mardi 25 mars 2014

QUESTIONS/REPONSES


Articles divers - 5-Questions/Réponses
Articles divers - 5-Questions/Réponses
QUESTIONS/REPONSES

QUESTION : Est-il possible qu’une réparation invisible du 16ème siècle existe dans la zone datée en 1988 par le carbone 14 (zone radiocarbone) et soit passée inaperçue ?

REPONSE :

Les pré-requis pour comprendre cette Question / Réponse sont :
- les découvertes de Rogers sur les anomalies de l'échantillon radiocarbone

1) Le problème est le suivant :

Rogers a démontré sans doute possible que des échantillons extraits de la zone radiocarbone comme de la zone immédiatement adjacente (échantillon Raes) présentent des caractéristiques très différentes du reste du suaire et que ces caractéristiques orientent toutes vers l’hypothèse d’une réparation effectuée tardivement, peut-être au 16ème siècle (le mélange avec des fibres du tissu original, supposé beaucoup plus ancien pourrait alors expliquer la datation radiocarbone : 1260-1390).

Or, il se trouve qu’aucun des experts en textiles anciens n’a jamais pu observer la moindre trace d’une telle réparation.
En particulier, Mme le Dr. Flury-Lemberg, éminente spécialiste des tissus anciens et du suaire (pourtant persuadée de l’antiquité du suaire), a pu longuement examiner le suaire, face endroit et envers en 2002, lors de la restauration dont elle était chargée.

Voici ce qu’elle écrit : " Il n’y a aucun doute que le suaire ne contient aucun re-tissage  (reweaving). Le tissu est parsemé d’irrégularités apparues pendant le tissage qui peuvent être confondues avec un re-tissage. Mais elles sont normales pour les tissus très anciens.
Le re-tissage, au sens littéral, n’existe pas. Une fois la pièce terminée, le processus de tissage est terminé. Après cela, on peut seulement modifier la pièce avec des aiguilles et du fil. Un exemple serait un trou qui serait raccommodé en imitant la structure du tissage. Ce processus est toujours reconnaissable et dans tous les cas visible sur l’envers du tissu. " 

L’hypothèse de la réparation ou du patch médiéval a été évoquée pour la première fois par Benson et Marino.
Dans un de leurs articles, ils interrogent Robert Buden, expert en tapisseries, Président de la société Tapestries & Treasures qui produit, importe et exporte des tapisseries de haute qualité y compris des pièces du 16ème siècle. Cette société s'occupe en particulier de restaurations de tapisseries anciennes.

Question posée à Buden : la réparation (tissage) invisible existe-t-elle ?
Réponse : " (...) la technique est exactement la même (aujourd'hui) et en Europe il y a des siècles.
Supposons un trou dans une tapisserie qui nécessite une réparation. En premier lieu, les fondations de base et la chaîne doivent être mis en place.
Le tisserand identifie la matière des fibres constituant les fils de chaîne : laine, coton, lin ou leur mélange, puis se procure les mêmes fibres. Ensuite ces fibres sont filées ou entortillées (ensemble) sur elles-mêmes pour reproduire l'épaisseur des fils originaux. Puis, avec précaution, ces fils de fondation sont tissés sur place et espacés exactement comme dans l’original.
Le motif provient des fils de trame colorés. A nouveau, on détermine le contenu de ces fils. Un spécialiste des teintures mélange les couleurs et applique les teintures sur la trame pour qu'elle se fonde dans l'original.
Les fils de remplacement sont passés par dessus et par-dessous les fils de chaîne et mélangés avec les fils de trame originaux de façon à reconstruire la zone manquante. (...).
Une excellente réparation peut être considérée comme parfaite lorsque, que ce soit à la vue ou au toucher, vous ne pouvez pas détecter où elle commence et où elle finit. (...)
Existe t-il des réparations invisibles ? Oui, j'en ai vu, ou plutôt je ne les ai pas vues (!) sur plusieurs sortes de textiles."

Question : Les tisserands du 16 ème siècle possédaient-ils ces techniques ?
Réponse : Définitivement OUI. La réparation d'une sainte relique comme le suaire de Turin aurait-elle été confiée à un novice ou à un maître confirmé ? Certainement à ce dernier.
Le budget était-il un obstacle ? Certainement pas pour l'Eglise ou le noble propriétaire de la relique.

Un autre expert confirme, dans le même article : "les tisserands du 16 ème siècle étaient des magiciens" (Dr.T.Campbell, expert en tapisseries médiévales et Renaissance, The Metropolitan Museum of Art, dans un courriel adressé aux auteurs).

2) Que doit-on penser de ces opinions d’experts apparemment divergentes ?

