l’étendait en travers du patibulum, on enclouait une main, on tirait un peu sur l’autre que l’on enclouait ensuite, puis on faisait lever le condamné, on le dirigeait vers son stipes, on hissait le patibulum sur le stipes, on faisait plier les genoux du condamné et on enclouait les pieds sur le stipes. Le tout ne prenait que quelques courtes minutes à une équipe bien entraînée.
                    Quelles traces relève-t-on sur le Suaire aux endroits présumés de la crucifixion ?
Plaie située sur l'avant-bras droit, au niveau du poignet, vu par sa face dorsale, et montrant le trou laissé par le passage du clou ayant servi à la crucifixion (en rouge sur le schéma de droite) et l'écoulement sanguin en direction du coude selon deux axes principaux séparés d'une vingtaine de degrés (en jaune sur le schéma de droite).  (8405 octets)Sur cette image ont été figurés : en rouge la trace du clou et en jaune les traces des écoulements de sang. L'image située à gauche est un agrandissement de cette partie ; les teintes et les contrastes ont été artificiellement renforcés pour améliorer la vision des détails.  (3366 octets)Schéma anatomique du poignet droit, face dorsale, montrant la sortie du canal de Destot (matérialisée par un rond rose).   (6552 octets)Radiographies réalisées par le Docteur Pierre Barbet, après avoir introduit, de deux coups de marteau, un clou de 8 mm de diamètre dans le poignet d'un cadavre, à travers l'espace de Destot.  (6949 octets)
(d'après Pierre Barbet)

                    Le poignet gauche (le droit est caché par la main gauche) porte la marque d’une plaie (point rouge); elle n’est pas située en pleine paume, comme on a l’habitude de la voir sur les crucifix habituels , mais en plein carpe; ceci a intrigué Barbet qui a procédé à des essais de crucifixion de cadavres. S’il plantait le clou dans la paume de la main, le clou déchirait les muscles, ligaments et aponévroses de la main qui cédaient sous le poids et le crucifié tombait. Pour pallier cet inconvénient, il fallait planter le clou dans un espace solide, pouvant résister aux énormes tractions provoquées par la crucifixion (compte tenu de l’angle que faisaient les bras, la force qui s’exerçait sur chaque poignet d’un condamné équivalait à son poids environ et non à la moitié de son poids, comme on pourrait s’y attendre). En fait, il existe un espace anatomique, situé en plein poignet, connu sous le nom d’espace de Destot (au centre du cercle rose sur le schéma du squelette), répondant parfaitement aux besoins de la crucifixion (Radiographie d'un clou planté dans l'espace de Destot par le Dr Willis). La blessure relevée sur le Suaire correspond exactement à cet espace. C’est donc là qu’un bourreau connaissant son travail plantait infailliblement – et facilement - un clou qui fixait correctement le supplicié à son bois. De cette plaie partent deux traînées de sang (en jaune) qui se dirigent vers le coude, preuve que la main était située au-dessus du coude.
                    Un détail a échappé à l’attention générale pendant des siècles : sur les mains du crucifié, on ne voit pas les pouces, mais seulement les 4 doigts de la main ; d’ailleurs, les artistes qui peignaient des représentations du Suaire avaient l’habitude de rajouter les pouces sur leurs toiles. Ce qui passait pour une omission correspond hélas à une torture supplémentaire pour le crucifié, comme l’a vérifié Barbet : au moment où le clou traverse l’espace de Destot, il provoque une lésion – mais non une section - du nerf médian dans sa partie motrice, provoquant l’abduction forcée du pouce vers la paume de la main ; malheureusement, il ne provoque pas de lésion de la partie sensitive du nerf, ce qui fait que pendant toute la période de son agonie sur la croix, le supplicié ressentait dans chaque main, poignet et avant-bras une douleur fulgurante névralgique, comparable à la douleur ressentie par la roulette du dentiste sur la pulpe dentaire ; ceux d’entre nous qui ont connu les soins dentaires avant la généralisation des anesthésies locales voient très bien de quoi je veux parler. On peut aussi comparer cette douleur à celle d’une sciatique. Chaque mouvement que faisait le condamné réveillait cette douleur fulgurante ; et des mouvements, il était bien obligé d’en faire, comme on va le voir.
