Divers - Définition simple | |
http://minuit.forum-actif.net/t2194-datation-au-carbone-14
Pour comprendre la Datation au Carbone 14
Nous lisons souvent que tel objet ancien a été daté grâce à la "datation au carbone 14". Ce petit article tente d'expliquer simplement le processus... Nous nous souvenons de nos cours de chimie, lorsque nous apprenions le poids d'un atome de carbone C=12. Pourtant, sur terre, par 1000 milliards d'atomes de carbone, il en existe 1 radioactif, c'est le fameux carbone 14. Il est formé d'une manière naturelle par bombardement cosmique et se retrouve dans les organismes vivants, absorbé par l'alimentation ou par photo-synthèse chez les plantes. Un atome sur 2 de carbone 14 est désintégré en moyenne en 5730 ans. C'est la "période" du carbone 14. Formation et désintégration sont à peu de choses près en équilibre et la proportion de carbone 14 reste constante sur terre. Mais à la mort d'un organisme vivant, son corps physique n'a plus d'apport de nouveau carbone 14 et donc seule la désintégration modifie la proportion de carbone 14. S'il y en a deux fois moins qu'à la mort, la mort date d'il y a 5730 ans, s'il y en a 4 fois moins, la mort date de 2 fois 5730 ans soit 11460 ans et ainsi de suite. Il reste donc à compter le carbone 14 résiduel pour fixer approximativement la date de la mort d'un organisme vivant. Cette mesure se fait en années "BP" (Before Présent = depuis la date actuelle). La technique consiste à ioniser les atomes de carbone, puis à les faire circuler afin de repérer leur présence par spectrométrie. Si le principe est relativement simple, en revanche, sa mise en application peut rapidement se compliquer et peut quelquefois être sujette à caution. |
Divers - Spectrométrie | |
La technique de Spectrométrie de Masse par Accélérateur pour la datation radiocarbone
La technique de Spectrométrie de Masse par Accélérateur pour la datation radiocarbone consiste à compter séparément les atomes de carbone 12 et les atomes de carbone 14 restant dans un échantillon que l'on veut dater. La spectrométrie de masse conventionnelle permet depuis longtemps de discriminer les isotopes d'un même atome en fonction de leur masse et de les compter dans des temps relativement courts. Cependant, la proportion de carbone 14 à mesurer est si faible qu'aucun détecteur ne s'est avéré suffisamment sensible. Dans les années quatre-vingt, le couplage d'un accélérateur de particules à un spectromètre de masse a permis de résoudre ce problème de détection. La très grande énergie conférée par l'accélérateur aux ions extraits de l'échantillon permet d'utiliser les détecteurs de particules ultra sensible de la physique nucléaire. On élimine également, de cette façon, les atomes de même masse que le carbone 14 qui par leur plus forte abondance gênent classiquement les mesures.
Les échantillons à dater sont généralement transformés en graphite puis disposés dans la source de l'appareil où ils sont bombardés par des ions (atomes électriquement chargés) césium afin de produire un faisceau d'ions négatifs constitués de 12C-, 13C-,14C-, 12CH2-, 13CH-, etc…Un premier aimant effectue alors une sélection des ions de masse 14. Ce faisceau, porté à très haute énergie grâce à la tension de plusieurs millions de volts régnant dans l'accélérateur, entre en collision avec des molécules gazeuses présentes au centre de la machine ; les ions complexes comme 13CH- ou 12CH2- sont cassés puis épluchés de quelques électrons. Après avoir subi une nouvelle accélération dans la 2 nde partie de l'accélérateur, le faisceau constitué majoritairement d'ions 12C3+, 13C3+ et 14C3+ est guidé vers un dispositif électromagnétique permettant une séparation fine des trois isotopes. Les ions 12C et 13C sont comptés par des instruments appelés cage de Faraday alors que les ions 14C pénètrent dans un détecteur plus élaboré qui en mesurant leur énergie et leur perte de vitesse réalise un véritable comptage des ions 14 C.
L'analyse d'un échantillon peut durer de quelques secondes à quelques minutes, cependant, selon la précision souhaitée pour la mesure on effectuera plusieurs cycles pour aboutir à un temps total de comptage d'environ une heure.
Grâce à leur grande sensibilité, les SMA ont conduit à réduire notablement les temps d'analyse par rapport aux méthodes de mesure de radioactivité, mais, c'est surtout la diminution considérable de la quantité d'échantillon nécessaire qui a été perçu par les utilisateurs comme un véritable progrès : 1 mg de carbone seulement au lieu de 1 g avec les méthodes conventionnelles.
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La datation de 1988 - Echantillon de datation | |
L'échantillon pour la datation au carbone 14
C'est en 1988 qu'un échantillon unique et prélevé à un seul endroit fût donné à 3 laboratoires pour une datation au carbone 14. Deux décénnies plus tard, on découvrit que cet échantillon n'est finalement pas représentatif du linceul entier. Tout est à refaire...
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Carbone 14 - LE CARBONE 14 FACE AU LINCEUL DE TURIN | |
http://ceshe.chez.com/travaux/datation/gastuche.htm
Mme M-C van Oosterwyck-Gastuche
Dans le numéro 54 de "Science et Foi" nous avions fait une brève recension du livre très beau et très documenté de Marie-Claire van Oosterwyck-Gastuche Le Radiocarbone face au Linceul de Turin et promis une interview plus complète de l'auteur sur la question de la valeur du radiocarbone comme chronomètre. La voici et nous espérons qu'elle incitera sans doute les lecteurs à lire son livre pour approfondir cette question. Nous en rappelons le prix et l'éditeur: 200FF chez F.X. de Guibert, 3 rue J.F. Gerbillon, 75006, Paris. ( : 0142221307.
Voici nos questions, auxquelles l’auteur a bien voulu répondre :
1) Comment avez-vous été amenée à remettre en question les datations radioactives, d'abord en ce qui concerne la préhistoire et ensuite en ce qui concerne le Linceul de Turin?
Réponse: " C'est tout simplement en consultant les publications spécialisées telles que "Radiocarbon", "Archaeo-metry" ou les compte-rendus des congrès. On y découvre une abondance de dates chaotiques sans rapport avec les âges officiels indiqués dans les chronologies historiques ou préhistoriques.
On trouve aussi bien des dates très anciennes pour des matériaux actuels, tels ces restes de poissons de l'Antarctique vivants ou récemment tués, datés de 600 à 4000 ans B.P. ("Before Present"-avant l'époque actuelle ; la date charnière étant 1950, date des premières expériences de Libby, l’inventeur de la méthode), des bois du Moyen-Age datés de 2450 ans B.P. que des dates récentes pour des matériaux anciens, tel ce charbon du Magdalénien, d'âge officiel 17 000 ans B.P., qui n'a que 4730 ans B.P.
Les âges des objets historiques, dont la date est connue par les listes généalogiques varient de façon tout aussi fantaisiste. Certains sont trop vieux de milliers d'années, d'autres trop jeunes, d'autres encore ont des âges dans l'avenir. Les âges des tissus sont souvent trop jeunes. C'est le cas des cinq dates C14 du coton "Chimu" étudié par Burleigh, Leese et Tite en 1986 dans l'intercomparaison en test aveugle préliminaire à la datation du Linceul, qui étaient toutes trop jeunes par rapport à son âge historique (1200 de notre ère) la plus jeune datant du début du XXème siècle. Cet échantillon dont la distribution en C14 rappelle celle du Linceul a été écarté comme "aberrant" comme le sont d'ailleurs les échantillons dont les âges s'écartent des chronologies officielles. On ne trouve, par conséquent, dans les publications, que des âges préalablement triés.