- A lire les avis des 2 experts cités, on a l’impression qu’ils ne parlent pas exactement de la même chose : Flury-Lemberg semble parler de réparations ou de patch cousu à l’original à l’aiguille alors que la technique décrite par Buden semble très différente.
Manifestement, Flury-Lemberg fait allusion (elle le dit même explicitement) à l’hypothèse du patch (proposée par Benson et Marino dans un autre de leurs articles), qui aurait été cousu au tissu original. A l’appui de leur hypothèse ces auteurs présentent des photos et font état d’avis de spécialistes non nommés prétendant reconnaître des irrégularités à partir de photos. Ces arguments sont effectivement très douteux et je pense que si la technique utilisée avait été celle-là, Flury-Lemberg aurait raison, que les soi-disant preuves de réparations, sur photos, sont en fait des irrégularités normales et que la réparation aurait été détectée.

En revanche si la technique utilisée est très exactement celle décrite par Buden, que l’on peut appeler re-tissage invisible (apparemment sans couture), il me semble que le résultat doit effectivement pouvoir échapper à l’examen le plus minutieux, y compris, probablement, sur l’envers (mais ce dernier point reste à vérifier).
Quelques phrases trouvées sur ce site Internet vont dans ce sens :
"Il existe de nombreuses autres méthodes de réparation qui sont souvent décrites à tort comme invisibles : (…). "Patching", (…) et techniques de patchs tissés ont leur place (…) mais quand un travail de qualité est nécessaire, seul la réparation invisible ("proper invisible mending") proprement dite pourra être utilisée."
On pourra trouver ici des photos de réparations invisibles assez convaincantes.

- On ne peut qu’être frappé par la ressemblance entre les quelques éléments directs trouvés par Rogers en faveur d’une réparation et ce que dit Buden : la présence de la teinture ainsi que la découverte par Rogers d’une épissure bout à bout de 2 fils différents dans l’échantillon Raes (rappelons que Rogers ne disposait que de quelques fils).

- Enfin n’oublions pas que Flury-Lemberg n’a pu examiner en 2002 que les limites de la zone radiocarbone (évidemment enlevée en 1988) et que l’on ne peut pas exclure que la zone réparée ait été entièrement ou majoritairement enlevée en 1988.

3) En conclusion, je dirais que la possibilité d’une réparation réellement invisible, y compris aux experts actuels, est plausible à condition qu’ait été employée la technique décrite ci-dessus par Buden, technique parfaitement maîtrisée au 16 ème siècle et dont l’emploi pour l’inestimable relique que représentait le suaire est tout à fait possible.
Les quelques indices incontestables découverts par Rogers (sur le peu de matériel en sa possession) sont concordants avec l’emploi de cette technique et il n’existe pas, à ce jour d’autre hypothèse sérieuse expliquant l’ensemble de ses découvertes sur l’échantillon radiocarbone.

QUESTION : Est-il possible qu’une réparation invisible du 16ème siècle existe dans la zone datée en 1988 par le carbone 14 (zone radiocarbone) et soit passée inaperçue ?

REPONSE :

Les pré-requis pour comprendre cette Question / Réponse sont :
- les découvertes de Rogers sur les anomalies de l'échantillon radiocarbone

1) Le problème est le suivant :

Rogers a démontré sans doute possible que des échantillons extraits de la zone radiocarbone comme de la zone immédiatement adjacente (échantillon Raes) présentent des caractéristiques très différentes du reste du suaire et que ces caractéristiques orientent toutes vers l’hypothèse d’une réparation effectuée tardivement, peut-être au 16ème siècle (le mélange avec des fibres du tissu original, supposé beaucoup plus ancien pourrait alors expliquer la datation radiocarbone : 1260-1390).

Or, il se trouve qu’aucun des experts en textiles anciens n’a jamais pu observer la moindre trace d’une telle réparation.
En particulier, Mme le Dr. Flury-Lemberg, éminente spécialiste des tissus anciens et du suaire (pourtant persuadée de l’antiquité du suaire), a pu longuement examiner le suaire, face endroit et envers en 2002, lors de la restauration dont elle était chargée.

Voici ce qu’elle écrit : " Il n’y a aucun doute que le suaire ne contient aucun re-tissage  (reweaving). Le tissu est parsemé d’irrégularités apparues pendant le tissage qui peuvent être confondues avec un re-tissage. Mais elles sont normales pour les tissus très anciens.
Le re-tissage, au sens littéral, n’existe pas. Une fois la pièce terminée, le processus de tissage est terminé. Après cela, on peut seulement modifier la pièce avec des aiguilles et du fil. Un exemple serait un trou qui serait raccommodé en imitant la structure du tissage. Ce processus est toujours reconnaissable et dans tous les cas visible sur l’envers du tissu. " 

L’hypothèse de la réparation ou du patch médiéval a été évoquée pour la première fois par Benson et Marino.
Dans un de leurs articles, ils interrogent Robert Buden, expert en tapisseries, Président de la société Tapestries & Treasures qui produit, importe et exporte des tapisseries de haute qualité y compris des pièces du 16ème siècle. Cette société s'occupe en particulier de restaurations de tapisseries anciennes.

Question posée à Buden : la réparation (tissage) invisible existe-t-elle ?
Réponse : " (...) la technique est exactement la même (aujourd'hui) et en Europe il y a des siècles.
Supposons un trou dans une tapisserie qui nécessite une réparation. En premier lieu, les fondations de base et la chaîne doivent être mis en place.
Le tisserand identifie la matière des fibres constituant les fils de chaîne : laine, coton, lin ou leur mélange, puis se procure les mêmes fibres. Ensuite ces fibres sont filées ou entortillées (ensemble) sur elles-mêmes pour reproduire l'épaisseur des fils originaux. Puis, avec précaution, ces fils de fondation sont tissés sur place et espacés exactement comme dans l’original.
Le motif provient des fils de trame colorés. A nouveau, on détermine le contenu de ces fils. Un spécialiste des teintures mélange les couleurs et applique les teintures sur la trame pour qu'elle se fonde dans l'original.
Les fils de remplacement sont passés par dessus et par-dessous les fils de chaîne et mélangés avec les fils de trame originaux de façon à reconstruire la zone manquante. (...).
Une excellente réparation peut être considérée comme parfaite lorsque, que ce soit à la vue ou au toucher, vous ne pouvez pas détecter où elle commence et où elle finit. (...)
Existe t-il des réparations invisibles ? Oui, j'en ai vu, ou plutôt je ne les ai pas vues (!) sur plusieurs sortes de textiles."

Question : Les tisserands du 16 ème siècle possédaient-ils ces techniques ?
Réponse : Définitivement OUI. La réparation d'une sainte relique comme le suaire de Turin aurait-elle été confiée à un novice ou à un maître confirmé ? Certainement à ce dernier.
Le budget était-il un obstacle ? Certainement pas pour l'Eglise ou le noble propriétaire de la relique.

Un autre expert confirme, dans le même article : "les tisserands du 16 ème siècle étaient des magiciens" (Dr.T.Campbell, expert en tapisseries médiévales et Renaissance, The Metropolitan Museum of Art, dans un courriel adressé aux auteurs).

2) Que doit-on penser de ces opinions d’experts apparemment divergentes ?

- A lire les avis des 2 experts cités, on a l’impression qu’ils ne parlent pas exactement de la même chose : Flury-Lemberg semble parler de réparations ou de patch cousu à l’original à l’aiguille alors que la technique décrite par Buden semble très différente.
Manifestement, Flury-Lemberg fait allusion (elle le dit même explicitement) à l’hypothèse du patch (proposée par Benson et Marino dans un autre de leurs articles), qui aurait été cousu au tissu original. A l’appui de leur hypothèse ces auteurs présentent des photos et font état d’avis de spécialistes non nommés prétendant reconnaître des irrégularités à partir de photos. Ces arguments sont effectivement très douteux et je pense que si la technique utilisée avait été celle-là, Flury-Lemberg aurait raison, que les soi-disant preuves de réparations, sur photos, sont en fait des irrégularités normales et que la réparation aurait été détectée.

En revanche si la technique utilisée est très exactement celle décrite par Buden, que l’on peut appeler re-tissage invisible (apparemment sans couture), il me semble que le résultat doit effectivement pouvoir échapper à l’examen le plus minutieux, y compris, probablement, sur l’envers (mais ce dernier point reste à vérifier).
Quelques phrases trouvées sur ce site Internet vont dans ce sens :
"Il existe de nombreuses autres méthodes de réparation qui sont souvent décrites à tort comme invisibles : (…). "Patching", (…) et techniques de patchs tissés ont leur place (…) mais quand un travail de qualité est nécessaire, seul la réparation invisible ("proper invisible mending") proprement dite pourra être utilisée."
On pourra trouver ici des photos de réparations invisibles assez convaincantes.

- On ne peut qu’être frappé par la ressemblance entre les quelques éléments directs trouvés par Rogers en faveur d’une réparation et ce que dit Buden : la présence de la teinture ainsi que la découverte par Rogers d’une épissure bout à bout de 2 fils différents dans l’échantillon Raes (rappelons que Rogers ne disposait que de quelques fils).

- Enfin n’oublions pas que Flury-Lemberg n’a pu examiner en 2002 que les limites de la zone radiocarbone (évidemment enlevée en 1988) et que l’on ne peut pas exclure que la zone réparée ait été entièrement ou majoritairement enlevée en 1988.

3) En conclusion, je dirais que la possibilité d’une réparation réellement invisible, y compris aux experts actuels, est plausible à condition qu’ait été employée la technique décrite ci-dessus par Buden, technique parfaitement maîtrisée au 16 ème siècle et dont l’emploi pour l’inestimable relique que représentait le suaire est tout à fait possible.
Les quelques indices incontestables découverts par Rogers (sur le peu de matériel en sa possession) sont concordants avec l’emploi de cette technique et il n’existe pas, à ce jour d’autre hypothèse sérieuse expliquant l’ensemble de ses découvertes sur l’échantillon radiocarbone.

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