                    Il a fallu attendre Barbet et ses expériences pour que le traumatisme du nerf médian fût connu. A lui seul, ce détail suffirait pour affirmer sans risque de se tromper que le Suaire est authentique et a renfermé le corps d’un supplicié par crucifixion.
Coupe anatomique d'une main droite montrant les paquets vasculo-nerveux. L'orifice du canal de Destot est matérialisée par un point bleu. La solidité de ce point d'enclouage tenait à ce qu'il exploitait un espace naturel entre 3 os sans avoir à les briser, et à ce que le clou prenait appui sur le solide ligament annulaire antérieur du carpe.   (20745 octets)
Le nerf médian est représenté en jaune et passe en plein milieu du poignet; l'espace de Destot se trouve juste à la limite de la dissection, à l'endroit marqué d'un rond bleu
X
                    Sur la face postérieure des avant-bras (celle que l’on voit sur le Suaire), on distingue facilement des traces de sang cheminant du poignet vers le coude ; régulièrement ces traces se séparent en 2 coulées qui descendent verticalement (si on replace les bras dans la position qu’ils avaient sur la croix) ; ceci indique que le condamné était parfois suspendu de tout son poids à ses poignets et que parfois il prenait appui sur les pieds pour se relever un peu ; en effet, ainsi qu’on va le voir plus loin, la mort sur la croix se faisait par asphyxie et, tant qu’il en avait la force, le condamné cherchait à respirer en prenant appui sur ses pieds ; malheureusement, chaque mouvement pour échapper à l’étouffement déclenchait l’horrible douleur névralgique dans les nerfs médians lésés.Sur ce dessin de la vue postérieure d'un crucifié, on distingue nettement les écoulements sanguins et les plaies des poignets. Notez que le bras gauche est vu par sa face dorsale, tout comme vous le voyez sur le Suaire lorsque vous regardez les bras croisés sur le pubis ; en effet, dans cette position, ce sont les faces dorsales des avant-bras qui sont visibles. Ce dessin montre bien le mécanisme de formation des coulées sanguines divergeant d'une vingtaine de degrés selon la position plus ou moins relevée du crucifié.  (5269 octets)
Angles que prenaient les bras au cours de l'agonie sur une croix    (D'après Wilson).

                    Examen des pieds : ils sont croisés, le gauche devant le droit ; ils sont en hyperextension : ils ont donc été fixés à plat sur le stipes de la croix. On voit nettement une plaie dans la face plantaire du pied droit, correspondant à la marque de sortie du clou ayant servi pour fixer les pieds. Cet espace, situé dans la partie postérieure du 2° espace métatarsien porte le nom du médecin qui l’a particulièrement étudié : le Docteur Mérat.


Causes de la mort sur la croix           Retour au tableau de choix
                    Il y a des causes indirectes : l’importante perte de vitalité résultant de la flagellation et des hémorragies qu’elle entraînait, le manque d’alimentation et de boisson qui entraînait rapidement une déshydratation avec son cortège de fatigue majeure, maux de tête, soif intense …
                    Mais il y a surtout une cause directe : l’asphyxie. Celle-ci est due à deux causes principales :
                    Un blocage mécanique de la cage thoracique par la position bras étendus et surélevés, blocage accentué par le poids du corps tirant sur les bras.
                    Une paralysie respiratoire due aux crampes des muscles respiratoires : diaphragme en premier lieu, mais aussi pectoraux, sterno-cléido-mastoïdiens, intercostaux. La paralysie de ces muscles entraînait une dilatation de la cage thoracique avec projection en avant du sternum et creusement de l’épigastre, refoulement des viscères vers le bas par le diaphragme entraînant un bombement de la partie basse de l’abdomen.