Aussi, en entendant la déclaration péremptoire du Professeur Tite en 1988 à propos de l'infaillibilité de l'âge médiéval du Linceul de Turin, j'estimai qu'il induisait le monde entier en erreur. Je me demandai pourquoi personne ne lui faisait remarquer qu'il existait des dates aberrantes et que celle du Linceul en était très vraisemblablement une, mais je ne songeais pas à intervenir.
C'est le livre du Dr. Clercq et de D. Tassot Le Linceul de Turin face au C14 (Editions de l'OEIL, 1988) qui, en reprenant ma publication de 1984 "Sur le manque de fiabilité de la datation C14" parue dans "Les nouvelles du CESHE" sous mon pseudonyme d'alors - Michaël Winter - m'obligea à entrer en lice. Je fus invitée à parler à la table ronde radiocarbone avec les professeurs Tite et Evin, au premier symposium sur le Linceul de Turin à Paris en 1989. Tout est parti de là. "
2) Vous dites dans votre livre que c'est presque toujours la date connue qui décide de la datation radiocarbone. Pouvez-vous préciser?
Réponse: " Pas presque toujours, mais toujours. Ce que j'affirme peut sembler surprenant, aussi vais-je le justifier par un bref historique de la méthode. Lorsque W.F.Libby, physicochimiste de l'université de Berkeley, l'inventeur du chronomètre radiocarbone, mit sa méthode au point, il rechercha ses étalons dans la préhistoire - une science dont il ignorait les fondements. Il fut surpris de constater que celle-ci manquait d'étalons. Il disait, évoquant ses souvenirs: "Le premier choc que nous reçûmes, le Dr. Arnold et moi-même, fut d'apprendre par nos conseillers que l'histoire remontait à 5000 ans à peine. Nous avions cru au départ que nous pourrions obtenir des échantillons s'échelonnant sur quelque 30 000 ans, y placer nos points et terminer ainsi notre travail. On consulte des livres et on y découvre qu'Untel, ou telle société, a défini un site archéologique vieux de 20 000 ans. Nous apprîmes assez abruptement que ces âges n'étaient pas connus: en fait, la dernière date historiquement connue remonte à l'époque de la première dynastie égyptienne."
C'est pourquoi il va opérer systématiquement le tri des dates. Ne figureront dans les publications sur le radiocarbone que celles qui correspondent aux chronologies officielles, non seulement les dates historiques fondées sur les généalogies, mais aussi les dates préhistoriques dérivant des principes utopiques que l'on connaît.
Il énonce de plus les principes qui fondent son chronomètre mais qui s'avéreront erronés. Ce sont les suivants:
a) Le principe d'uniformité qui postule que la production du rayonnement cosmique responsable de la formation du radiocarbone dans la haute atmosphère est restée constante au cours des 40 000 dernières années, durée qui correspond à la période de validité de la méthode. Or on sait maintenant que le rayonnement cosmique a varié.
b) Le principe de simultanéité qui postule que le radiocarbone ainsi formé se répartit immédiatement et uniformément dans l'atmosphère, les eaux, les formations géologiques et finalement dans les végétaux et les animaux vivant à cette époque. Ainsi, au temps initial marqué pour Libby à son chronomètre - 1950 - tous les organismes vivants contiennent la quantité de C14 présente dans l'atmosphère, c'est-à-dire 100%. La mort du vivant enclenche une désintégration et la mise en route de l'horloge radioactive
La découverte de Libby connue sous le nom de révolution radiocarbone allait permettre de dater pour la première fois des événements de la préhistoire et de la paléoclimatologie s'étendant sur quelque 40 000 ans. Libby exprima les dates de son calendrier en âges B.P. qu'il subdivisa en outre en âges B.C. (Before Christ) avant notre ère et A.D. (Anno Domini), après le Christ.
Ses premiers résultats semblèrent excellents: en effet, les âges C14 déterminés sur des objets d'anciennes civilisations pharaoniques, les manuscrits de la mer Morte ou les anneaux de croissance d'arbres très anciens confirmaient les âges archéologiques connus par ailleurs. Libby et ses élèves déterminèrent également les chronométries préhistoriques et paléoclimatiques qui confirmaient celles qui avaient été déterminées par les préhistoriens du siècle dernier à partir des critères subjectifs que l'on sait selon lesquels on serait passé lentement du singe à l'homme par un processus d'autogénération par le travail. Le monde scientifique exulta et lui décerna le prix Nobel sans voir que ses données avaient été préalablement triées.
Les choses se gâtèrent assez vite. La deuxième révolution radiocarbone, ignorée des média, eut lieu vers 1975. Contrairement aux affirmations de son auteur, la méthode, loin de s'appliquer à tous les matériaux carbonés, ne délivrait des âges fiables que dans des cas exceptionnels. On mit en évidence des "mauvais matériaux" qui donnaient des âges surprenants et ne s'intégraient en aucune façon dans les chronologies officielles historiques ou préhistoriques. La liste en était longue: niveaux tourbeux, paléosols, ossements, cendrées, lits carbonatés, coquilles diverses. Bien plus tard, l'âge radiocarbone des peintures pariétales des grottes ornées fut suspecté à son tour car il était influencé par des solutions pauvres en radiocarbone et par des attaques microbiennes. Or ces éléments avaient tous servi à élaborer des chronologies officielles de la paléoclimatologie et de la préhistoire. Qui plus est, même les matériaux les plus fiables tels que le bois, le charbon de bois, les grains de pollen et le collagène délivraient eux aussi de mauvais âges. Avec les nouveaux appareils permettant de doser de petites prises, il était fréquent de mesurer des âges C14 différents pour les os d'un même squelette, les graines d'un même gisement et les retailles d'un même tissu. Or tel était le cas des retailles du Linceul dont les âges étaient également hétérogènes.
A mesure que le temps passait, on découvrait non seulement que les matériaux manquaient de fiabilité, mais aussi que les principes fondant la méthode de Libby étaient erronés: La production du C14 dans la haute atmosphère n'avait pas été constante au cours du temps. Celui-ci ne s'était pas répandu de façon uniforme dans l'air, les eaux ou les organismes. Le transport du radiocarbone dans les solutions se révéla une importante cause d'erreur que Libby avait tout simplement ignorée. Du reste, les processus de distribution du radiocarbone se révélaient infiniment plus complexes que ne l'avait cru Libby. L'influence de la température et des radiations avait été mise en évidence dans de nombreux travaux, de même que la spécificité de sa distribution dans chaque espèce vivante. Il est impossible de tout citer ici, il faut lire le livre.
Instruits de ces difficultés, les spécialistes se refusèrent aux révisions nécessaires qui eussent provoqué l'effondrement de leurs acquis et terni la renommée du chronomètre. C'est pourquoi ils préservèrent les chronologies officielles et procédèrent au tri des résultats. Il faut souligner que les seuls âges fiables ont été obtenus dans des milieux secs, bien protégés des agressions diverses et des attaques microbiennes.
La troisième révolution radiocarbone, qui eut lieu après le congrès de Trondheim en 1985 ne fut pas non plus médiatisée. Le chroniqueur de la revue Antiquity, Ch. Chippindale, qui l'annonçait, faisait remarquer que trois révolutions en quarante ans c'était beaucoup pour une méthode présentée comme absolue par Libby et qu'elle aboutissait à dénier toute fiabilité aux âges C14.
On comprend maintenant que les dates C14 ne sont pas à l'origine des chronologies préhistoriques, mais que c'est l'inverse: ces chronologies déterminent les âges officiels et président au tri des dates incohérentes. On comprend aussi pourquoi, étant donné l'incohérence des résultats obtenus en "test aveugle" lors de l'intercomparaison préliminaire à la datation du Linceul de Turin (Burleigh, Leese et Tite, 1986), le Professeur Tite avait exigé qu'on fasse connaître d'avance les âges des témoins aux spécialistes A.M.S. et qu'on les autorise à voir le Linceul afin qu'ils puissent le reconnaître plus tard à son tissage caractéristique... "
3) En ce qui concerne le Linceul de Turin dont l'authenticité est prouvée par les travaux du STURP et la Tradition constante de l'Eglise, comment pensez-vous qu'on doive interpréter la datation radiocarbone?
Réponse: Elle a été fabriquée par les ennemis de l'Eglise. Les A.M.S. n'ont pas mesuré de date médiévale, celle-ci a été fabriquée de façon très astucieuse. C'est à cela qu'a servi le calcul statistique extrêmement complexe - et incompréhensible pour la plupart. Seuls les statisticiens ont pu en suivre les arcanes. Ils ont tous déclaré l'âge médiéval dépourvu de fondement scientifique. On consultera avec fruit l'étude magistrale du Dr. Jouvenroux sur le sujet qui se trouve dans mon livre.
4) Compte tenu de ce qui vient d'être dit, pensez-vous qu'on puisse encore valablement considérer la radioactivité comme un chronomètre?
Réponse: Non. En fait le chronomètre de Libby est fondé sur des présuppositions idéologiques étrangères à la méthode scientifique proprement dite. La méthode radiocarbone a, en effet, toutes les caractéristiques diagnostiquées par Jean-François Revel dans son livre "La connaissance inutile" (Grasset, 1988) pour les idéologies à consonance scientifique: "Mélange indissoluble de faits partiels, sélectionnés pour les besoins de la cause (les tris orientés) et jugements de valeur passionnels" (les appréciations péjoratives des carbonistes sur le Linceul, le Christ, l'Eglise et les scientifiques défendant l'authenticité de la Relique). Revel disait encore de cette idéologie qu'elle "était utilisée comme arme de combat destinée à la domination d'une classe", et que "la vérité scientifique et la vérité tout court étaient le cadet de leurs soucis." On ne peut mieux dire. Elle a servi à dénigrer l'Eglise.
5) Si l'on admet la date de la Création donnée par les généalogies bibliques admises par les chronologistes et encore par Bossuet et Crombette de 4000 ans avant Jésus-Christ, beaucoup de datations radiocarbones sont largement erronées. Qu'en pensez-vous?
Réponse: Il faut d'abord se souvenir que la géologie moderne est fondée sur l'"actualisme" ou "théorie tranquille" de Lyell, qui nie l'existence d'un Déluge universel, alors que la Bible y consacre un chapitre de la Genèse. Pour Lyell, l'histoire résulte d'événements produits de façon lente, uniforme et progressive, "de la Bactérie à l'Homme", alors que la Bible parle de Création, de Chute et de châtiments (l'inondation universelle notamment). Ce discours que tient la science actuelle est à l'opposé du discours biblique. Le premier implique l'existence de très longues durées, de millions ou de milliards d'années, nécessaires au lent perfectionnement des espèces. Le second se réfère à l’apparition d’espèces primitivement parfaites, mais blessées par le péché, au cours d’une chronologie courte.
L'intérêt de mon livre est de montrer entre autres l'incapacité du C14 à dater les événements de la préhistoire et donc les dernières étapes du fameux "processus d'émergence" de l'homme à partir de l'animal dans le cadre des longues durées de l'actualisme. En fait, les dates extrêmes C14 qu'on peut contrôler ne remontent pas en deçà de 3000 ans avant Jésus-Christ (début des généalogies égyptiennes, des comptages d'anneaux de croissance des arbres). Si l'on interprète les événements en fonction de l'historicité du Déluge, on doit probablement prendre en compte la chute de l'anneau aqueux dont la teneur en C14 était sans doute très faible. Le prouveraient les taux infimes en C14 des carbonates des grottes et ceux des eaux de nappes. Rappelons que l'eau actuelle de Plombières est datée de 40000 ans B.P. Les stalactites actuelles sont vieilles de milliers d'années C14. De plus, les eaux de nappes ont une composition isotopique très particulière qui reflète sans doute celle de l'anneau aqueux. Il existe des études sur ce sujet. Il semble normal que les restes des hommes préhistoriques soient affectés par des solutions pauvres en C14 et artificiellement vieillies.
Pour en revenir à la date de la Création de -4000 et de celle du Déluge de -2347, mon étude qui montre essentiellement le manque de fiabilité du C14 comme chronomètre ne peut rien affirmer. Il faut en revenir aux généalogies, qui diffèrent d'une version de la Bible à l'autre, comme vous le savez, mais dans un intervalle de -3000 à -7000 ans pour la Création, pas plus. C'est pourquoi les centaines de milliers ou les millions d'années sont certainement faux. Pour expliquer les différences dans les âges, certains auteurs américains, et non des moindres, pensent que "fils de" dans les généalogies pourrait simplement se référer à un ancêtre célèbre comme "Jésus-Christ, Fils de David". "
En conclusion, Marie-Claire van Oosterwyck-Gastuche a écrit son livre de façon simple, accessible à tous. Elle prouve de façon magistrale un point d'une importance capitale dans l'affrontement du Linceul de Turin avec la méthode radiocarbone: celui-ci est le grand perdant. Le Linceul est authentique, la Tradition véridique et notre civilisation vit sur de faux principes qu'elle fait passer pour des acquis scientifiques. Ce livre est important, il mérite d'être lu et largement diffusé.
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La datation de 1988 - 1-Thibault Heimburger | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
CARBONE 14 (1) : LA DATATION DE 1988
Effectuée en 1988, elle fut publiée dans la très sérieuse revue scientifique « NATURE » le 16 février 1989, et fit l’effet d’une bombe et relayée immédiatement sur tous les médias du monde : le Suaire était un faux moyenâgeux, sans discussion possible.
Cependant quelques scientifiques, persuadés de l’authenticité du Suaire ne s’avouèrent pas vaincus et continuèrent les recherches d’une part sur la validité des résultats du C14 et d’autre part sur le suaire lui-même en approfondissant les résultats des études précédentes et en faisant de nouvelles découvertes.
LA METHODE GENERALE DE DATATION AU CARBONE 14 ET L’ARRIERE PLAN DU DEBAT :
Je n’expliquerai pas ici en quoi consiste cette méthode et je vous renvoie vers un excellent site parfaitement clair.
De façon générale cette méthode est unanimement considérée comme très utile à la datation de tout objet à laquelle elle est applicable. De nombreux obstacles ont du être surmontés au cours de l’histoire de cette technique ayant permis à celle-ci d’arriver à maturité. Cependant la question de la contamination du matériel à dater par du matériel plus récent, faussant donc le résultat, reste, de l’avis même des spécialistes, la question cruciale.
Avant d’étudier la fameuse datation et la controverse, je voudrai attirer votre attention sur l’article de Meacham paru avant cette datation, en 1986, car il me semble prémonitoire de ce qui allait arriver.
Voici, en quelques mots, les éléments essentiels de cet article :
-« La mesure radiocarbone du suaire est un problème complexe et la contribution d’experts de disciplines variées est très importante.
- Pour la plupart des échantillons datés par le C14, l’histoire est bien connue ou reconstituée et les substances ayant pu affecter le contenu en carbone peuvent habituellement être identifiées. Pour le Suaire, il existe une histoire de 600 ans dans un grand nombre d’environnements différents et une possible histoire de 1300 ans pendant lesquels l’objet a pu être en contact avec virtuellement n’importe quelle substance naturelle ou artificielle.
- (...) le choix du site du prélèvement sur la relique doit être gouvernée par la question de possibles contaminations et la nécessité de mesurer des échantillons typiques et atypiques. (...)un programme détaillé de prétraitement et d’analyse doit être conduit avant la mesure des échantillons. Enfin, le résultat doit être annoncé au grand public en présentant les possibilités de contamination et les autres incertitudes inhérentes à la méthode de datation par le radiocarbone. »
Nous verrons que la non application de ces conditions est une des causes principales de la polémique autour de la datation au C14.
LA DATATION DE 1988 :
Nous présentons ci-dessous un résumé de la traduction des principaux passages de l’article paru dans la revue « Nature » le 16 février 1989 et que vous trouverez dans son intégralité en anglais ( voir SOURCES ).
Voici l’introduction : « De très petits échantillons du Suaire de Turin ont été datés par spectrométrie de masse après accélération dans des laboratoires d’Arizona, Oxford et Zurich. Comme contrôle 3 échantillons dont les âges avaient été déterminés indépendamment ont aussi été datés. Les résultats apportent la preuve que le lin du Suaire de Turin est médiéval ».
Après quelques considérations sur l’histoire connue du Suaire, les tests préalables de faisabilité et l’élaboration des procédures, les auteurs écrivent :
- concernant le prélèvement des échantillons :
« Le Suaire fut séparé du tissu de soutien ( la toile de Hollande, NdT ) dans son coin supérieur gauche et une bande (d’environ 10 mm sur 70 mm) fut coupée juste au dessus de l’endroit où un échantillon avait été précédemment prélevé en 1973 pour examen. La bande provenait d’un site unique du corps principal du Suaire, loin de tout rajout (patch) ou partie brûlée. Trois échantillons d’environ 50 mg furent préparés à partir de cette bande. »
Le document explique ensuite comment chaque représentant des 3 laboratoires a reçu, dans des containers scellés un des 3 échantillons du Suaire ainsi que des échantillons de contrôle.
Ces 3 échantillons de contrôle, étaient : 1) un tissu de lin provenant de Nubie et daté par des méthodes historiques du 11ème-12ème siècle après J.C ; 2) un tissu de lin associé à une momie égyptienne daté par radiocarbone de 110 avant JC à 75 après JC ; 3) des fils provenant de la cape de St Louis d’Anjou datés historiquement de 1290-1310 après JC.
Contrairement au protocole initial la procédure de double aveugle n’a pas été appliquée et les raisons invoquées par les auteurs sont les suivantes : il était facile pour les laboratoires de distinguer l’échantillon du Suaire des autres, et si les échantillons avaient été auparavant mis en lambeaux pour éviter cette reconnaissance les procédures de prétraitement auraient été beaucoup plus difficiles.
- concernant les procédures de prétraitement :
« Puisque le degré de contamination par des souillures, de la fumée et d’autres contaminants des échantillons de lin était inconnu, les trois laboratoires subdivisèrent les échantillons et les soumirent à plusieurs procédures différentes de nettoyage mécanique et chimique.
Tous les laboratoires ont examiné les échantillons de textile au microscope pour identifier et enlever tout matériel étranger. Le groupe d’Oxford nettoya les échantillons à l’aide d’une pipette à vide puis dans un éther de pétrole pour enlever les graisses et la cire de bougie par exemple. Zurich utilisa un bain d’ultrasons pour ce prétraitement. Après ces procédures initiales de nettoyage chaque laboratoire coupa les échantillons pour traitement ultérieur. »
Suit ensuite la procédure détaillée de traitement de « décontamination » utilisée par chaque laboratoire pour chacun des sous-échantillons. Sans entrer dans le détail ces méthodes utilisent essentiellement et successivement des solutions acides et alcalines.
- concernant les méthodes de mesure :
Après la décontamination, chaque sous-échantillon est converti en graphite à partir duquel les mesures sont effectuées. Chaque laboratoire a mis en œuvre de 3 à 5 mesures indépendantes pour chaque sous-échantillon sur une période d’environ 1 mois. Les résultats furent adressés au British Museum pour analyse statistique.
- Résultats :
Les résultats sont synthétisés dans le tableau ci-dessous.
Notez que les dates ne représentent pas l’âge calendaire habituel mais des dates « Before Present », c'est-à-dire des valeurs en années calibrées soustraites de 1950 (le « Present » par convention) : on ne peut pas en déduire directement l'âge réel mais il faut pour cela utiliser une courbe de l'évolution au cours du temps historique de la teneur en C14 dans l'atmosphère.
Chaque date représente une combinaison unique des différentes mesures appliquées à chaque sous-échantillon.
RESUME DES MOYENNES DES DATES RADIOCARBONE (AGE B.P.) ET ESTIMATION DE L’ECART ENTRE LABORATOIRES
Le niveau de significativité est la probabilité que la différence des dates moyennes entre les laboratoires soit due au seules marges d'erreurs statistiques des mesures de chaque laboratoire.
« A première vue il apparaît que l’accord entre les 3 laboratoires pour les échantillons 2, 3 et 4 ( les échantillons de contrôle, NdT ), est exceptionnellement bon. La dispersion des mesures de l’échantillon 1 (le Suaire, NdT ) est quelque peu supérieure à ce que l’on pouvait attendre à partir des incertitudes rapportées. Pour établir si la différence entre les moyennes des 3 laboratoires pouvait être en rapport avec les marges d’erreur rapportées (c'est-à-dire l’incertitude statistique autour des moyennes de chaque laboratoire, NdT ), un test du Khi2 fut appliqué à chaque échantillon suivant la procédure recommandée par Ward et Wilson. Le résultat de ce test (soit 6.4 = 5 %, NdT ), donné dans la table, montre qu’il est peu probable, pour l’échantillon 1, que les marges d’erreur rapportées expliquent totalement la dispersion globale.»
En d'autres termes, il n'y a que 5% de chances pour que les différences entre laboratoires s'expliquent uniquement par les fluctuations statistiques.
- Conclusion :
Les auteurs font ensuite les calculs qui permettent d’arriver à la conclusion que « le lin du Suaire peut être daté entre 1260 et 1390 (arrondi à ± 10 ans) avec un intervalle de confiance de 95%. Ces résultats apportent la preuve définitive que le lin du Suaire de Turin est médiéval.
Les résultats des mesures par le radiocarbone des 3 laboratoires sur 4 échantillons, un total de 12 séries de données, montre qu’aucune des mesures ne diffère de la moyenne appropriée de plus de 2 déviations standard. Les résultats des 3 échantillons contrôle sont en accord avec les précédentes mesures par le radiocarbone et/ou les données historiques. »
LA METHODE UTILISEE EST FIABLE :
L’article de Jacques Evin, spécialiste reconnu du radiocarbone, montre que les résultats peuvent être considérés comme fiables :
1) La mesure a été soigneusement préparée :
- On a attendu que la méthode par spectrométrie de masse de mesure du radiocarbone soit très sûre avant de l’utiliser sur le Suaire
- On a préféré donner des échantillons entiers aux laboratoires de mesure plutôt que des fibres pour permettre une purification plus efficace
- On a mesuré dans les mêmes conditions 3 échantillons de contrôle, ce qui est un « luxe » de précaution inhabituel.
2) La mesure de la teneur en radiocarbone a été très soigneusement effectuée.
3) La teneur en Radiocarbone est significative d’un âge c'est-à-dire qu’elle remplit les 4 conditions permettant la transformation des mesures brutes en âge calendaire, à savoir :
- Une formation normale de la matière carbonée : le rapport des isotopes du carbone C13/C14, dans le cas du linceul est parfaitement conforme à ce qui a toujours été mesuré : « on est donc certain que la formation de ces quatre tissus n’a eu aucune anomalie et que leur teneur originelle en C14 est directement en rapport à celle de l’atmosphère de l’époque de formation. »
- Une teneur originelle en C14 connue : ces teneurs sont parfaitement connues pour le XIIIème-XIVème siècle, comme pour le premier siècle.
- Une variation du C14 uniquement par la radioactivité.
- Une élimination totale des pollutions carbonées :
« Enfin, et c’est le point le plus important à souligner car c’est la source possible de beaucoup d’erreurs en datation, il faut que le carbone dont on a mesuré la teneur en C14 résiduelle soit uniquement du carbone présent à l’origine dans le matériel daté. Tout carbone arrivé ultérieurement, c'est-à-dire un carbone dit « de pollution » doit avoir été éliminé avant la mesure ».
Pour l’auteur toutes les procédures d’élimination des pollutions carbonées adaptées au nettoyage des tissus ont été employées.
J.Evin ajoute même que :
« Par surcroît de précaution ils ont même effectué plusieurs mesures de teneur en radiocarbone avant, pendant et après ces opérations de purification afin de détecter la présence d'une pollution (...) les dates obtenues sur toutes les fractions mesurées sont toutes identiques, ce qui n'aurait pas été le cas si on avait la présence de carbone de plusieurs origines. C'est ce type de considération qui, aux yeux des spécialistes, est l'argument le plus fort pour la fiabilité des résultats. »
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La datation de 1988 - 2-Thibault Heimburger | |
CARBONE 14 (2) : LES ANOMALIES STATISTIQUES
Les résultats de la datation au Carbone 14, donnant une origine médiévale (1260-1390) au Suaire donnèrent lieu à une véritable tempête dans le monde de la sindonologie (étude du Suaire).
Parmi les réactions, certaines aboutirent à mettre en doute soit la méthode elle-même en général, soit, et c’est plus grave, la probité scientifiques des auteurs des mesures effectuées.
Nous ne nous attarderons pas là-dessus.
D’autres se sont attachés à remettre en question les méthodes de prélèvement, en particulier le non respect du protocole initial, l’absence de double-aveugle et d’autres problèmes méthodologiques complexes qui sont souvent réels. Ils en déduisirent, sans aller plus loin, que le résultat obtenu n’était pas recevable.
Les premières critiques réellement scientifiques portèrent sur des anomalies relevées dans le traitement statistique des données des 3 laboratoires ayant effectué les mesures radiocarbone.
LES CRITIQUES SUR LES INTERPRETATIONS DES STATISTIQUES :
Deux auteurs se sont attachés, partant du principe que les dates radiocarbone fournies dans Nature étaient exactes, à refaire les calculs statistiques.
1) Rémi Van Haelst, chimiste, reprend les données de Nature et selon ses propres calculs trouve des moyennes et des écarts-type différents de ceux donnés en Table 2 de Nature. Puis, appliquant, à partir de ses propres chiffres les tests statistiques il déduit que le degré de significativité n’est pas de 5% comme annoncé par Nature mais de 1.3%.
Si le chiffre de 5% donné par Nature est déjà considéré par beaucoup comme traduisant très probablement une différence réelle entre l'âge moyen donné par les 3 laboratoires, le chiffre de 1,3% ne laisse évidemment plus aucune place au doute.
Conclusion de l'auteur : " La probabilité d'obtenir, par le seul hasard, une dispersion des résultats ( les différences entre les moyennes des 3 laboratoires, NdT ) comme celle qui est observée est seulement de 13 pour mille. Du fait que nous supposons que les dates radiocarbone mesurées sont correctes, nous devons en conclure que chaque petit échantillon, pris à la même place, n'a pas la même radioactivité et n'est pas représentatif du Suaire. »
2) Walsh s’intéresse, lui, à une autre anomalie décelable à partir de la Table 1 de Nature, à savoir que les écarts-type des mesures de l’Arizona sont d’environ les 5/8 èmes des écarts-type des 2 autres laboratoires. Un test statistique lui permet d’en déduire que la probabilité que les échantillons proviennent de « populations différentes » est de plus de 97%.
Reprenant ensuite non pas les écart-type mais les moyennes il confirme ce que l’on pouvait déjà déduire de Nature, mais avec un autre test que le Khi2, à savoir que la probabilité que les dates moyennes des 3 laboratoires soient différentes est de 95% et que ce sont bien les résultats d’Oxford qui sont différents des 2 autres.
Sa conclusion est que : « Puisque les échantillons utilisés dont proviennent ces dates sont tirés du même échantillon parent et que les laboratoires ont pris de grandes précautions dans leur mesures, ou bien la combinaison des pré-traitements a d'une façon ou d'une autre affecté le niveau résiduel de radiocarbone - une possibilité non soutenue par une analyse statistique des différentes modalités de traitement et peu probable du fait que de tels effets ne sont pas retrouvés sur les échantillons contrôle - ou bien le radiocarbone lui-même n'est pas uniformément distribué sur l'échantillon.(...) la raison de ce fait ne pourra apparaître tant que ne sera pas examiné l'endroit du Suaire d'où a été extrait l'échantillon. »
DISCUSSION :
D’après l’article de Nature lui-même, la probabilité que les différences des dates moyennes entre les 3 laboratoires soit dues au seul hasard statistique est de 5% ce qui, tout le monde le reconnaît, est extrêmement « limite » pour valider le résultat moyen global et la fourchette d’âge donnée.
Cependant, l’objectif de la datation de 88 n’était pas réellement de donner un âge mais de savoir si le linceul était médiéval ou non.
Robert E.M Hedges du laboratoire d’Oxford qui a participé à la datation le reconnaît (cf. Walsh) : « En prenant seulement les résultats du Suaire, il existe effectivement une différence statistiquement significative entre les résultats d’Oxford et les 2 autres laboratoires ( ceci est probablement du à une sous estimation de 5 à 10 ans de la marge d’erreur des laboratoires ) ; dans tous les cas, dans le contexte de savoir si l’erreur sur le Suaire pouvait se compter en siècles, la différence est négligeable . »
Les 2 auteurs étudiés ci-dessus, au contraire, se sont interrogés sur la signification réelle des divergences observées entre les laboratoires, en s’appuyant sur des calculs statistiques complémentaires. Leurs résultats, à partir de méthodes différentes, sont convergents pour affirmer que la différence observée ne résulte pas du hasard ou d’approximations mais bien d’une réelle inhomogénéité de l’échantillon.
Que pouvons nous en déduire logiquement, en essayant de concilier les 2 approches qui sont chacune légitimes dans leur visée propre ?
1) L’âge de l’échantillon daté par le radiocarbone est bien médiéval, aussi bien globalement que pour chacun des sous-échantillons y compris Oxford.
2) L’âge du sous-échantillon Oxford, bien que médiéval, est statistiquement différent de celui des 2 autres sous-échantillons
3) Il est très probable que cette différence statistique reflète une différence réelle.
4) Si, sur une si petite distance (quelques cms), il existe une réelle (bien que minime) différence d'âge on peut légitimement se demander ce qu'il en est du suaire en entier : le suaire n'est-il pas bien plus complexe, dans sa composition matérielle, qu'on le pensait initialement ?
5) D'où peut provenir cette différence ?
Souvenons-nous que ce qui a été mesuré est l'âge moyen de sous-échantillons formés chacun de centaines de fibres. La mesure n'a pas porté sur les fibres individuelles. Dès lors on peut envisager 2 hypothèses :
- soit on aurait fabriqué le suaire au Moyen-age puis rajouté quelques années après un complément de tissu, donc plus jeune, ce qui paraît évidemment absurde
- soit, beaucoup plus probablement, les échantillons seraient constitués d'un mélange de fibres d'âge différents ( éventuellement très différents ) : la différence observée entre les échantillons s'expliquerait alors par la différence du nombre relatif des fibres d'âge différent.
CONCLUSION :
L’ensemble de ces données milite fortement en faveur de l’inhomogénéité en Carbone 14 de la zone du Suaire ayant servi aux prélèvements.
Après cette constatation nous allons nous intéresser à la representativité de la zone de prélèvement par rapport à l’ensemble du Suaire
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La datation de 1988 - 3-Thibault Heimburger | |||||||||||||||||||||||||
CARBONE 14 (3) : ANOMALIES PHYSICO-CHIMIQUES DE L'ECHANTILLON
Comme nous venons de le voir, il existe de fortes présomptions d’inhomogénéité de l’échantillon daté en 1988 par le radiocarbone et donc des doutes sur sa représentativité.
Autrement dit, l’échantillon de 1988 est-il vraiment, totalement ou en partie, le lin original du Suaire ?
Pour bien comprendre la suite il est nécessaire d'avoir en tête le schéma de la zone où ont été effectués les prélèvements :
DONNEES :
1) LES PHOTOGRAPHIES DE LA ZONE DE PRELEVEMENTS :
Lors du grand projet de recherche du STURP de 1978, des centaines de photographies de toute la surface du linceul ont été prises dans tout le spectre de rayonnement.
En reprenant, après 1988, les photographies de 1978 centrées sur la zone où sera découpé en 1988 l'échantillon daté au radiocarbone, de surprenantes constatations ont été faites :
DONNEES :
1) LES PHOTOGRAPHIES DE LA ZONE DE PRELEVEMENTS :
Lors du grand projet de recherche du STURP de 1978, des centaines de photographies de toute la surface du linceul ont été prises dans tout le spectre de rayonnement.
En reprenant, après 1988, les photographies de 1978 centrées sur la zone où sera découpé en 1988 l'échantillon daté au radiocarbone, de surprenantes constatations ont été faites :
a) FLUORESCENCE UV (Voir Photo ci-dessus) : la zone des futurs échantillons est plus sombre que celle du suaire "normal" : elle n’est pas fluorescente alors que le fond du suaire l’est légèrement. Ceci traduit non pas la couleur de l'image elle-même, ni une brûlure, mais une réelle différence de composition chimique.
b) LA PHOTOGRAPHIE SOUS LUMIERE TRANSMISE A 3200°K (Voir Photo ci-dessus) montre une différence dans l'agencement des bandes claires et sombres ainsi que des arrêts ou des modifications d'intensité de certaines bandes verticales au dessus et au dessous de la bande sombre horizontale qui rejoint le pli courbe. Globalement l’aspect de la « texture » dans la zone supérieure claire est différent de celui de la zone inférieure sombre.
Cette observation est en faveur de l’hypothèse que du matériel étranger a été rajouté ou mêlé aux fils originaux du suaire.
c) LA RADIOGRAPHIE X montre que certaines bandes ne s'étendent pas de la partie principale jusqu'à la zone des échantillons C14. De même la structure en bande du tissu normal ne se retrouve pas, d’après l’auteur, identique dans la zone des futurs prélèvements.
2) LE COTON :
En 1973, le Professeur Raes fut autorisé à prélever un échantillon du suaire (« échantillon Raes » dans la suite du texte).
Comme nous l'avons vu (page Lin et Tissu), cet échantillon était constitué de 2 parties adjacentes, de part et d'autre de la couture qui s'étend le long d'un des grands côtés du suaire.
Il remarqua la présence de nombreuses fibres de coton, facilement reconnaissables et identifia l'espèce Gossypium herbaceum, originaire du Moyen-Orient, mais uniquement dans son échantillon appartenent au corps principal et pas dans la bande latérale.
Dans les années 80, Rogers étudia des fils de cet échantillon en sa possession, ainsi que ceux recueillis en 1978 sur de nombreux endroits différents du suaire. On avait alors utilisé des bandes adhésives spéciales, non contaminantes, permettant de recueillir des fibres et du matériel de surface.
Rogers confirma d'abord la découverte de Raes (sans pouvoir affirmer l'espèce du coton) : de nombreuses fibres de coton, facilement reconnaissables, sont intimement entremêlées aux fibres de lin (ce n’est pas une contamination de surface) mais la nouveauté était que ce coton ne se retrouvait quasiment que sur l’échantillon Raes et nulle part ailleurs sur le suaire, sauf à l'état de traces en surface (pouvant provenir des gants de coton utilisés pour les manipulations du suaire en 1978).
Cette découverte de Rogers a été confirmée (dans un courriel d'août 2005) par Paul Maloney qui eut aussi l'occasion d'étudier au microscope les échantillons de surface prélevés en 1973 par Max Frei pour ses études des pollens.
II est intéressant de noter que le coton ne fut introduit en Europe que dans les années 1350.
3) LA LIGNINE :
Il s'agit d'un composant naturel de toutes les plantes, retrouvé dans le lin sous forme de points foncés aux noeuds de croissance des fibres
Le blanchiment des fibres au cours des premières phases de la fabrication du tissu (voir : Le lin et le tissu) aboutit à enlever une partie de la lignine et d’autres impuretés.
Une évaluation semi-quantitative a été faite sur la quantité de lignine présente sur l’échantillon Raes, sur la toile de Hollande médiévale soutenant le suaire sur toute sa surface, sur les fibres de surface prélevées en 1978 en différents endroits du suaire, enfin sur des tissus de lin modernes.
Rogers a pu constater que:
- sur la toile de Hollande, l’échantillon Raes et les tissus modernes la quantité de lignine est faible et relativement homogène.
- inversement la quantité de lignine est plus importante sur le suaire et sa distribution ne se fait pas au hasard.
Le suaire est en effet constitué de bandes dont la couleur varie légèrement : plus ou moins claires ou sombres.Ceci est vrai pour les fils de chaîne comme pour les fils de trame.
L’hypothèse la plus probable pour expliquer cet aspect est liée au mode de fabrication du tissu, si on admet un âge ancien pour le suaire.
En effet, depuis l’antiquité et jusqu’à la fin du 13ème siècle, les écheveaux de lin étaient blanchis séparément et avant de tisser l'ensemble. Suivant la force du blanchiment il restait plus ou mois de lignine et le vêtement final avait cet aspect « en bandes ».
Depuis le 14ème siècle, sauf exception, c'est le vêtement entier qui est blanchi une fois tissé, d'où un taux de lignine plus faible et une couleur beaucoup plus homogènes.
C'est exactement la différence que l'on retrouve entre le suaire d'une part (aspect en bande, taux de lignine variable en fonction de sa localisation dans un prélèvement sur une bande claire ou foncée) et l’échantillon Raes, la toile de Hollande et les tissus modernes d'autre part (pas d’aspect en bande, homogénéité des taux de lignine).
Une fois encore, l’échantillon Raes, qui jouxte la zone de prélèvement C14 apparaît différent du reste du suaire.
On notera en passant que l'explication des bandes visibles sur le suaire pas le procédé antique de fabrication est, en soi, un argument pour un âge ancien du suaire.
4) LA VANILLINE :
La vanilline (4-hydroxy-2-méthoxybenzaldéhyde) est un produit de dégradation naturel de la lignine.
Les facteurs affectant le taux résiduel de vanilline sont nombreux, dont l'âge, la chaleur, l'humidité etc.
Plus le tissu est ancien, plus le taux baisse, toute chose égale par ailleurs.
Des tests microchimiques très sensibles ont montré la présence de taux détectables de vanilline dans l’échantillon Raes (comme c’est souvent le cas pour des tissus médiévaux), mais son absence partout ailleurs sur le Suaire(comme pour les échantillons antiques).
Ceci est un argument pour un âge ancien du suaire, beaucoup plus ancien que le Raes.
5) LES FIBRES DE L’ECHANTILLON RAES SONT RECOUVERTES D'UNE SUBSTANCE UNIQUE :
Rogers a récemment découvert que les fibres de l’échantillon Raes contenaient des « incrustations » qui ne se retrouvaient nulle part ailleurs sur le suaire.
Ces incrustations jaune-brun ressemblent à un matériel gélatineux et se retrouvent davantage sur les fibres de coton.
Ce matériel se comporte comme un gel avec effet de capillarité et coloration de l’intérieur de la fibre (medulla).
Il est soluble dans l’eau mais pas dans les solvants non polaires.
Seules les fibres superficielles sont colorées alors que les fibres plus en profondeur dans le fil le sont beaucoup moins.
Ces observations laissent penser que la substance a été appliquée en surface pour homogénéiser les couleurs et ainsi rendre invisible du matériel rajouté.
Les fibres de coton, beaucoup plus chargées en colorant que les fibres de lin, ont probablement été rajoutées pour une plus grande efficacité de la coloration.Ces procédés était courant au Moyen-Age.
Les analyses chimiques ont montré que l'essentiel de la couleur provenait d'un pigment (alizarine-purpurine), extrait de racines de garance, qui n'apparut en France qu’au 16ème siècle.
Le mordant (composé métallique permettant un meilleur accrochage du pigment au support) serait composé d'oxyde d'aluminium hydraté, dont Adler avait, indépendamment, trouvé un niveau élevé dans la zone des échantillons C14 par analyse aux rayons X.
Quant au liant ce serait une gomme végétale, probablement la gomme arabique.
Toutes ces données sont issues de tests chimiques fiables, multiples et convergents.
Rogers a aussi trouvé dans le Raes un fil résultant de l'épissure bout à bout de fibres manifestement d'origines différentes.
Finalement Rogers conclut : « J’ai découvert que l’échantillon radiocarbone était recouvert par une gomme végétale (probablement la gomme arabique), un liant d’oxyde d’aluminium hydraté (l’aluminium trouvé par Adler), et de la teinture extraite de racines de garance (alizarine et purpurine). Rien d’identique ne se retrouve en quelque autre endroit du suaire ».
Notons tout de suite qu'un tel colorant, présent dans les échantillons C14, serait totalement détruit par les procédures de nettoyage et purification des échantillons avant datation au C14 ; il ne peut donc en aucun cas intervenir pour modifier l'âge donné par le C14.
En revanche sa présence, uniquement dans cette zone et nulle part ailleurs sur le linceul, montre encore une fois la particularité du Raes adjacent au prélèvement pour le radiocarbone.
Récemment, dans un article de 2004, Rogers a confirmé cette découverte grâce à l’utilisation d’une technique physique particulièrement sensible ( la spectrométrie de masse par pyrolyse ) sur 6 échantillons obtenus de différents endroits sur le suaire dont un échantillon extrait de l’échantillon Raes.
Cette technique consiste à chauffer progressivement les échantillons de façon contrôlée et à recueillir les produits de cette pyrolyse à chaque niveau de température. L’analyse par spectrométrie de masse permet de connaître, pour une température donnée, les molécules produites à cette température, leur quantité et leur évolution en fonction de la température.
La découverte de l’auteur est que l’échantillon Raes est unique car il est le seul à montrer les caractéristiques de la présence de pentose, sucre composant majeur des gommes végétales.
Rogers conclut : « les données de la spectrométrie de masse par pyrolyse confirment l’identification d’une couche de gomme végétale sur les fils de l’échantillon Raes ».
DISCUSSION :
Nous nous trouvons donc devant un faisceau convergent de données scientifiques dues à Rogers (qui est une des rares personnes en possession d’échantillons) et jusqu’ici apparemment non contestables ou contestées.
Les méthodes scientifiques utilisées sont très différentes mais aboutissent toutes à la même conclusion : la zone d’où ont été extraits les échantillons datés au carbone 14 et/ou l'échantillon Raes adjacent sont différents du reste du suaire.
CONCLUSION :
- L’échantillon Raës, prélevé en 1973, présente des propriétés uniques (présence de coton, couche superficielle de teinture, homogénéité et faible quantité de lignine, détection de vanilline) qui s’opposent point par point à celles du reste du suaire (quasi-absence de coton, pas de peinture ou colorant comme nous le verrons plus tard, inhomogénéité de la lignine, absence de vanilline détectable).
- De plus ces données indiquent pour le Raes un âge plus récent que le reste du linceul et montrent des indices de réparations postérieures au 15ème siècle.
A l’inverse la présence d’un aspect en bandes du reste du suaire est en faveur d’une méthode de fabrication ancienne, habituellement antérieure au 14ème siècle.
- Concernant la zone où a été découpé l’échantillon servant à la datation par radiocarbone en 1988, adjacente à l’échantillon Raes, elle présente des particularités physico-chimiques qui la différencient aussi du reste du suaire (fluorescence UV etc.).
Il est donc possible, voire probable, que les 2 zones (échantillon Raes et échantillons radiocarbone), proches de quelques cms, partagent les mêmes propriétés et nous pouvons conclure :
1) l’échantillon utilisé pour la datation au carbone 14 est non représentatif de l’ensemble du suaire (quasi-certitude)
2) il aurait fait l’objet de réparations (ou « patches ») à une date tardive (forte probabilité).
En toute logique nous allons maintenant nous intéresser à la théorie de la réparation ou du « patch » selon 3 axes : cette théorie permet-elle d’expliquer les données accumulées jusqu’à présent, pourrait-elle expliquer l’âge radiocarbone (Moyen-Age), est-elle techniquement concevable au Moyen-Age ?
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La datation de 1988 - 4-Thibault Heimburger | |
CARBONE 14 (4) : L'HYPOTHESE DU PATCH MEDIEVAL
Nous venons de montrer que la zone datée en 1988 par le radiocarbone n’était probablement pas représentative du reste du suaire et qu’il existait une possibilité qu’elle ait subi des réparations importantes, probablement au Moyen-Age.
Deux auteurs, Joseph G. Marino et M. Sue Benford se sont attachés à en faire la démonstration dans 3 publications.
Leur théorie se résume ainsi : « (…), le suaire a été littéralement « patché » avec du matériel médiéval du 16ème siècle, dans l’échantillon C14 lui-même, expliquant ainsi les résultats médiévaux de la datation au C14. » (Pour mémoire : années 1260-1390)
DONNEES ET HYPOTHESE :
1) Hypothèse :
Un patch du 16ème siècle aurait été adroitement tissé en continuité avec le tissu original du 1er siècle à des fins de réparation d'une zone endommagée et la datation au carbone 14 aurait mesuré le mélange des 2 : le patch et le tissu original.
2) Données à l’appui de cette hypothèse :
- Il existerait une relation étroite entre la localisation des échantillons et l’âge radiocarbone :
reprenant un article de Walsh, ils notent que celui-ci avait trouvé une relation linéaire entre la distance, par rapport au coin du tissu, de chacun des échantillons des 3 laboratoires et leurs résultats respectifs.
- anomalies sur les microphotographies :
Les auteurs signalent ensuite quelques anomalies dans la zone des prélèvements C14 illustrées par des photos. La plus notable de ces anomalies est l’existence d’une discrète couture adjacente à la zone supposée être le patch du 16èmesiècle.
- anomalies trouvées par des experts en textiles :
Les auteurs ont fait procéder à 3 examens « en aveugle » à 3 experts différents :
- Sur une photographie de l’échantillon Zurich, l’expert observe : « nous pouvons voir clairement le modèle de sergé des 2 côtés, mais il y a quelque chose de différent à gauche par rapport à la droite ».
- Sur 2 photographies de l’échantillon Zurich et de l’échantillon C14 non coupé, l’expert « reconnu immédiatement une disparité dans le modèle de tissage et des différences dans la taille des fils ». Selon l’expert : « il est évident qu’il y a du matériel différent de chaque côté. C’est définitivement un patch ».
- Enfin, sur une analyse de l’échantillon Zurich, le 3ème expert remarqua que « sur la partie droite le modèle était du type épais/fin, fin/épais, tandis que la partie gauche était beaucoup plus homogène ».
- Les travaux de Rogers (Voir chapitre précédent) qui démontrent le caractère atypique de l’échantillon adjacent étudié par Raës en 1973 et les anomalies spectroscopiques sur les photographies prises en 1978 de la zone qui sera retirée pour la datation de 1988 au radiocarbone. Selon les auteurs le patch du 16ème siècle inclurait aussi l’échantillon Raës.
- Les calculs de la quantité nécessaire de patch :
Sur la base des estimations visuelles des experts en textile (à partir des modifications dans la trame et la taille des fils), les auteurs font l'hypothèse que l'échantillon C14 était formé d'environ 60 % de fibres du 16 ème siècle (le "patch") et 40% de fibres supposées du 1er siècle.
Ils demandent alors à un expert de Beta-Analytic (la société produisant le plus grand nombre de dates radiocarbone au monde) de calculer les quantités respectives (en masse) de radiocarbone du 1er siècle et du 16ème siècle pour parvenir à une date moyenne de 1210 (moyenne d’Oxford).
Les résultats obtenus sont de : environ 67% de radiocarbone daté 1500 et 33% de radiocarbone daté de 75 après J.C, pour obtenir un âge moyen de 1210 après J.C.
Ceci est proche des 60/40 prévus d’après les estimations visuelles des experts cités plus haut.
- Possibilité d’un patch « invisible » au 16 ème siècle :
Enfin et surtout, les auteurs ont pu démontrer la faisabilité de la mise en place d’un « patch » au sein d’un autre tissu de façon telle que cette réparation soit quasi-invisible. De l’avis de plusieurs experts en histoire de la tapisserie, ces techniques, utilisées encore de nos jours, étaient connues et utilisées au 16ème siècle pour réparer des tapisseries de grande valeur. Les cours royales avaient des maîtres-tapissiers chargés de cette tâche. Les deux techniques utilisées étaient le « French Weave » et l’ « Inweaving ».
Dans le French Weave, utilisé pour des réparations de petite taille, des fils individuels étaient extraits de partie cachée du tissu, le motif du tissu à réparer était reproduit tout en refermant le trou.
L’Inweaving, utilisé pour des réparations de plus grande taille consistait à prendre un « patch » d’une partie invisible, à le placer sur la partie à réparer, et à mêler étroitement les fibres frangées du pourtour du patch aux fibres du tissu originel.
Dans les 2 cas les réparations, lorsqu’elles sont de qualité, sont invisibles.
Les auteurs citent de nombreux experts qui confirment l’utilisation au XVI ème siècle de ces techniques.
Conclusion des auteurs: « Une théorie acceptable expliquant la datation 1260-1390 doit expliquer la différence précise, angulaire, statistiquement déterminée des dates des 3 laboratoires en fonction de la localisation des échantillons. Les théories traditionnelles de radiation ionisante générale, d'effets thermiques ou de couche de matériel biologique sont incapables d'expliquer ces pré requis, puisqu'ils supposent que le suaire est tout entier médiéval. Notre théorie, qu'une portion significative de l'échantillon C14 est constituée d'un patch du 16ème siècle répond à ces pré requis pour expliquer les résultats obtenus par les laboratoires. »
DISCUSSION :
Des critiques ont été émises envers cette théorie mais il n’a pas été possible de remonter directement à leur source.
Cependant Benson et Marino reprennent eux-mêmes une partie de ces critiques dans leur 2ème article.
Les principales critiques sont :
- l’hypothèse présentée est essentiellement « subjective », non mesurable et indémontrable.
- l’hypothèse présentée suppose que les échantillons ont été combinés, homogénéisés pour les mesures radiocarbone alors qu’au contraire ils ont été découpés en sous-échantillon, chacun daté indépendamment.
- le prélèvement de 1988 a été fait sous contrôle d’experts en textile qui ont enlevé les parties douteuses et affirment que l’échantillon daté avait les mêmes caractéristiques que le reste du linceul.
De fait la théorie du patch, telle qu’elle est présentée par les auteurs n’emporte pas totalement la conviction :
1) la courbe présentée par Walsh montrant une relation entre la datation radiocarbone et la localisation de l’échantillon de chaque laboratoire est, de l’avis-même de Walsh, seulement indicative mais pas formelle : il aurait fallu beaucoup plus de données pour qu’elle soit une preuve irréfutable.
2) L’hypothèse présentée d'une relation entre la localisation d'un échantillon et son âge radiocarbone ne se comprendrait que s’il y avait eu homogénéisation des sous-échantillons de chaque échantillon des laboratoires, or ceci est faux : chaque laboratoire a reçu un échantillon qu’il a découpé en 3 ou 4 sous-échantillons, chacun daté séparément à plusieurs reprises.
En l’absence d’information sur la façon dont ont été découpés les sous-échantillons et leur localisation il est effectivement impossible d’en tirer une quelconque conclusion.
A cette critique les auteurs répondent que les techniques de réparation « invisible » utilisées impliquent un mélange des fibres du tissu originel supposé du 1er siècle et du patch supposé du 16ème siècle : le radiocarbone aurait alors mesuré ce mélange.
En voulant à tout prix voir une corrélation étroite entre l'angle de la courbe de Walsh et l'angle formé par la limite entre le tissu originel et ce qu'ils pensent être le patch du 15ème siècle, Benford et Marino fragilisent leur point de vue.
Si patch il y a, il semble beaucoup plus logique de considérer qu'il s'agit plutôt de réparations voire d'un re-tissage (reweaving) par insertion, fil à fil, de fils du 16ème siècle au sein des fils du tissu originel du linceul, supposé du 1er siècle dans cette hypothèse.
Maria Grazia Siliato, dans son livre cité dans les sources, explique : « Outre les réparations, de larges zones furent renforcées ou même reconstruites à l'aide d'une technique exigeant de la patience et une grande délicatesse, celle du " raccommodage à perte, invisible ", qui consiste en des fils que l'on insère entre ceux de la trame et de la chaîne, coupés à chaque extrémité, sans noeud, et qui se " perdent " dans le tissu existant. »
Si la proportion de chaque type de fil dans chaque échantillon est en gros la même, le résultat est homogène et correspond à la date donnée par le radiocarbone, quelle que soit la façon dont ont été découpés les sous-échantillons par les laboratoires.
Ceci n'interdit pas une légère différence statistiquement significative entre les laboratoires comme on l'a vu dans le chapitre 2, traduisant une légère différence entre les proportions des fils des deux origines.
3) En revanche il apparaît indéniable, au vu des affirmations présentées par les experts interrogés par les auteurs que des techniques de réparation « invisible » étaient connues et utilisées au 16ème siècle et qu’elles sont réellement invisibles, parfois même pour les experts en question. De telles réparations auraient-elles pu passer inaperçu des experts ayant supervisé le prélèvement de 1988 ? Cela n’est pas impossible.
CONCLUSION :
La théorie du patch médiéval, telle qu'elle est présentée et argumentée par Benford et Marino se heurte à des difficultés.
Ceci ne remet pas du tout en cause la possibilité d’une réparation dans la zone C14, compte tenu des nombreux autres arguments développés dans le chapitre précédent et qui la rendent très probable.
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