                    L’asphyxie entraîne elle-même une double conséquence : un appauvrissement du sang en oxygène et un enrichissement en gaz carbonique, avec pour conséquence une acidose, cause elle-même de transpiration profuse (aggravant la déshydratation) et de crampes musculaires. On remarque sur le Suaire des attitudes évocatrices de rigidité, comme nous l’avons déjà souligné : tête légèrement fléchie en avant, genoux légèrement ployés ; il faut savoir que la rigidité cadavérique débute environ 6 heures après la mort, devient maximale en 18 heures environ et cède au bout de 36 heures. Cependant, quand la personne est morte au cours d’un exercice physique intense et prolongé, la rigidité débute instantanément, comme l’attestent les constatations faites sur les champs de bataille : lorsque les combats furent extrêmement fatigants et durables, épuisants au sens vrai du terme, les soldats étaient pris de suite par la rigidité.
                    Vous me direz : comment connaît-on aussi bien les mécanismes de la mort sur la croix alors que la crucifixion n’est plus pratiquée depuis l’an 320 ? Hélas, nous avons 2 sources de renseignements : la première est constituée par les décès qui survenaient autrefois au cours des crises d’asthme aiguës, avant que nous ne disposions des médicaments actuels, la deuxième est faite de témoignages recueillis auprès de témoins qui ont assisté à des punitions au cours de la première guerre mondiale ou à des exécutions à Dachau, sinon sur une croix, du moins par pendaison par les mains. Je cite Barbet " on voit donc le patient, la poitrine distendue, présenter tous les symptômes de l’asphyxie. Sa figure rougit, se violace ; une sueur profuse coule de son visage et de toute la surface de son corps. Si l’on ne veut pas faire mourir le malheureux, il faut le dépendre ".
                    Le malheureux supplicié n’avait le choix qu’entre deux positions : il se laissait aller en mettant le poids de son corps sur les clous plantés dans ses poignets et il se mettait rapidement à asphyxier ; pour respirer un peu, il appuyait sur les clous de ses pieds et se relevait de quelques centimètres, ce qui lui permettait de reprendre un peu son souffle, mais au prix d’un effort intense et épuisant ; et, bien sûr, tout cela accompagné sans interruption de la douleur dans les nerfs médians, de crampes incessantes dans tous les muscles, de la douleur des coups reçus pendant la flagellation, de la soif intense … Quand on réfléchit à ce que pouvait être une crucifixion, on reste anéanti, nauséeux.
                    Parfois les bourreaux avaient pitié des suppliciés et leur brisaient les jambes à coups de barre de fer. Ceux-ci, ne pouvant plus prendre appui sur leurs jambes pour respirer, ne mettaient pas longtemps à mourir d’asphyxie. les Évangiles nous rapportent que c’est ce qui arriva aux deux larrons crucifiés en même temps que Jésus. Mais, nous disent encore les Évangiles, arrivés à Jésus les bourreaux le trouvèrent déjà mort, aussi, ils ne lui brisèrent pas les jambes mais lui donnèrent un coup de lance dans le côté et, ajoute saint Jean, qui était présent, " aussitôt il en sortit du sang et de l’eau ".
                    Nous avons vu toutes les marques de l’agonie par crucifixion sur le Suaire : la poitrine dilatée, les pectoraux contractés, le creux épigastrique enfoncé, le bas de l’abdomen dilaté ; nous avons vu aussi une plaie ovalaire de 4,5 x 1,5 cm à la partie droite du thorax.
Pour mieux appréhender la physiopathologie de la Passion, cliquer ici

Bien que Charles Villandre fût parfaitement conscient de la nudité de Jésus sur la croix, il n'a pas osé ne pas lui mettre un pagne... suivant en cela la tradition de tous les artistes qui l'avaient précédé.    (6398 octets)
Ce crucifix a été réalisé par le Docteur Charles Villandre, chirurgien à l'hôpital Saint Joseph à Paris, dont les compétences artistiques valaient les connaissances médicales. Il a sculpté cette oeuvre selon les recommandations du Docteur Pierre Barbet. 
Il représente aussi précisément que possible la réalité de la crucifixion 
de Jésus de Nazareth.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire